La radicalisation touche de plus en plus de jeunes de 15 à 25 ans, révèle un sondage représentatif réalisé par l’Université des sciences appliquées de Zurich et l’Université de Fribourg, et relayé par «Le Matin Dimanche». Réalisée auprès de 1600 personnes en Suisse romande et alémanique, l'étude montre en effet que la nouvelle génération a davantage tendance à virer plus homophobe, xénophobe, islamophobe et antisémite que les précédentes... Un «monde qui fait peur» en cause (entre autres).
Les chercheurs ont notamment soumis à l'échantillon des affirmations extrêmes, telle que: «par leur comportement, les juifs sont complices de leurs persécutions», ou «l’homosexualité est immorale». Et certains de ces discours haineux ont recueilli une large approbation de ceux qu'on appelle la génération Z.
C'est-à-dire que «26% des personnes interrogées pouvaient être considérées comme xénophobes, 15% homophobes, 10% islamophobes et 8% comme antisémites», écrivent nos confrères. Et «les proportions sont particulièrement importantes chez les moins de 17 ans. Les garçons étant plus souvent d’accord avec ces affirmations que les filles.» D'après les experts, ce qui interpelle surtout, c'est la progression générale des taux, toutes catégories confondues — qui sont passés de 49% à 66%.
L'homophobie, le plus gros virus
D'après l'enquête, c'est l'homophobie qui a le plus progressé chez les jeunes. À savoir de 66% en deux ans à peine. Particulièrement inquiétant: chez les 15 à 17 ans, «23% de tous les sondés étaient d’accord avec les déclarations selon lesquelles l’homosexualité» est «immorale» ou «dégoûtante», relaie «Le Matin Dimanche».
Interrogé par le média, Roman Heggli, directeur de Pink Cross — l’organisation faîtière des hommes gays et bisexuels en Suisse — explique que, presque chaque jour en 2023, leur helpline a enregistré un délit motivé par la haine de la communauté LGBTQI (ce qui fait 305 cas au total). Et de «nombreux crimes de haine sont perpétrés par de jeunes hommes, déplore Roman Heggli. Souvent, il s’agit d’un groupe de garçons qui veulent se prouver mutuellement leur prétendue virilité en attaquant un homme gay.»
Des jeunes qui ont «peur»?
Pour expliquer le phénomène, le média interroge d'autres experts, dont Marco Bezjak, travailleur social et président de la fondation Mojuga. Il avance que la Gen Z, de nos jours, ressent «l’insécurité tout autant, voire plus, que les adultes. Ces repères flous poussent [les jeunes] à se tourner vers des positions extrêmes. Celles-ci procurent un prétendu sentiment de sécurité, parce qu’elles désignent un adversaire clair.»
Une autre experte met en avant l'influence des réseaux sociaux, qui rendent les guerres moins lointaines et abstraites, par exemple. Ce qui pousserait cette génération vers une vision plus manichéenne du monde. La pandémie de Covid-19, les inquiétudes quant au réchauffement climatique, et le besoin de sentiment de sécurité au milieu de tout cela sont aussi cités comme éléments d'explication de cette tendance à la radicalisation.