Les chiffres ont apporté de l'eau au moulin des opposants et ont fait froncer les sourcils d'autres caisses de pension: la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP), sur laquelle la Suisse votera le 22 septembre, entraînerait des pertes de rentes parfois considérables pour de nombreuses coiffeuses, bouchers ou jardinières, par exemple, rapportait le «Tages-Anzeiger» en juin.
Le journal s'appuyait sur les chiffres de la caisse de pension Proparis, une grande caisse de l'artisanat. Au total, 58% des quelque 70'000 assurés de Proparis devraient s'attendre à une baisse de leur rente. Et même 79% des coiffeuses de plus de 50 ans. L'Union syndicale suisse (USS) se sert de ces calculs pour mobiliser contre la réforme.
Les chiffres ne sont pas exact
Mais il s'avère maintenant que les données ne sont pas exactes. La fondation de prévoyance a reconnu auprès de la SRF et des journaux de «CH Media» que les valeurs indiquées n'étaient «pas correctes». Des recherches ont montré que les chiffres n'indiquent pas combien d'assurés ont reçu moins de rentes — mais combien d'entre eux devraient payer plus en fin de compte selon un modèle de calcul. Mais que si l'on tient compte, par exemple, de l'augmentation des cotisations salariales ou du financement solidaire du complément de rente.
Les chiffres ont été mal interprétés, s'est défendu auprès de «CH Media» l'expert en caisses de pension André Tapernoux, qui a effectué les calculs pour Proparis.
Mais pourquoi les personnes concernées ne le disent-elles que maintenant et pourquoi n'ont-elles pas rectifié l'erreur bien plus tôt? Il y a quelques semaines, Blick avait également interpellé le directeur de Proparis, Michael Krähenbühl, au sujet du calcul. La fondation n'a tout d'abord pas voulu s'exprimer sur les chiffres. Lorsqu'on lui a demandé comment s'expliquaient ces valeurs étonnantes, la caisse de pension n'a pas dit un mot sur le fait qu'elles n'étaient pas du tout correctes.
«Nous n'avons jamais voulu faire campagne»
Il n'était pas encore clair à ce moment-là que les chiffres qui circulaient pouvaient donner lieu à une interprétation erronée, explique Krähenbühl. Les calculs ont été effectués en mars 2023 et n'ont plus été actualisés. Après que des tiers ont remis en question l'évaluation en question, il s'est senti obligé d'analyser à nouveau les chiffres avec l'expert. Ce n'est qu'alors que l'on s'est rendu compte de la mauvaise interprétation de ce calcul. « Les chiffres ont apporté de l'eau au moulin des opposants. La réforme de la prévoyance professionnelle (LPP) sur laquelle la Suisse votera le 22 septembre entraînera des pertes de rentes parfois importantes pour de nombreuses coiffeuses, bouchers ou jardinières par exemple, rapportait le «Tages-Anzeiger» en juin.
Krähenbühl rejette l'accusation selon laquelle il y aurait un calcul politique derrière tout cela. «Nous n'avons jamais voulu faire campagne». Les calculs n'ont toujours été destinés qu'à un usage interne.
Les coiffeuses restent perdantes
Pour l'Union syndicale, qui a fait campagne pour la votation avec ces chiffres, tout cela est très agaçant. La fédération affirme ne pas avoir vérifié les chiffres de Proparis. Il n'y avait aucune possibilité ni aucune raison de le faire, puisque les calculs avaient été effectués par des experts en caisses de pension, explique la secrétaire centrale Gabriela Medici. «Nous sommes partis du principe que les exemples de chiffres et les déclarations contenus dans les documents étaient corrects».
L'organisation patronale demande que les informations trompeuses soient corrigées et rectifiées. Proparis entend fournir des calculs corrects dans les prochains jours.
On adaptera ensuite les documents de vote, dit l'USS. Elle tient à souligner que rien ne change sur le fond. Tapernoux, qui a fait les calculs, a confirmé à l'association que 79 pour cent des coiffeuses assurées chez Proparis n'ont certes pas à craindre une baisse de leur rente, mais que la réforme devrait leur coûter globalement plus qu'elle ne leur rapporte.