Pas moins de 20%: c'est ce que nous pourrions économiser chaque année sur l'assurance maladie sans que notre santé en pâtisse. Mais nous ne le faisons pas, au contraire, les coûts continuent d'exploser. Pour expliquer cela, on évoque volontiers le vieillissement de la population et, bien sûr, les progrès de la médecine, qui sont aussi coûteux. Ce sont les deux points que l'on ne veut pas changer et qui sont utilisés pour tout balayer d'un revers de main.
Les nombreuses autres raisons sont en revanche souvent ignorées, car quelqu'un a toujours intérêt à ce que rien ne change. Et pourtant, nous parlons de plusieurs millions, voire de milliards de francs en jeu. Voici une sélection des possibilités d'économie les plus rentables face aux primes:
Davantage d'efficacité
La petite Suisse s'offre 250 hôpitaux. Selon les experts, beaucoup moins suffiraient. Mais on continue à construire de nouveaux hôpitaux et à investir. Même si de nombreuses personnes trouvent très agréable que l'hôpital le plus proche se trouve juste au coin de la rue, cela ne profite pas toujours au système de santé. Un hôpital «de routine» ne favorise pas la qualité. Et je ne parle même pas du manque de personnel qualifié.
La règle selon laquelle nous devons acheter des prestations médicales, des médicaments et des moyens auxiliaires en Suisse uniquement pour qu'ils soient remboursés par la caisse d'assurance maladie fait également grimper les coûts. Mais elle constitue en même temps le meilleur bouclier pour le maintien d'un «supplément suisse» sur les produits de santé qui sont vendus ici.
Par ailleurs, il y a la question lancinante des mauvaises incitations. Il y en a malheureusement beaucoup. Avec le tarif médical ambulatoire, par exemple, chaque prestation est pratiquement remboursée individuellement. Ce qui est logique du point de vue du cabinet médical, qui est aussi une entreprise. Mais malheureusement, cela ne coïncide pas avec nos intérêts et notre porte-monnaie.
La balle dans le camp des politiques
De plus, il est certain que personne ne veut s'en prendre au progrès médical. Le fait que nous vivons plus longtemps est une bonne chose et nous voulons bien entendu en profiter. Mais nous n'avons pas les moyens de dorer tous les représentants de l'industrie de la santé. C'est pourquoi nous devons enfin non seulement discuter des mesures connues depuis longtemps, mais aussi les mettre en œuvre. Par «nous», entendons avant tout la politique. Les mesures qui permettent de verser de l'argent nécessitent des modifications de la loi et, dans notre pays, seuls le gouvernement et le Parlement peuvent en décider.
Concrètement, cela demande plus d'efficacité, c'est-à-dire moins d'hôpitaux ou des hôpitaux plus ciblés, plus de traitements ambulatoires avec plus de forfaits au lieu d'une rémunération à la prestation et il faut en finir avec les fausses incitations du système. Il faut créer un objectif permettant d'enrayer la croissance des coûts. Si nous mettions en outre l'accent sur la guérison plutôt que sur le traitement et l'examen, nous ferions un grand pas en avant.
La balle est dans le camp des politiques, qui doivent maintenant faire preuve d'un peu de fermeté. Car arracher à l'industrie de la santé des revenus qui lui sont chers devrait être aussi agréable qu'une visite dans les cercles infernaux de Dante.