Les médecins tirent la sonnette d'alarme
Les urgences suisses sont «au bord de l'effondrement»

Des médecins urgentistes tirent la sonnette d'alarme dans la presse dominicale. «Nous sommes au bord de l'effondrement», déclare le coprésident de la Société suisse de médecine d'urgence Vincent Ribordy. «L'ampleur actuelle de la charge de travail est sans précédent».
Publié: 15.01.2023 à 10:02 heures
Vincent Ribordy appelle à un changement de mentalité chez les patients. (Archives)
Photo: ANTHONY ANEX

Le problème, qui est d'ampleur nationale, est «lié au fait que nous n'avons pas assez de personnel», abonde dans le même sens dans «Le Matin Dimanche» le médecin-chef au service des urgences du Centre hospitalier du Valais romand, Vincent Frochaux.

Le site de Martigny a dû fermer les urgences par manque de personnel. «Nous voulons que la décision prise à Martigny reste temporaire, mais nous ne pourrons rouvrir la nuit que lorsque nous serons parvenus à recruter de façon adéquate», ajoute-t-il.

Un traitement parfois indigne des patients

Malgré le manque de personnel médical, les blessés dont le pronostic vital est engagé peuvent toujours être soignés, rassure Vincent Ribordy dans la «SonntagsZeitung». «Mais nous devons faire un tri plus important.» La pression permanente épuise les collaborateurs encore disponibles, poursuit-il. «Ils sont fatigués et épuisés, s'absentent plus souvent et le risque d'erreur augmente [...] Cela ne peut pas continuer ainsi.»

Outre un risque d'erreur plus élevé, la situation actuelle conduit à un traitement parfois indigne des patients, note Vincent Ribordy, avec de longs temps d'attente et une augmentation de la mortalité et de la morbidité. «Dans certains cas, l'anesthésie ne peut être réalisée qu'à l'aide de gaz hilarant ou d'opioïdes, car le personnel formé pour l'anesthésie fait défaut.»

Redirection vers les pharmacies et généralistes

Selon le coprésident de la Société suisse de médecine d'urgence, les collaborateurs souffrent de démotivation, de dommages moraux ou psychiques ou de burnout et tournent le dos à la profession pour cette raison.

Pour garder le personnel plus longtemps, Vincent Frochaux demande d'améliorer les conditions de travail, notamment de diminuer le nombre d’heures de travail. «Chez nous aux urgences, un chef de clinique travaille par exemple 50 heures par semaine, dont quasiment 65% sont effectuées dans des horaires compris entre 19h00 et 07h00, ainsi que les jours fériés et le week-end.»

Vincent Ribordy appelle, quant à lui, à un changement de mentalité chez les patients. «Les gens doivent comprendre qu'ils ne doivent pas venir nous voir pour chaque petite chose, mais, que dans de nombreux cas, les pharmacies, les médecins de famille et les cabinets de permanence peuvent les aider.»

(ATS)

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