Si Adrian Leuthard devait entrer au Parlement lors des élections fédérales du 22 octobre, les parlementaires pourraient commencer à raser les murs. C'est du moins ce que l'on raconte. Sur les réseaux sociaux, on le surnomme le «Chuck Norris de l'Oberland fribourgeois».
Ce surnom, Adrian Leuthard — père de trois enfants, sportif confirmé et policier depuis 1995 — le doit à son parcours. Et aussi à quelques photos qui le montrent en pleine action: aux côtés du Palestinien Yasser Arafat au WEF à Davos, sur les marches d'un avion de la «Swiss Air Force», en tenue complète lors d'un débriefing, ou dans son «personnage» de nageur de compétition.
Sa carrière dans l'équipe de l'unité spéciale Basilisk de la police cantonale de Bâle-Ville a commencé en 1999. Ses domaines de spécialisation? La protection des personnes, les explosifs et les interventions dans des aéronefs. Il a ensuite rejoint l'unité spéciale Tigris de la Police judiciaire fédérale (Fedpol) en tant que chef d'intervention. Il était chargé de protéger des conseillers fédéraux, des présidents du Conseil national et des procureurs de la Confédération lors de voyages dans des pays africains et au Proche-Orient. Il dirige aujourd'hui le commissariat Protection des personnes de la Fedpol, et ce, depuis deux ans.
A Berne en tant que policier de gauche
C'est désormais sous les couleurs du Parti socialiste (PS) qu'il veut s'engager à la Chambre basse. «Mes ambitions sont grandes après ma longue activité au sein de la police cantonale et fédérale, déclare Adrian Leuthard, installé à la terrasse d'un café du centre-ville de Fribourg. Je connais bien les préoccupations des gens.»
Depuis 2021, il représente déjà 3500 habitants au conseil communal de sa commune de résidence fribourgeoise Plaffeien. Adrian Leuthard est le premier représentant du PS en Haute-Singine depuis plus de 30 ans. L'ordre public et la sécurité sont ses domaines d'activité phares. Pour couronner le tout, il reprend en 2022 la vice-présidence du PS fribourgeois.
Voilà plus de dix ans qu'Adrian Leuthard fait de la politique, mais toujours en tant qu'homme de l'ombre. Son cheval de bataille est la politique de sécurité. Il a rédigé des documents pour les forces de l'ordre, pour les politiciens et a travaillé en étroite collaboration avec l'ancienne conseillère nationale Chantal Galladé. Il souligne: «Les policières et les policiers n'ont pas de lobby à Berne.» C'est aussi pour cette raison qu'il veut monter au front politique. Ainsi que pour braver tous les clichés en tant que policier de gauche.
Des métiers qui font rêver
Adrian Leuthard déplore que les débats soient devenus plus âpres en Suisse. Même en politique. Les formations ne sont plus tournées vers l'élaboration des meilleures solutions possibles, mais vers les défauts de leur adversaire politique — et ce, quel que soit le camp.
Il est temps que la Suisse commence à résoudre les problèmes existants, sans quoi elle n'aura plus aucun intérêt économique dans dix ans, insiste-t-il en substance. «Dans le domaine de la santé par exemple, nous avons un besoin urgent de personnel qualifié. Même chose dans la formation, et dans la sécurité. Nous devons mettre les bouchées doubles dans ces domaines. Créer un environnement pour que soignant, enseignant, policier redeviennent des métiers qui font rêver.»
C'est là qu'il veut intervenir. «Si, en tant que politicien, on n'a pas d'objectifs, on ne fait pas avancer le pays», ajoute-t-il. L'élu local souhaite apporter à Berne son expérience et les valeurs qu'il porte en tant que policier, ces mêmes valeurs qui l'animent en tant que politicien: être ouvert d'esprit, à l'écoute de tous, et trouver rapidement des solutions. «Ce sont mes forces», affirme-t-il.
Pas toujours dans la ligne du parti
Il connaît bien le sentiment d'être sous-estimé et d'être regardé d'un œil critique. «Que ce soit en tant que policier ou en tant que politicien, on ne bénéficie jamais d'emblée de bienveillance.» Il est convaincu qu'un créateur de ponts entre plusieurs mondes comme lui aiderait le parlement national.
Même ses adversaires politiques attestent qu'il en a le potentiel. Adrian Leuthard est considéré comme un homme d'action fiable, un politicien orienté vers les solutions. Il lui arrive parfois de faire des compromis sans toujours suivre strictement la ligne du parti. Ses pairs disent qu'il voit des solutions et non des problèmes, et qu'il fonctionne de manière objective et professionnelle, même dans les situations de crise absolue. La question de l'avenir politique d'Adrian Leuthard est avant tout de savoir si quelqu'un qui reçoit tant de louanges sera vraiment élu.
Parlement ou Fedpol, il faut choisir
Le Fribourgeois occupe la cinquième place sur la liste du Parti socialiste. Tous les sortants se présentent à nouveau. Il est fort probable que la répartition des sept sièges du Conseil national reste stable. Mais rappelez-vous: celui qui n'a pas d'objectifs n'avance pas.
Seule ombre au tableau: si Adrian Leuthard venait à être élu, il devrait quitter son poste à la Fedpol. «C'est une idée qui m'empêche de dormir», admet-il. «Protéger les gens, c'est ma mission de vie.»
Mais comme on dit, Chuck Norris ne fait pas de cauchemars. Par contre, «tous les soirs, les cauchemars font le même Chuck Norris».