La pénurie de personnel s'aggrave continuellement dans les établissements de santé. Le système hospitalier suisse est à bout de souffle tandis que dans certains établissements, des lits sont installés dans les couloirs. Et malgré une diminution massive des cas de Covid, les professionnels tirent la sonnette d'alarme.
Face à cette situation, outre le personnel soignant, les patients subissent également des contrecoups. Nadia Meier*, une habitante du canton d'Argovie, en a par exemple fait les frais. Samedi dernier, la presque sexagénaire vivant seule a fait une grave chute à son domicile. «J'avais des douleurs inconcevables, je ne pouvais presque plus respirer», raconte-t-elle à Blick. Malgré tout, elle décide de ne pas se rendre tout de suite à l'hôpital. «Je savais que les services d'urgence étaient pleins le week-end de toute façon». Finalement, lundi, elle se fait conduire par une connaissance à l'établissement argovien de Muri: «Le service des urgences était complètement surchargé. Je pensais néanmoins être dans de bonnes mains.»
Elle a alors dû patienter trois heures avant qu'une radiographie lui soit faite: «Deux heures après la radio, un médecin est venu et a dit qu'on ne voyait rien. Je pouvais rentrer chez moi. J'étais complètement perplexe, mais le médecin a répondu que l'hôpital n'était pas un hôtel».
Triple fracture des côtes
Nadia Meier* cède et s'en va malgré des douleurs persistantes. «Par moments, j'avais peur de ne pas survivre», raconte-t-elle. Jeudi, après près d'une semaine passée à serrer les dents, elle reçoit la visite d'une aide-soignante à domicile. Quand cette personne la voit, «elle a immédiatement appelé l'ambulance. Je pouvais à peine me tenir sur mes pieds.»
À l'hôpital de Muri, Nadia Meier* est à nouveau examinée. Grâce à une échographie, les médecins découvrent qu'au moment de sa chute, l'Argovienne a subi... une triple fracture des côtes, ainsi qu'une légère blessure au crâne. Elle reste hospitalisée pendant trois jours.
Un manque de personnel chronique
Interrogé par Blick, l'hôpital de Muri déclare qu'il ne donne en principe pas d'informations publiques sur les détails des traitements. «Sur la base de notre documentation interne, la patiente a été traitée de manière adéquate», explique toutefois Claudia Penta, du service de communication de l'hôpital. Tout est mis en œuvre pour continuer à être disponible 24h sur 24 pour les patients même si «nous ressentons, nous aussi, la pénurie de personnel qualifié. Si un traitement stationnaire est nécessaire, nous pouvons le garantir.» Entre-temps, l'hôpital aurait pris contact avec la patiente et aurait pu clarifier la situation.
Nadia Meier* reste néanmoins convaincue que le manque de personnel a entravé un examen adéquat de son état général: «Avec plus de monde disponible, on aurait tout de suite remarqué que j'étais gravement blessée.»
* Nom connu de la rédaction