Six candidats sont en lice
Le Parti socialiste cherche le remède miracle pour succéder à Alain Berset

Le PS cherche un nouveau conseiller fédéral qui reprendra probablement le département de la santé du sortant Alain Berset. Le délai de candidature a expiré ce dimanche. Il est donc temps d'examiner les six prétendants sous l'angle de leurs vertus thérapeutiques.
Publié: 30.10.2023 à 16:36 heures
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Servir et disparaître: le ministre de la Santé Alain Berset quitte son poste à la fin de l'année.
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Tobias Bruggmann, Sermîn Faki, Daniel Ballmer et Lea Hartmann

Cinq candidats et une candidate sont en lice pour entrer au Conseil fédéral et prendre le siège d'Alain Berset. Le délai de candidature interne a expiré dimanche. Un chemin semé d'embûches attend les six prétendants. Le premier grand obstacle arrivera le 25 novembre: c'est à cette date que le groupe du Parti socialiste (PS) décidera quelle candidature il privilégiera officiellement pour les élections du 13 décembre. Mais qui a ses chances? Et qui doit s'attendre à des résistances?

Blick fait le point sur la question sous la forme d'une notice explicative, à l'image des médicaments qui devraient bientôt faire partie du quotidien du nouveau conseiller fédéral. Le successeur d'Alain Berset reprendra très probablement le département de la santé. Il est donc grand temps de s'y intéresser de près.

Roger Nordmann

Le Vaudois de 50 ans est un excitant avec une double dose de caféine. Toujours en mouvement, toujours en train de concocter de nouvelles idées. Au Conseil national depuis 2004, ce politologue a longtemps été un peu comme la Ritaline du groupe PS. Il veille à ce que ses camarades soient concentrés au moment décisif et appuient sur le bon bouton.

Domaine d'application et effet: celui qui prend Nordmann obtient des chiffres, des faits, des arguments, des décisions. L'effet se fait sentir très rapidement. Il est assez bien supporté, même les bourgeois apprécient sa fiabilité.

Risques et effets secondaires: dans certains cas, des réactions allergiques ont été constatées chez des membres romands et certains jeunes du groupe parlementaire. La prudence est de mise en cas de surdosage, car on peut facilement être pris de vertiges. Et de manière générale, certains se demandent si le PS a besoin d'un stimulant produit par un laboratoire romand.

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Beat Jans

Le Bâlois de 59 ans pourrait servir d'antidépresseur. Sa région a déjà été déçue lors de la dernière élection et attend depuis longtemps un siège au Conseil fédéral. Il a d'abord été considéré comme le favori, mais il semble petit à petit avoir perdu ce statut. Il est peut-être finalement à l'image d'un Doliprane: il convient pour un rhume, mais ne suffit pas pour des problèmes plus graves comme le Covid.

Domaine d'application et effet: Jans a siégé au Conseil national jusqu'en 2020 et connaît le Palais fédéral sur le bout des doigts. Il en va de même pour le parti dont il a été vice-président. Jusqu'à présent, il n'avait que peu de liens avec la politique sanitaire. Mais en tant que président du gouvernement de la métropole pharmaceutique de Bâle, cela devrait désormais faire partie de son ADN. Il a également pu y acquérir une expérience exécutive – un avantage supplémentaire.

Risques et effets secondaires: le puissant lobby des agriculteurs réagit de manière hypersensible à son égard, alors que l'effet de Jans serait en train de s'estomper au sein du PS. Des complications pourraient également survenir, puisqu'une autre membre d'un gouvernement cantonal, Evi Allemann, candidate elle aussi.

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Matthias Aebischer

Toujours aimable et bien disposé, le tempérament ensoleillé de Matthias Aebischer, 56 ans, est source de bonne humeur – un peu comme une pilule de vitamine D. En tant que politicien spécialisé dans l'éducation et le sport, il évolue toutefois plutôt à l'écart des projecteurs. En revanche, il est bien toléré et ne fait de mal à personne.

Domaine d'application et effet: en tant qu'ancien présentateur de télévision, Aebischer a une bonne prestance. Cela ne fait jamais de mal en politique. Son charme est particulièrement apprécié par ses collègues romands du groupe parlementaire. Parallèlement, les jeunes pères et les hommes au foyer autoproclamés sont bien vus chez les socialistes.

Risques et effets secondaires: Aebischer est considéré comme peu efficace par son propre groupe parlementaire. De plus, en tant que Bernois, il fait face à des contre-indications supplémentaires. Non seulement à cause du Bernois déjà en poste au gouvernement Albert Rösti, mais aussi parce que la Bernoise Evi Allemann, en tant que femme, est considérée comme un atout pour le PS. Le fait qu'Aebischer n'ait pas d'expérience exécutive lui coûte des points Tarmed supplémentaires.

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Evi Allemann

La conseillère d'Etat bernoise est la seule femme dans la course à la succession d'Alain Berset. A 45 ans, c'est déjà la deuxième fois qu'elle tente de devenir conseillère fédérale, mais elle a désormais de bien meilleures chances d'obtenir son ticket. Car le PS ne peut pas se permettre de ne pas nommer de femme. Allemann est donc une sorte d'antiacides, bonne contre les brulures d'estomac et dont on ne peut tout simplement pas se passer dans une course avec autant de médocs... euh de candidats.

Domaine d'application et mode d'action: Allemann joue en équipe et préfère agir en arrière-plan plutôt que sur le devant de la scène. Son ambition est de trouver la meilleure solution à un problème en concertation avec toutes les personnes concernées. Elle s'assure que les autres médicaments déploient pleinement leurs effets sans faire trop de dégâts. Ce mode d'action convient particulièrement aux estomacs bourgeois.

Risques et effets secondaires: Allemann a longtemps siégé au Conseil national. Mais depuis 2018, elle déploie ses effets au gouvernement cantonal bernois. C'est pourquoi son nom s'est légèrement estompé au Palais fédéral, où elle veut à nouveau intervenir. C'est la faiblesse de ce genre de médicaments: ils sont importants, mais peu connus.

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Daniel Jositsch

Son effet est puissant, mais ses effets secondaires peuvent également être violents: Daniel Jositsch fait penser à un antibiotique. Le Zurichois de 58 ans a pris les devants avec sa candidature. Et ce, alors qu'il voulait déjà devenir conseiller fédéral l'année dernière – et qu'il avait alors déclenché de violentes réactions de rejet, en particulier chez les femmes du groupe parlementaire.

Domaine d'application et impact: même si le conseiller aux Etats zurichois n'a pas vraiment d'expérience exécutive, on lui fait confiance pour devenir conseiller fédéral. En tant que professeur de droit, il apporte le savoir-faire juridique pour le poste. Il est par ailleurs – effet secondaire agréable – très apprécié de la population. Son profil politique, plutôt à l'aile droite du PS, fait de lui le médicament préféré des bourgeois.

Risques et effets secondaires: il existe des incompatibilités avec Jositsch, en particulier dans son propre camp, ce qui diminue ses chances d'obtenir une place sur le ticket du PS. Le fait qu'il fasse parfois passer ses intérêts avant ceux du parti est mal perçu. Cela peut le rend imprévisible. Une caractéristique qui n'est pas appréciée pour les potentiels conseillers fédéraux. Mais s'il parvient à la sélection finale, son élection est probable.

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Jon Pult

A 39 ans, le remède naturel des Grisons en est encore au stade de l'étude clinique pour les habitués de la politique. Pult parle et rêve en trois langues, a la double nationalité suisse et italienne et souhaite conserver ses deux passeports même en cas d'élection.

Domaine d'application et effet: Pult rajeunirait considérablement le Conseil fédéral. Il est particulièrement bien accueilli par les jeunes socialistes. Certes, il ne fait de la politique que depuis quatre ans à Berne, mais il est déjà président de la commission des transports. Il est considéré comme prometteur, même si d'autres font remarquer que son efficacité n'est pas encore suffisamment prouvée.

Risques et effets secondaires: son jeune âge pourrait aussi être un inconvénient. Certes, s'il était élu, il aurait le même âge que le conseiller fédéral Alain Berset (51 ans) à l'époque de son accession au gouvernement, mais il aurait nettement moins d'expérience. L'effet secondaire le plus grave est toutefois son origine. Alors que Bâle, la ville pharmaceutique, attend depuis plus de 50 ans un siège au Conseil fédéral, les herbes médicinales de la campagne sont déjà suffisamment représentées au Conseil fédéral.

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