Le député Philippe Nantermod (PLR/VS) s'en réjouit: le Conseil national a décidé, lundi 11 décembre, de ne plus financer l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Le Conseil des États doit se prononcer à son tour jeudi sur la fin d'une contribution de 20 millions de francs. Une somme qui fait de la Suisse l'un des principaux donateurs — loin derrière les États-Unis et l'Europe — de l'agence issue des Nations unies (ONU). Dirigée par le Neuchâtelois Philippe Lazzarini, l'UNRWA suscite depuis des années des critiques, encore amplifiées depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre et le conflit qui s'est aggravé.
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Le gouvernement israélien et ses alliés contestent la légitimité de l'Agence pour les réfugiés palestiniens et l'accusent d'entretenir une relation trop étroite avec le Hamas. Celle-ci est indépendante du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), un choix également critiqué. L'ONU s'est dite «abattue» par la décision du National.
Lundi après midi, le libéral-radical valaisan Philippe Nantermod a salué cette décision. L'élu, membre de l'intergroupe parlementaire Suisse-Israël, s'est fendu d'une publication sur X (anciennement Twitter), qui a suscité beaucoup de réactions. Blick l'a interviewé par écrit. Impossible de lui passer un coup de téléphone, car la session parlementaire bat son plein cette semaine.
Philippe Nantermod, vous avez affiché votre fierté que le National ait voté pour faire supprimer la participation de la Suisse à l’aide à l’UNRWA. Le sort des civils palestiniens ne vous intéresse-t-il pas?
Il n’y a aucune fierté. Mon message a un but de clarté, et j’exprime la satisfaction que mon opinion fut majoritaire. Nous votons le budget et nous devons décider comment dépenser l’argent des contribuables. Pour répondre à votre question, je suis très préoccupé par le sort des civils, évidemment. Cela ne justifie pas que le produit de nos impôts finance une organisation dont les agissements me paraissent en totale contradiction avec nos objectifs politiques.
Vous critiquez «une agence onusienne hors de contrôle». Sur quels faits basez-vous votre ressentiment à l’égard de l’UNRWA?
Les rapports critiques sur l’activité de l’UNRWA se sont multipliés au cours des dernières années. On lui reprochait déjà d’être une part du problème en faisant du statut de réfugié un statut héréditaire, faisant perdurer indéfiniment le conflit. Les débats sur les manuels scolaires et l’attitude anti-israélienne de cadres de l’organisation me laissent aussi dubitatif. Ces dernières semaines, la situation dans la bande de Gaza m’a convaincu que nous ne pouvions plus continuer à soutenir cette agence.
C'est-à-dire?
Lors de son intervention, Tsahal a découvert de véritables arsenaux sous les hôpitaux où travaille l’UNRWA. Difficile de dire qu’on ne savait pas dans ces conditions. On a pu lire des informations inquiétantes sur la collaboration de l’agence avec l’organisation terroriste Hamas. «UN Watch» a publié un rapport accablant concernant une vingtaine d’enseignants de l’UNRWA qui ont littéralement célébré les massacres du 7 octobre. On parle même d’un enseignant qui aurait retenu un otage. Le fruit du travail des contribuables ne doit pas servir à soutenir une telle organisation.
Concernant l'enseignant de l'UNRWA qui aurait retenu un otage le 7 octobre, l'ONU conteste pourtant la source de cette information, un journaliste israélien qui n'aurait pas apporté de preuves de ses dires. Est-ce suffisant de se baser là-dessus pour couper les vivres?
J’ai bien utilisé le conditionnel: cela a été rapporté et une enquête devrait être diligentée sur la question. Mais non, cela n’est pas le motif pour que la Suisse arrête de soutenir cette agence. En résumé, j’estime qu’une agence de l’ONU qui collabore très étroitement avec une organisation terroriste islamique, pour ne pas dire la soutient, peut aller chercher son financement ailleurs que dans nos impôts.
Peut-on toujours faire confiance à l’ONU?
L’ONU est l’émanation de ses membres. Est-ce que l’ensemble des États de la planète inspire confiance? Poser la question, c’est y répondre.
Cet organisme a pour but d’apporter de l’aide aux millions de réfugiés palestiniens enregistrés. N’en ont-ils pas besoin?
La question n’est pas de savoir si une aide est nécessaire — c’est indiscutable — mais si elle doit être fournie par une agence spécialement constituée pour les Palestiniens, avec ses propres règles et définitions. Je ne le crois pas. Je suis favorable à ce que le HCR (ndlr: le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) s’occupe de la question.
Avec Philippe Lazzarini à l’heure actuelle et Pierre Krahenbühl avant lui, la Suisse est à la tête de l’organisme depuis 2014. Pensez-vous que cela pose problème?
Non. Ce sont de Hauts fonctionnaires internationaux, pas des représentants de la Suisse.