La vidéo démarre. Sous une tente bleue, derrière un micro, l’égérie des coronasceptiques Chloé Frammery sourit. Pause. Quelques lignes plus bas sur sa page Odysee, la Genevoise écrit avoir été invitée ce 28 août par le groupe tessinois des Amis de la Constitution, l’association qui a lancé les référendums contre les mesures Covid, pour parler de… la guerre en Ukraine et d’écologie. Le complotisme sait se recycler.
Passons, et relançons la séquence publiée le 1er septembre. C’est dans l’introduction de la «conférence» de l’ex-enseignante — licenciée récemment par le Département genevois de l’instruction publique — que se cache une information a priori d’importance. Après s’être plainte d’être «calomniée par les médias, diffamée, […] licenciée de mon poste de prof de mathématiques» depuis la diffusion de son clip antivaccin tourné en avril 2020 devant le siège de la Fondation Bill et Melinda Gates, elle affirme être «poursuivie en justice par une personne du chômage».
Risque d’un an de prison
Que s’est-il passé? «J’ai fait un enregistrement de cinq minutes, qui ne donne pourtant ni son nom ni sa fonction, ni ne l’incrimine, prétend-elle. Mais l’idée, c’est de me faire taire à tout jamais.» Ses prochains mots génèrent des applaudissements: «Le problème, c’est que je ne me tairai pas, et ils le savent. Ils feront tout pour m’en empêcher, mais je ne m’arrêterai jamais!»
Le 22 août, la «Tribune de Genève» avait révélé et raconté l’affaire. L’enregistrement du rendez-vous entre Chloé Frammery et sa conseillère en orientation avait été diffusé — avant d’être retiré — sur le canal Telegram de l'activiste, suivi par plus de 15’000 personnes. En résumé, sur la bande, on entend Chloé Frammery attaquer sur le nombre de cas Covid et sur l’inutilité du vaccin. Classique.
Le principal est ailleurs. En Suisse, il est interdit d’enregistrer une conversation non publique sans l’accord des autres interlocutrices ou interlocuteurs. Un acte passible d'une peine pécuniaire ou d’un an de prison au maximum. Résultat, l’Office cantonal de l’emploi envisageait d’agir en justice, selon le quotidien genevois.
No comment de la justice
Cela ne semble pas le cas aujourd’hui. «L’OCE ne fait plus de commentaire concernant cette affaire qui relève désormais du droit privé», étaie Esther Mamarbachi, porte-parole du Département de l’économie et de l’emploi, questionnée par e-mail. En clair, si une plainte a bel et bien été déposée, c’est par la collaboratrice de l’OCE et non par un organisme de l’État.
Est-ce bien le cas? Si oui, où en est l’enquête? Chloé Frammery a-t-elle le statut de prévenue ou d’accusée? Contacté par Blick, Olivier Francey, chargé de relations médias du pouvoir judiciaire, botte en touche: «Le Ministère public ne répond jamais à ce type de question.»