Bien qu'elle ait pris sa retraite en 2023, Ruth Humbel, ancienne conseillère nationale du Centre, n'a pas totalement raccroché le tablier. Elle est devenue une politicienne de premier plan: deux projets importants de politique sociale, auxquels Ruth Humbel a largement contribué, seront soumis aux urnes cette année: en novembre, il s'agira du financement des hôpitaux, et ce dimanche de la réforme de la LPP.
Pour l'occasion, Ruth Humbel reçoit Blick dans sa maison de Birmenstorf (AG). Elle est équipée de béquilles, car il y a quelques jours, elle s'est fait opérer du ménisque. C'est la conséquence d'une rupture du ligament croisé lors d'une sortie à ski en janvier. «Je me suis dit que si un lutteur pouvait reprendre une activité après neuf mois, j'y arriverais aussi», explique-t-elle. Mais elle en veut trop, trop vite... et doit finalement passer sur le billard.
Une combattante pour les femmes
A peine assise à la table, Ruth Humbel se lance: «Cela me démange déjà de m'exprimer, même si je sais qu'en tant qu'ancienne parlementaire, on est mis à l'écart des affaires.» Elle écrit donc des lettres de lecteurs ou intervient auprès d'organisations féminines, fait de la publicité pour la réforme du deuxième pilier.
Au début de cette réforme, il y a eu le soi-disant «compromis des partenaires sociaux» entre les syndicats et l'association patronale. «Les syndicats, surtout, ne voulaient pas en dévier d'un iota», se souvient Ruth Humbel. Elle ajoute: «Mais j'ai vite compris que de nombreuses associations patronales sectorielles y étaient opposées».
Un compromis a été nécessaire pour répondre à un maximum de revendications. «Mon objectif a toujours été d'obtenir des avancées pour les femmes», déclare Ruth Humbel. «C'est ce que j'avais promis lors de l'augmentation de l'âge de la retraite pour les femmes.»
Une épargne vertueuse
La réforme viserait notamment à améliorer la situation des personnes à faibles revenus et des travailleurs à temps partiel, souvent des femmes, en leur permettant de cotiser davantage, voire de commencer à cotiser, à la caisse de pension. Cependant, les détracteurs avertissent que la baisse du taux de conversion pourrait entraîner une diminution des rentes.
«On mélange deux choses. Celui qui épargne davantage a une meilleure rente», est convaincue Ruth Humbel. D'autant plus que cette épargne se fait avec l'aide des employeurs. Pour l'ancienne conseillère nationale, il s'agit d'une question fondamentale: «Est-ce que l'épargne n'est plus une vertu aujourd'hui?» En revanche, elle comprend tout à fait que les jeunes préfèrent avoir de l'argent sur leur compte plutôt que des déductions salariales plus élevées. «C'était la même chose pour moi autrefois», admet-elle.
Les derniers sondages laissent entrevoir un échec de la réforme. «L'espoir meurt en dernier», déclare Ruth Humbel, combative. Elle ne veut pas laisser entendre que même certaines caisses de pension s'opposent à la réforme parce que sa mise en œuvre est trop compliquée. «Les caisses de pension devraient être là pour les assurés et ne pas trop s'occuper d'elles-mêmes.»
S'orienter dans la jungle politique
Comme tous les dimanches de votation, Ruth Humbel le passera à attendre les résultats. «Je serai comme tout le monde assis sur le canapé et j'attendrai les résultats. Il n'y a plus grand-chose à faire.»
De son temps passé dans le sport de haut niveau, Ruth Humbel a beaucoup appris sur la politique: «La course d'orientation est une image appropriée pour la politique. Le chemin droit ne mène pas toujours au but, les fourrés ou les fossés bloquent souvent le chemin le plus rapide.»
Et si quelqu'un le sait bien , c'est bien Ruth Humbel, qui a toujours été plus intéressée par les sujets de fond que par la politique de parti. «Les sessions ne me manquent pas, les débats, si», confie-t-elle. Avec plus ou moins de succès, Ruth Humbel s'est battue pendant deux décennies aussi bien dans la jungle des assurances sociales que dans le maquis du système de santé.
Critique des cantons
Le 24 novembre, les citoyens seront appelés à se prononcer sur un projet portant le nom de la réforme «Efas», visant à harmoniser le financement des prestations ambulatoires et stationnaires dans les hôpitaux. Cette initiative trouve son origine dans la «motion Humbel» déposée en 2009. Après de longues années de débats et de tensions, souvent marquées par l'opposition des cantons, le Parlement a finalement pu soumettre le projet au vote. Si Efas est adopté, la charge fiscale augmenterait pour les contribuables, tandis que les payeurs de primes d'assurance seraient allégés.
«Nous avons un fédéralisme de beau temps», critique sévèrement l'ancienne conseillère nationale, visant directement les cantons, en particulier dans le domaine de la santé. Cependant, les louanges fusent également pour cette infatigable combattante. «La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a qualifié cette réforme de la plus importante depuis l'introduction de l'assurance maladie obligatoire», se félicite Ruth Humbel.