Les banquiers de Credit Suisse sont des têtes brûlées, alors que leurs homologues de l'UBS sont des bons élèves. Ou pas? Peu après l'annonce de la reprise de Credit Suisse, le président de l'UBS Colm Kelleher avait déclaré publiquement que tous les collaborateurs de la banque aux deux voiles devaient passer par un «filtre culturel» pour pouvoir continuer de travailler dans la nouvelle entité bancaire.
Colm Kelleher faisait alors allusion à la culture du risque problématique chez Credit Suisse, dont il voulait apparemment déshabituer les banquiers. Ces déclarations ont suscité l'inquiétude du personnel de la banque déchue. Beaucoup se sont sentis traités comme des collaborateurs de seconde classe et ont tremblé pour leur emploi.
Pas de «fossé culturel»
Le CEO de l'UBS Sergio Ermotti relativise désormais les déclarations de son président. «Je ne pense pas qu'il y ait en soi un fossé culturel entre les deux entreprises, a-t-il déclaré lors d'une conférence organisée par Bloomberg à Singapour. Nous nous sommes livrés à une concurrence féroce, mais fondamentalement, plus ou moins avec le même modèle d'entreprise.»
Malgré son ton conciliant, Sergio Ermotti n'a pas laissé de doutes sur qui tient les rênes de la fusion bancaire: «Si nous discutons trop longtemps de la manière dont nous faisons des affaires, cela ne retardera pas seulement l'intégration, mais conduira aussi potentiellement à des conflits.»
Plus de licenciements, car trop de démissions
Ce n'est probablement pas un hasard si Sergio Ermotti fait ressurgir les différences culturelles aujourd'hui – plus de six mois après les déclarations controversées de Colm Kelleher. Avec la publication des résultats trimestriels de ces derniers jours, l'UBS a annoncé qu'elle avait jusqu'à présent dépensé 500 millions de dollars en primes de maintien. Il s'agit de généreux cadeaux destinés à maintenir les collaborateurs dans l'entreprise.
La banque connaît effectivement une saignée sans précédent. «Pour l'instant, on ne licencie plus personne, car trop de gens démissionnent», a récemment déclaré un cadre à Blick. Ceux qui le peuvent quittent le navire en perdition – par exemple pour rejoindre des banques privées, des banques cantonales ou le secteur des assurances.
La fusion accapare tout le temps de Sergio Ermotti
Pour l'UBS, cela devient de plus en plus problématique. Afin de mener à bien l'intégration de Credit Suisse, la banque aux trois clés a besoin de mobiliser toutes les forces à disposition.
Cela vaut aussi pour le patron lui-même: deux tiers de son temps sont consacrés à l'intégration de Credit Suisse, selon Sergio Ermotti. Seul le tiers restant lui permet d'assurer la direction de la banque et les affaires quotidiennes.