«On est à la limite du pénal. Cette volonté de faire passer un municipal pour un nazi est indigne!» Au téléphone, Mathilde Maillard, présidente du Parti libéral-radical (PLR) de Lausanne et conseillère communale (législatif), ne mâche pas ses mots.
Mais les siens sont mesurés, contrairement à ceux tenus par son homologue Franziska Meinherz d’Ensemble à Gauche mardi soir, lors des débats de l’organe délibérant de la capitale vaudoise.
Rembobinons. Alors que le municipal PLR de la Sécurité, Pierre-Antoine Hildbrand, expose la politique des autorités sur la mendicité, prônant «l’émancipation par le travail», l’élue d’extrême-gauche lui lance: «Cela me rappelle une période très, très sombre de l’histoire allemande, hashtag 'Arbeit macht frei'», rapporte «24 heures».
Un municipal blessé
Revenons à notre conversation de ce jeudi avec Mathilde Maillard. Elle s’agace: «Nous traitions d’un sujet important pour la population lausannoise. Bien sûr, on a le droit d’avoir des divergences. Mais cette manière d’atteindre le point de Godwin et de couper court au débat démocratique n’est pas à la hauteur de ce qu’on attend au sein d’un Conseil communal.»
Pour Pierre-Antoine Hildbrand, qui a réagi ce 22 septembre dans les colonnes de nos confrères vaudois, les mots de Franziska Meinherz illustrent «la dramatique utilisation frauduleuse des références à la Shoah, le génocide des Juifs d’Europe. Une posture qui participe à banaliser cet événement criminel.» L’édile, qui se blessé par «ces vils propos», ne portera toutefois pas plainte.
De son côté, son parti ne souhaite pas alimenter la polémique naissante. «Comme lorsque nos affiches se font taguer ou dégrader, nous appelons à un débat démocratique plus sain et serein, ainsi qu’au respect des dispositions légales, glisse Mathilde Maillard. Mais nous n’irons pas plus loin.»
Une justification qui ne convainc pas
Franziska Meinherz assure pour sa part qu’elle n’avait pas l’intention de comparer Pierre-Antoine Hildbrand aux nazis. «Je voulais simplement rappeler que par le passé, les nazis avaient tenu un discours similaire et violent sur la communauté Rom et que cela avait conduit à un génocide», tente-t-elle de se justifier auprès de «24 heures».
La Municipalité, elle, a décidé d’agir. Le collège va écrire à l’élue d’extrême-gauche, ainsi qu’au bureau du Conseil communal. «On ne peut pas dire tout et n’importe quoi», juge le syndic socialiste, Grégoire Junod, qui parle de «dérapage».
À la satisfaction de Mathilde Maillard. Qui pose quand même un bémol: «Je regrette le silence de la gauche gouvernementale sur le moment. Le sujet qui a mis le feu aux poudres est un projet porté par toute la Municipalité et non pas seulement par Pierre-Antoine Hildbrand.» Pour rappel, l’Exécutif est composé de trois socialistes, une Verte et un Vert, un popiste et, bien sûr, un PLR.