Nouvelle chasse prévue fin 2024
Le tir du loup imposé par Albert Rösti était-il vraiment productif?

En l'espace de deux mois, plus de 50 loups ont été abattus. Des meutes entières ont été décimées. Et selon certains, des animaux qui ne posaient jamais de problèmes ont été tirés. Les premières conséquences négatives se font-elles déjà sentir?
Publié: 23.03.2024 à 17:05 heures
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Dernière mise à jour: 23.03.2024 à 17:16 heures
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Les loups suisses ont été pris à la gorge pendant l'hiver. Sur la photo, un animal de la meute dite du Calanda.
Photo: ZvG
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Pascal Tischhauser

Le ministre de l'Environnement Albert Rösti avait sonné la grande chasse au loup en Suisse. Les cantons des Grisons, du Tessin, de St-Gall et du Valais ont annoncé avoir abattu quelque 51 loups au cours des deux derniers mois. Mais à Altstätten (SG), un loup s'est tranquillement promené dans les ruelles. Comment cela est-il possible?

L'animal, qui est très probablement un loup, a été capturé par une caméra de surveillance peu avant quatre heures du matin ce vendredi au milieu de la petite ville de la vallée du Rhin saint-galloise, comme l'a rapporté «20 Minuten». Peu avant, l'animal avait suscité l'émoi dans le Weinland zurichois.

Le massacre des loups proposé par Albert Rösti peut certes avoir de nombreux partisans dans les régions de montagne comme l'Oberland bernois, dont le conseiller fédéral est lui-même originaire, mais son utilité est grandement discutée. Certains craignent même que l'action ait été contre-productive. Que les jeunes d'une meute soient soudain livrés à eux-mêmes et deviennent un problème en venant chercher de la nourriture proche des alpages et des habitations.

Encore trop tôt

David Gerke, directeur du Groupe Loup Suisse, pense qu'il s'agit bien d'un loup sur la vidéo. Il souligne qu'un animal isolé qui se promène de nuit dans les zones habitées ne doit pas être une source d'inquiétude. «Un problème surviendrait tout au plus si le loup ne se laissait pas dissuader par les activités humaines, même de jour», explique David Gerke. Sur la vidéo, l'animal donne toutefois l'impression d'être très timide.

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«Nous devons constater que l'action d'Albert Rösti concernant le loup n'a rien apporté, si ce n'est qu'elle a alimenté l'image de l'ennemi auprès de la population»
Matthias Jauslin, conseiller national PLR
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Le spécialiste des loups précise qu'il est encore trop tôt pour savoir s'il s'agit d'un jeune animal d'une meute décimée ou non. «Nous ne disposons pas encore de toutes les analyses génétiques des animaux tués. Nous devrons procéder à une évaluation en été.» On pourra savoir si, là où des meutes ont été tuées, il y a moins de dégâts, ou non.

Au Parlement, le conseiller national PLR Matthias Jauslin s'est fait un nom en tant que critique de l'action d'Albert Rösti contre les loups. Pour lui, il est clair qu'un risque existe avec les loups soudainement devenu solitaire après l'abattage de sa meute. Ces canidés, désorientés, peuvent devenir des «loups à problèmes», qui ne reculent plus devant les zones d'habitation à la recherche de nourriture.

«Légalement discutable»

«D'une manière ou d'une autre, nous devons constater que l'action du conseiller fédéral Albert Rösti concernant le loup n'a rien apporté, si ce n'est qu'elle a alimenté l'image de l'ennemi auprès de la population», déclare Matthias Jauslin. Pour lui, il est clair que «si un loup isolé pose effectivement des problèmes, il doit pouvoir être éliminé.»

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«On résout les conflits en protégeant les troupeaux et non en abattant les loups»
David Gerke, directeur du groupe Loup Suisse
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Les loups vivent en «famille», dans lesquels il existe une structure sociale claire et organisée. «Décimer préventivement des meutes entières n'est pas une solution. Cela ne fait qu'aggraver le problème et la démarche est juridiquement discutable.»

David Gerke ajoute: «Je ne compte pas sur un succès de l'action d'abattage d'Albert Rösti. On résout les conflits en protégeant les troupeaux et non en les abattant.» Nonobstant, on assistera cet automne à une nouvelle grande chasse au loup. «Ce n'est que pour l'année prochaine, c'est-à-dire en 2025, que nous pouvons espérer revenir à une approche responsable du loup par la voie juridique ordinaire.»

Les tirs devraient se poursuivre

La Confédération confirme à Blick qu'une nouvelle grande chasse au loup aura lieu à la fin de l'année. «De septembre 2024 à fin janvier 2025, les cantons auront à nouveau la possibilité de réguler préventivement la population de loups», écrit l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). L'autorisation se fait sur la base de l'ordonnance sur la chasse, que le Conseil fédéral a mise en vigueur le 1er novembre 2023 pour une durée limitée à fin janvier 2025.

Selon l'OFEV, ce sont au moins 58 loups qui ont été tués depuis la décision d'Albert Rösti: «Pendant la première régulation préventive de la population de loups, les cantons ont abattu 38 loups au total. A cela s'ajoutent une bonne vingtaine de loups qui ont été abattus sur la base de décisions réactives», fait savoir l'Office.

Au début de la régulation préventive, la Suisse comptait plus de 30 meutes de loups et 300 loups. «Aujourd'hui, il y a toujours une trentaine de meutes et environ 250 loups», affirme l'OFEV. Il admet, lui aussi, que l'effet des tirs ne pourra être évalué que lors du prochain été alpin. «Il est clair que la régulation des effectifs de loups devient une tâche permanente», constate l'Office. Si cela ne tient qu'à lui, le mot d'ordre reste donc «feu à volonté»...

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