C’est une affaire aussi surprenante que rare. Au cœur d’une enquête pénale ouverte en juillet 2021: une Vaudoise de 60 ans qui a ôté intentionnellement la vie à son chien après que celui-ci l’a mordu, relate le «Matin Dimanche».
Très concrètement, une juge d’Yverdon-les-Bains devra déterminer le 4 avril si l’étranglement mortel de cet american staffordshire terrier (amstaff) par sa détentrice, alors âgée de 58 ans, est pénalement répréhensible au vu des circonstances.
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C’est en tout cas l’avis de la procureure Claudia Correia, qui la poursuit pour infraction à la loi fédérale sur la protection des animaux, expliquent nos confrères. «La représentante du Parquet requiert une condamnation à une peine pécuniaire avec sursis, assortie d’une amende de 300 francs et du paiement des frais de justice.»
«Peur pour ma vie»
L’ancienne propriétaire de Tilleul, qui avait déjà détenu deux autres amstaffs et suivi les cours d’éducation canine requis pour la détention de cette race, estime pour sa part avoir agi dans son bon droit. «C’est choquant d’encourir une condamnation alors que je n’ai fait que me défendre, se désole-t-elle. J’ai clairement pensé que ma dernière heure était arrivée. Comme j’avais très peur pour ma vie et que je n’étais plus en mesure de fuir, je me suis battue avec mon chien — alors que j’adore les animaux, et les molosses en particulier…»
Dans les faits, la sexagénaire raconte que, le jour du drame, la lutte avec son animal de 30 kilos a duré près d’une demi-heure. Qu’est-ce qui a déclenché cet affrontement? Des… aboiements à l’extérieur de leur appartement nord-vaudois. «Ça l’a rendu fou, affirme-t-elle. J’ai baissé les stores, de crainte qu’il ne saute du 3e étage, et j’ai verrouillé la porte d’entrée, qu’il était capable d’ouvrir. Frustré de ne pas avoir pu sortir, il s’est jeté sur moi en grognant.»
La situation empire rapidement. «À un moment, je l’ai mordu pour qu’il me lâche: j’en ai perdu deux dents, qu’un policier m’a amenées ensuite à ma chambre d’hôpital.» Mais le molosse qu’elle aimait continue de la mordre au niveau des bras et de la tête. Sa maîtresse se résout donc à l’étrangler au moyen d’une écharpe qui était à sa portée, posée sur une chaise.
Pour serrer l’étreinte, elle utilisera en tourniquet le pied en métal d’une lampe du salon. «Je suis tellement triste d’en être arrivée là… Même si je sais que je n’ai fait que sauver ma vie», lâche-t-elle encore au dominical romand. La justice tranchera.