Mais que diable peut bien animer les Vert-e-s? La Mégalomanie? Une perte de contact avec la réalité politique? Ou encore un coup de génie? Le parti écologiste a présenté ce mardi un candidat au Conseil fédéral: le Fribourgeois Gerhard Andrey. Ce dernier ne compte pas s'attaquer au PS, mais au PLR.
Et s'il s'agissait, plus simplement, d'une question de principe? En effet, les Vert-e-s sont coutumiers du fait et traînent derrière eux une longue série de candidatures infructueuses au Conseil fédéral. La plupart du temps, il ne s'agissait pas de décrocher un siège, mais de lancer des débats de fond sur la représentation des femmes, la formule magique ou d'autres thématiques.
En 1987 et 1991, les Vert-e-s avaient déjà tenté d'améliorer la proportion de femmes au Conseil fédéral avec la Bernoise Leni Robert. Elle n'avait certes pas été officiellement nommée, mais avait obtenu quelques voix de protestation. En 1995, quatre femmes, Cécile Bühlmann, Ruth Gonseth, Pia Hollenstein et Franziska Teuscher, se sont présentées pour protester contre le bastion masculin bourgeois du gouvernement, sans succès, ne recevant que 12 à 20 voix chacune.
L'UDC en ligne de mire
Le parti écologiste ne s'est pas laissé décourager pour autant: en 2000, la Lucernoise Cécile Bühlmann a été officiellement désignée pour remplacer l'UDC Adolf Ogi en tant que candidate verte. Elle a comptabilisé jusqu'à 53 voix – et n'a dû se retirer qu'après le quatrième tour de scrutin. «A l'époque, il s'agissait moins de la revendication d'un siège par les Vert-e-s que de l'attention publique qu'ils ont ainsi reçue, a déclaré Cécile Bühlmann à Blick. Nous avons pu faire passer nos idées dans 'l'Arène'.»
Il a fallu attendre 2007 pour qu'une nouvelle attaque contre l'UDC n'ait lieu – contre Christoph Blocher, qui avait réussi à entrer au gouvernement en 2003. Les Vert-e-s ont nommé Luc Recordon, alors conseiller aux Etats, pour contrer le parti de droite. Après qu'Eveline Widmer-Schlumpf a été présentée comme candidate pour évincer Christoph Blocher, les Vert-e-s ont retiré leur candidature.
En 2008, le parti écologiste a de nouveau envoyé Luc Recordon dans la course. Cette fois-ci, pour conquérir le siège du sortant Samuel Schmid et empêcher l'élection de l'UDC Ueli Maurer. Mais au lieu de voter pour Luc Recordon, les Vert-e-s ont voté pour Hansjörg Walter, présenté malgré lui par le centre-gauche comme un candidat explosif. Le coup a échoué de peu.
Les Vert-e-s plutôt que le PLR
En 2010, lorsque le conseiller fédéral radical Hans-Rudolf Merz s'est retiré, les Vert-e-s ont fait une nouvelle tentative avec Brigit Wyss. Au lieu de l'UDC, les Vert-e-s ont cette fois-ci pris le PLR pour cible. A l'époque, ils se situaient à 9,6% en termes d'électorat et argumentaient qu'ils avaient «mathématiquement plus de droits à ce siège au Conseil fédéral que le PLR à un deuxième». Avec seulement 57 voix pour Wyss, le parti écologiste a de nouveau été mis en échec.
Mais leur ligne stratégique est restée la même depuis: Vert plutôt que PLR! Toutefois, après les défaites électorales de 2011 et 2015, les écologistes sont restés calmes. C'était sans compter sur la vague verte de 2019 qui a fait du parti la quatrième force avec 13,2% d'électeurs. Cela a donné des ailes au parti pour remettre en question la formule magique. Avec 82 voix, la cheffe du parti de l'époque, Regula Rytz, n'a toutefois remporté qu'un succès d'estime.
Cette fois-ci, Regula Rytz n'est pas disponible pour une nouvelle candidature. C'est donc Gerhard Andrey qui prend le commandement de la course infernale des Vert-e-s. Une seule chose est (presque) sûre: cette fois encore, l'échec est programmé!