Lors de la prise d'otage d'Essert-sous-Champvent, tout ne s'est pas passé comme prévu. Pourquoi le taser de la police vaudoise n'a-t-il pas suffi à immobiliser le forcené Qader B., tué ce soir-là d'un coup d'arme à feu tandis qu'il retenait en otage 13 personnes dans un train? C'est la question que s'est posée «24 heures» ce lundi 19 février, alors que la famille du défunt dénonce une injustice.
Sans commentaires des autorités cantonales, le quotidien vaudois s'est adressé à un instructeur de police français anonyme. Ce spécialiste du maniement du pistolet à impulsions électriques (PIE), a évoqué plusieurs raisons pour lesquelles le modèle T7 — utilisé à sept reprises par les forces de l'ordre vaudoises depuis 2010 — a pu s'avérer inefficace.
Pas assez écartés ou trop peu musclé
Pour immobiliser quelqu'un, un taser projette deux fines pointes, nommées ardillons, qui doivent se figer dans le corps de la cible. Un arc électrique les relie alors et neutralise le système nerveux un court instant.
Mais dans plusieurs cas, le coup peut rater: si le contact des deux ardillons avec la chair est insuffisant ou si ceux-ci ne sont pas suffisamment écartés au moment de la décharge (30 centimètres minimum). Si la personne visée n'a pas une musculature suffisamment développée ou est sous l'influence de drogues (alcool, médicament, stupéfiants), elle pourrait bien continuer à avancer.
Utilisation bientôt étendue?
Dans le canton de Vaud, les unités d'intervention vaudoises (DARD) et lausannoises (GIPL) sont les seules autorisées à utiliser le pistolet électrique. Toutes deux sont intervenues le soir de la prise d'otage. En fin d'année, le conseiller national vaudois de l'Union démocratique du centre (UDC) Michaël Buffat avait annoncé à Blick défendre l'autorisation à la police des transports de faire, elle aussi, usage de cette arme.
Demandée par les agents des trains et bus, cette utilisation étendue du taser était combattue à gauche, par exemple par le coprésident des Vert-e-s lausannois Ilias Panchard, avançant le risque de crise cardiaque. Le Conseil fédéral avait donné raison au parlementaire UDC en acceptant sa motion et en demandant au Parlement de le suivre sur cette question.