Un soleil radieux brille sur la façade de l'UBS – malgré une perte trimestrielle de près de 800 millions de dollars. Le directeur général de la banque, Sergio Ermotti, se montre satisfait de ce qui a été accompli jusqu'à présent: «Nous regardons l'avenir avec confiance, car nous construisons une UBS encore plus forte et encore plus sûre, dont toutes les parties prenantes importantes peuvent être fières.»
«Il se passe beaucoup de choses à l'UBS»
Mais dans les couloirs de l'UBS, le climat n'est pas au beau fixe. Surtout lorsqu'on parle avec les anciens employés de Credit Suisse, qui ont désormais passé le premier trimestre complet sous le toit de la nouvelle UBS. «Il se passe beaucoup de choses à l'UBS. Dans la salle des machines de la banque, une grande incertitude règne pour certaines personnes», explique Michael Klien, analyste à la Banque cantonale de Zurich.
Les personnes aux échelons hiérarchiques inférieurs sont les premières concernées. Elles savent pertinemment qu'il n'y aura pas de place pour tous les employés dans la nouvelle UBS. Mais cela concerne aussi des cadres confirmés, qui doivent soudain faire face à des supérieurs qui ont moins d'expérience qu'eux – et qui le reconnaissent ouvertement, comme en témoigne un cadre supérieur de Credit Suisse.
Beaucoup démissionnent d'eux-mêmes
Ce qui fait particulièrement mal, c'est que les nominations ont parfois lieu sans que personne n'ait cherché à discuter avec l'ancien titulaire du poste. Cette situation pèse sur les anciens employés de Credit Suisse. D'autant plus que beaucoup n'ont pas pardonné au président de l'UBS Colm Kellerher d'avoir imposé le passage par le «filtre culturel» aux employés de Credit Suisse qui voulaient rejoindre la nouvelle UBS.
Et pour cause: une «culture du risque toxique» a effectivement régné pendant des années au Credit Suisse. Cette ambiance malsaine aurait contribué à la chute de la banque. La direction de l'UBS n'a toutefois pas été très habile en faisant peser un soupçon généralisé sur tous les collaborateurs de Credit Suisse à cet égard.
Cette déclaration à elle seule a incité des collaborateurs de Credit Suisse à démissionner d'eux-mêmes, notamment parce qu'ils ne voulaient pas participer à la chute de cette banque traditionnelle autrefois si fière. Parmi ceux qui avaient un autre emploi en vue, ils sont nombreux à avoir déjà quitté Credit Suisse.
L'UBS a-t-elle encore le contrôle?
La vague de départs est désormais si importante qu'elle pourrait devenir dangereuse pour la poursuite des activités de la filiale Credit Suisse de l'UBS: «Pour l'instant, on ne licencie plus personne, car trop de gens démissionnent», explique un cadre de l'entreprise. Tant que les systèmes informatiques de Credit Suisse fonctionnent encore, l'UBS a besoin d'employés qui savent les utiliser et les entretenir. Il en va de même pour le traitement du trafic des paiements.
Ces départs seraient même calculés: «Les plans d'épargne se règlent d'eux-mêmes, car beaucoup de gens partent d'eux-mêmes.» Le cadre conclut: «Tout le monde fait semblant de maîtriser la situation mieux que ce n'est le cas en réalité.»
Mais Sergio Ermotti ne veut rien savoir. Blick s'est demandé si ce ne sont pas les mauvaises personnes qui quittent la banque, le patron de l'UBS répond: «Dans un rachat aussi important, il peut toujours arriver que des gens qu'on aurait préféré garder partent.» Mais selon le patron, il y aurait toujours suffisamment de talents dans les deux banques.
Les apprentis ressentent l'incertitude
L'UBS semble pourtant avoir pris conscience de la gravité de la situation. Comme le montre le rapport trimestriel, la banque a jusqu'à présent investi 500 millions de dollars de retenues dans le personnel, en cash et en actions. Les détails de ces investissements sont tenus secrets par la banque.
La vague de licenciements se répercute même jusque sur les apprentis: «Nos formateurs ont démissionné. Pour nous, les apprentis, c'est le flou», explique une jeune femme. L'apprentie ressent un sentiment de frustration: «Quand j'aurai terminé mon apprentissage, je ne veux pas rester à l'UBS. En tant qu'ancienne apprentie de Credit Suisse, j'aurai de toute façon moins de chances de trouver un emploi. Pour l'UBS, nous ne sommes pas la priorité.»
Parmi ceux qui restent, beaucoup serrent les dents: «Les gens de Credit Suisse savent que leur heure viendra tôt ou tard. Mais la plupart ne peuvent pas se permettre de partir», explique un chef de projet qui travaille désormais dans une autre banque. Ceux qui partent de leur plein gré doivent rembourser une partie de leur bonus des dernières années. Seuls quelques «grands numéros» seraient rachetés. Quant aux «petits», ils doivent payer eux-mêmes.
Le strict minimum
On entend dire que la motivation est au plus bas chez les collaborateurs de Credit Suisse. Les heures de travail sont effectuées de manière machinale sans grande envie. «C'est dangereux pour la banque», estime un cadre. «Les points forts de Credit Suisse ne sont que partiellement intégrés par l'UBS. Résultat, beaucoup ne font que le strict minimum.» Selon lui, c'est le début de la fin.
Et pourtant, l'UBS aurait justement besoin de collaborateurs très motivés pour mettre en place la nouvelle UBS pour que, dans un monde idéal, la Suisse n'ait plus jamais à venir au secours d'une grande banque.