«Nous sommes très inquiets, la qualité de l’enseignement est en grand danger», déclare Dagmar Rösler, la présidente de l’association faîtière des enseignantes et enseignants de Suisse.
La raison de cette inquiétude est le manque d’enseignants dans le pays, qui s’est encore aggravé. De nombreux professionnels partent à la retraite alors que, parallèlement, le nombre d’élèves augmente fortement.
Et cela va être un problème qui aura de multiples conséquences. Selon les enseignants, les cantons ne font pas assez pour améliorer la situation dans les écoles. L’association l’a fait savoir lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la rentrée scolaire.
Davantage d’enseignants sans diplôme
«Les écoles paient ce que la politique a longtemps négligé. On aurait en effet pu renforcer la profession depuis longtemps», critique Dagmar Rösler. Elle profite de la conférence de presse pour mettre en avant les avantages du métier: le temps libre, l’accompagnement des nouveaux arrivants dans la profession et le salaire.
Pour éviter que les élèves ne se retrouvent sans enseignant, les écoles ont depuis longtemps recours à des solutions d’urgence. Des personnes sans diplôme sont notamment engagées. Dans le canton de Zurich, cette mesure a été introduite pour l'année scolaire à venir, par nécessité. «C’est une évolution alarmante! Si l’on ne trouve pas d’enseignant, les classes devront être regroupées ou les communes devront décider de fusionner les écoles», selon Dagmar Rösler.
Critique du manque de transparence
«Souvent, on ne peut plus parler d’éducation, mais d’encadrement», déclare-t-elle encore. En tant que mère, elle se fait beaucoup de souci: «Si j’apprenais que ma fille était confiée à un enseignant sans formation, je ne sais pas si je pourrais encore bien dormir.»
Il n’existe pas de chiffres concrets sur le manque d’enseignants, et l’association critique vivement cette situation. La présidente reproche aux autorités de ne pas être transparentes et de ne pas communiquer ouvertement sur les personnes qui sont exactement engagées. C’est pourquoi certains parents ne savent même pas qui enseigne à leurs enfants.
L'arrivée de jeunes Ukrainiens dans les écoles suisses représente également un défi. Ils ne sont pas la cause des difficultés: les communes ont tout simplement besoin de plus d’argent et de personnel. Les écoles ne peuvent pas s’occuper seules de l’intégration et de l’éducation des enfants réfugiés. En outre, il faudrait davantage de psychologues scolaires et d’assistants sociaux pour prendre en charge les enfants ayant vécu des traumatismes.
(Adaptation par Mathilde Jaccard)