Les Vert-e-s sont menacés d'une défaite électorale cuisante. Le dernier sondage de la SSR prédit une baisse de 3,5 points de pourcentage. Avec cette perte, le parti obtiendrait une part électorale de 9,7% au niveau national. Certes, la marge d'erreur du baromètre est de plus ou moins 1,2 point. Mais il semble que la vague verte de 2019 soit en train de se briser. La responsable de la campagne électorale des Vert-e-s, Lisa Mazzone, s'avoue-t-elle vaincue?
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Madame Lisa Mazzone, qu'est-ce qui ne va pas chez les Vert-e-s? A chaque sondage, les parts d'électeurs baissent.
Dans le baromètre électoral précédent, nous avions progressé. Dans celui publié ce mercredi, les chiffres ont un peu baissé. Tout reste à jouer.
Depuis mars, votre poids électoral a toutefois baissé de 11,7% à 9,7%.
Je vais vous donner un contre-exemple. Il y a quatre ans, les sondages nous prédisaient 10%, nous avons fait plus de 13%. On nous a massivement sous-estimés. Donc tout est encore possible! Récemment, nous avons pu mobiliser 60'000 personnes pour la manifestation sur le climat à Berne.
Malgré cette manifestation, vous risquez de perdre 3,5%…
C'est pourquoi nous devons nous mobiliser fortement. La menace d'un recul de la protection du climat m'inquiète. Tous les jeunes qui souhaitent un avenir digne d'être vécu et toutes les femmes qui luttent pour plus d'égalité devraient se rendre aux urnes avant qu'il ne soit trop tard et qu'un contrecoup (backlash) climatique ne se produise.
La question du climat est extrêmement importante pour les électeurs. Mais la hausse des primes d'assurance maladie inquiète davantage les gens.
Nous sommes les seuls à faire de la politique pour le climat depuis 40 ans. Avez-vous entendu quelqu'un d'autre en parler au Parlement?
Oui, par exemple le Parti socialiste (PS).
Nous travaillons avec le PS. Mais il est clair que le climat est notre priorité. Ce n'est pas le cas du PS.
Et pourtant, vous n'arrivez pas à mobiliser la population. Même votre application électorale semble être un flop.
Non, pas du tout. Nous avons un tiers de membres en plus depuis 2019 et nous nous présentons avec 600 candidates et candidats, un nouveau record. Plus de 2600 personnes s'engagent également sur l'application.
Ne devez-vous pas vous demander si vous faites de la politique qui ignore le peuple?
Les bourgeois minimisent le changement climatique. Et ce, avec une agressivité et une dureté que je n'ai jamais connues jusqu'à présent. L'UDC, en particulier, tire à boulets rouges sur nous.
Quelle est la responsabilité des activistes climatiques dans cette baisse du sondage? Sachant qu'ils sont considérés comme la troisième source d'irritation des Suisses.
C'est une manœuvre de diversion pour ne pas parler du manque de mesures climatiques. Ce qui pose vraiment problème, c'est qu'il n'existe aucun plan de sortie des énergies fossiles. La majorité bourgeoise du Parlement s'y oppose.
Vous rejetez la responsabilité de votre chute électorale sur les bourgeois. Pourtant, seuls 40% des électeurs des Vert-e-s soutiennent Balthasar Glättli. Il est ainsi le dernier de tous les présidents de parti. Est-il vraiment l'homme de la situation?
Nous portons la responsabilité en tant que collectif. Dans notre parti, il n'y a pas qu'un seul leader, mais de nombreuses têtes qui dirigent.
Mais si les sondages se révèlent exacts, quelqu'un doit assumer la responsabilité. Balthasar Glättli se retirera-t-il alors?
Il est normal de se poser cette question après une législature. Mais nous ne sommes pas une équipe de football qui change simplement d'entraîneur en espérant que tout ira mieux.
Qu'en est-il des ambitions pour le Conseil fédéral? La présidente du groupe Aline Trede a déclaré que les Vert-e-s ne revendiqueraient rien s'ils tombaient en dessous de 10%.
Cette décision sera prise par le groupe qui sera élu le 22 octobre.
Cela signifie que vous n'excluez pas de vous présenter quand même?
Nous ne nous laissons pas intimider par un sondage. Ce qui compte, c'est le résultat dans les urnes. Notre siège est bien plus légitime que le deuxième siège du PLR. Le climat a besoin d'une voix au Conseil fédéral.
Avez-vous un plan d'urgence pour renverser la tendance avant le jour J?
Nous lançons la campagne «1000 femmes pour le climat» avec des économistes, des viticultrices et des artistes. Et notre action la plus importante, c'est d'être dans la rue, dans la rue, dans la rue. Et ce, pour la protection du climat, et ainsi éviter un glissement vers la droite!