Un journal britannique dénonce le travail du sexe suisse
«En Suisse, payer pour du sexe est devenu aussi simple que de commander un Uber»

Le strip-tease de rue. Les sex-boxes. Le travail du sexe en Suisse fait la une des journaux au-delà des frontières nationales. En Grande-Bretagne, un reportage pointe du doigt la «face cachée» de la Confédération.
Publié: 07.02.2024 à 08:58 heures
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Des travailleuses du sexe à la Langstrasse de Zurich.
Photo: Thomas Meier
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Georg Nopper

La Suisse serait un haut lieu de l'achat de sexe et un enfer pour les prostituées. C'est le tableau sombre dressé par le journal «The Sun» sur le travail du sexe dans notre pays.

Dans un reportage en plusieurs parties, les Britanniques qualifient Zurich de «nouvelle capitale européenne du sexe». La prostitution y est décrite comme le «côté sombre» de la Suisse. Le pays serait même hanté par «des gangs cruels qui font passer les frontières à des femmes sans défense, les forçant à vendre leur corps».

Genève est comparé à Amsterdam

Le journal évoque également Genève. La situation y est comparée à celle d'Amsterdam, où des femmes en tenues légères s'offrent aux passants dans des vitrines. 

L'industrie du sexe en Suisse vaut plus que la production nationale de fromage, affirme l'auteur, qui conclut: «Bienvenue dans la Suisse libérale, où la prostitution est légale et où payer pour du sexe est devenu aussi simple que de commander un Uber.»

«Parfois, des pères venaient avec leurs fils»

La journaliste britannique s'est entretenue avec une ex-prostituée qui a trouvé une issue grâce à l'organisation Heartwings. «Mon âme mourait à nouveau chaque soir dans la rue.» Elle se souvient être allée dans des chambres avec des «types dégoûtants».

«Parfois, des pères venaient avec leurs fils. Certains étaient pervers, d'autres comme des animaux», se souvient-elle. Les entretiens avec les personnes concernées le montrent: beaucoup ne se sont pas retrouvées dans ce métier par choix.

«La plupart des femmes veulent arrêter de se prostituer»

Lorsque Blick s'est rendu il y a un an avec une travailleuse du sexe dans le milieu de la prostitution à Zurich, le ton était le même parmi les prostituées. Une femme avait déclaré: «La plupart des femmes veulent arrêter de se prostituer.»

Mais elles n'en auraient pas la force. La femme expliquait également comment elle avait glissé dans la prostitution: une connaissance dans son pays lui avait promis un emploi de rêve en Espagne. Une fois sur place, elle a été emmenée dans un immeuble avec des prostituées et a été forcée de travailler dans des clubs de sexe.

Payées à des prix dérisoires

«The Sun» décrit un cas similaire. Une femme raconte qu'elle aurait rencontré un homme qui conduisait des voitures de luxe. Il l'aurait invitée à des dîners coûteux. «Au bout d'un moment, il m'a dit que je devais accompagner des hommes pour gagner de l'argent, pour notre avenir commun. Je ne me rendais pas compte qu'il s'agissait de prostitution. Je voulais juste être avec lui.» Finalement, l'homme l'aurait emmenée dans une maison close. «D'autres femmes m'ont expliqué ce que je devais faire. Alors je l'ai fait.»

Comme l'explique une travailleuse de rue de Heartwings au journal, de nombreuses prostituées sont obligées de travailler 20 heures par jour, et ce à des prix ridicules. «Elles doivent rencontrer un grand nombre d'hommes chaque jour pour payer leur loyer, avant même d'avoir de l'argent pour manger ou rentrer chez elles.»

Cocaïne et speed pour faire face au quotidien

Souvent, les travailleuses du sexe sont obligées de prendre des drogues comme le speed et la cocaïne pour «faire face aux longues heures de travail et à la douleur du travail quotidien». Selon Heartwings, les prostituées paient entre 500 et 1000 francs par semaine pour louer les appartements sordides dans lesquels les trafiquants les logent.

Le reportage mentionne également le bannissement de la prostitution de rue légale de la Langstrasse et la mise en place des sex-boxes à Altstetten, où les prostituées doivent s'enregistrer. La sévérité de la répression a ouvert la voie à des gangs qui poursuivent des objectifs commerciaux illégaux: tous les quelques centaines de mètres, on peut voir à la Langstrasse «des proxénètes endurcis qui surveillent de près leurs filles».

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