Le canton de Genève a les primes d'assurance maladie les plus élevées de Suisse. L'année dernière, les autorités cantonales ont profité de cette situation pour déposer une initiative dans la Berne fédérale: L'Assemblée fédérale doit créer une base légale pour une caisse unique cantonale.
La semaine prochaine, la demande sera soumise à la commission de la santé du Conseil des Etats – et n'a aucune chance d'y être acceptée. Pourtant, plusieurs parlementaires bourgeois se montrent soudain ouverts à l'idée d'une caisse unique, écrit la «NZZ».
Aucune chance dans les urnes
Ainsi, le conseiller aux Etats schaffhousois Hannes Germann de l'Union démocratique du centre (UDC) se montre critique à l'égard du système actuel des caisses maladie et parle d'une «concurrence fictive». Il ne s'est toutefois pas encore prononcé sur la proposition genevoise d'une caisse cantonale unique.
Les électeurs ont déjà rejeté quatre fois dans les urnes une caisse-maladie unique – la dernière fois en 2014. Ces dernières années, le soutien de la population à une caisse-maladie de ce type n'a cessé de croître: plusieurs sondages montrent qu'environ deux tiers des personnes sont favorables à une caisse unique. Il ne faudra donc pas attendre longtemps avant que le rêve de la gauche d'une caisse maladie unique et publique ne se réalise.
Car l'intérêt vient aussi de la branche elle-même: Thomas Harnischberg, chef de la caisse maladie CPT, a déclaré en juin dans une interview avec la «NZZ» qu'il n'avait personnellement rien contre un test de ce genre dans un canton. D'autres voix de la branche se sont également montrées ouvertes à l'idée. Mais avec un tout autre raisonnement que les partisans de gauche: un tel test pourrait en effet montrer que les attentes du public en matière d'épargne sont largement exagérées.
Le conseiller aux Etats Erich Ettlin, du Centre, ne se montre pas non plus particulièrement alarmé par l'initiative du canton de Genève. Il siège aussi bien à la commission de la santé du Conseil des Etats qu'au conseil d'administration de la caisse maladie CSS. Jusqu'à présent, il a toutefois refusé de telles interventions surtout en raison de la crainte que divers cantons introduisent en peu de temps une caisse cantonale qui aurait le monopole. Le saut vers une caisse unique nationale serait alors amorcé.
Expérimenter d'abord au lieu de réglementer tout de suite
Une astuce permettrait toutefois d'éviter cela: au lieu de créer la base légale pour une introduction cantonale, la Confédération pourrait élargir l'article sur l'expérimentation dans la loi sur l'assurance-maladie. La voie serait ainsi libre pour mener d'abord à Genève un projet pilote limité dans son contenu et sa durée. Et d'en faire ensuite l'évaluation.
Pour les caisses existantes, un tel projet constituerait néanmoins un changement important: elles devraient transférer leurs clients de l'assurance de base à la nouvelle caisse publique. Cela entraînerait probablement la suppression de nombreux postes au sein des caisses maladie concernées. Et pour la clientèle, la liberté de choix serait soudain révolue. De plus, les personnes arrivant ou quittant la caisse devraient obligatoirement changer de caisse.
C'est justement le service de comparaison Comparis qui a proposé en avril un test cantonal semblable. Et ce, après que près de 80% des participants à un sondage Comparis se soient prononcés en faveur d'un tel test. Les personnes interrogées attendaient de la caisse unique une économie d'au moins 40 francs par mois, soit plus de 10%.
En comparaison, l'ensemble des frais administratifs de la branche représente actuellement environ 5% du volume des primes. Et seulement 0,2% environ du volume des primes revient aux frais de publicité. Pourtant, ce sont précisément ces derniers qui sont souvent critiqués.
Par conséquent, l'économie réalisée par une caisse unique ne serait qu'un cinquième environ de ce qu'espèrent ses partisans. Et dans le pire des cas, les primes augmenteraient même: Car dans le cas d'un monopole d'État, de nombreuses incitations aux économies des caisses maladie actuelles disparaîtraient. C'est précisément pour clarifier de telles incertitudes qu'une grande majorité insiste aujourd'hui sur un essai.