Le voile se lève sur les perdants et les gagnants
Qui profitera de la réforme de la LPP? Des caisses de pension nous dévoilent leurs calculs!

La réforme des caisses de pension est source d'incertitude. Des grandes institutions de prévoyance ne peuvent ou ne veulent pas dire qui serait touché par des réductions ou des augmentations de rentes. D'autres caisses dévoilent leurs calculs à la demande de Blick.
Publié: 09.08.2024 à 09:44 heures
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Tout au plus un tiers des assurés des caisses de pension est concerné par la réforme, affirme la Confédération. Mais qui exactement?
Photo: Keystone
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Lea Hartmann

Oui ou non? La votation du 22 septembre sur la réforme des caisses de pension concerne des millions d'employés dans le pays. Mais qui en profitera? Et qui fait partie des perdants?

La Confédération ne veut pas s'aventurer et ne s'exprime qu'avec beaucoup de retenue. L'affaire est trop complexe, les facteurs décisifs trop individuels. Enfin, il existe environ 1400 caisses de pension, chacune avec ses propres plans de prévoyance.

La Confédération estime grossièrement qu'au maximum un tiers des assurés est concerné. La ministre des Affaires sociales Elisabeth Baume-Schneider a conseillé de se renseigner auprès de son propre assureur si l'on veut savoir plus précisément quelles seront les conséquences de la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP) pour soi-même.

Qui recevra plus de rente?

Mais même les caisses de pension se montrent, en partie, complaisantes. Blick s'est renseigné auprès de plus de 30 grandes caisses. Nous avions une chose en tête: Selon leurs estimations, combien de pourcentage des assurés devraient recevoir plus de rente, combien moins?

De nombreux assureurs n'avaient pas de réponse satisfaisante. Ils indiquent qu'il y a encore trop d'inconnues pour pouvoir donner des indications fiables. Ou que les calculs ne sont pas encore disponibles.

Concrètement, il est difficile de chiffrer les effets. Il s'agit d'estimations qui sont entachées de nombreuses incertitudes, surtout lorsqu'elles concernent des personnes qui ne prendront leur retraite que dans plusieurs décennies. Et les détails ne seraient réglés qu'en cas d'acceptation.

Les caisses de pension font de la résistance

Il y a toutefois des assureurs qui ont effectué des analyses, mais qui veulent garder les résultats détaillés pour eux.

Axa, l'un des plus grands acteurs du marché, en fait partie. Avec 430'000 assurés, près d'un employé sur dix a son compte de caisse de pension chez Axa. L'entreprise n'a pas voulu donner de chiffres. L'explication est trop compliquée à donner.

Sur l'insistance de Blick, Axa a finalement annoncé que 15% des assurés devraient s'accommoder d'une réduction de leur rente. Environ 65% devraient avoir «une perspective de rente plus élevée». C'est ce que révèlent des modèles de calcul. L'assurance ne veut pas donner d'autres informations, tel que le montant moyen du gain de rente ou sur les différences de conséquences financières selon les branches.

La caisse de pension Proparis n'avait pas non plus l'intention de rendre ses calculs publics. Mais ils sont parvenus au «Tages-Anzeiger», qui a ensuite rapporté que la réforme de la LPP entraînerait une baisse de la rente pour 58% des assurés de Proparis. La caisse de pension a réagi en bloquant toute communication sur le sujet.

D'autres caisses ne veulent même pas donner une estimation grossière du nombre de leurs assurés susceptibles d'être concernés. Allianz, par exemple, écrit que son effectif de 75'000 assurés est trop faible pour pouvoir se prononcer. La fondation Vita, qui compte tout de même 200'000 assurés, la caisse de pension de la Baloise (100'000 assurés) et Asga (160'000 assurés) ne se prononcent pas non plus.

D'autres caisses sont transparentes

D'autres caisses de pension donnent des informations plus ouvertes. Interrogées par Blick, plusieurs institutions de prévoyance affirment que la réforme n'a pas du tout d'impact direct sur leurs assurés, car leurs plans de prévoyance vont bien au-delà du minimum légal. Il s'agit surtout de caisses de pension de grandes entreprises. Ainsi, les assurés des caisses de pension de Novartis, UBS, Credit Suisse, CFF, Migros, Coop et de la Poste n'ont pas ou très peu à craindre de réduction de leur rente. Il en va de même pour la caisse de pension de la Confédération.

Il en va tout autrement pour les caisses dont les plans de prévoyance sont moins généreux. A la caisse de pension du Groupe Mutuel, plus de 6000 des 25'000 assurés ne sont assurés qu'au minimum, ils doivent s'attendre à une réduction de leur rente.

Tellco, l'une des plus grandes fondations collectives indépendantes de Suisse selon ses propres indications, a effectué des calculs détaillés. Elle assure environ 100'000 employés de plus de 10'000 entreprises, principalement des petites et moyennes entreprises. Selon Tellco, la réforme signifierait une augmentation de la rente pour près de la moitié des assurés à emploi fixe. Environ un quart des assurés devrait en revanche s'attendre à une réduction de leur rente, et pour le quart restant, aucun changement ne serait à prévoir.

Les travailleurs de la construction dans le rouge

Les employés du secteur de la santé et du social ainsi que du commerce de détail font par exemple partie des bénéficiaires de la Tellco. Cela s'explique par le fait que de nombreuses femmes travaillent dans ces branches. Les branches dominées par les hommes sont plutôt confrontées à une réduction des rentes. Cela concerne principalement les personnes âgées entre 40 et 50 ans. Les travailleurs du bâtiment, par exemple, se retrouvent dans le rouge: la moitié des assurés qui bossent dans le bâtiment devraient s'attendre à une réduction de leur rente.

Ces données doivent toutefois être considérées avec prudence, elles ne peuvent pas être automatiquement appliquées à d'autres caisses de pension. De plus, les rentes plus ou moins élevées ne sont qu'un aspect de la question. La baisse des bonifications de vieillesse modifie également les déductions salariales pour de nombreux assurés.

«Si quelqu'un reçoit par exemple 150 francs de salaire en moins par mois et qu'il reçoit finalement 8 francs de rente en plus, il faut se demander si on peut appeler cela une augmentation de la rente», explique Gabriela Medici, secrétaire centrale de l'Union syndicale suisse.

Un signal d'alarme pour les syndicats

En guise de conclusion, la tendance est à l'avantage des bas salaires et des travailleurs à temps partiel qui ne sont pas ou peu assurés au-delà du minimum légal. Parmi eux, beaucoup de femmes. Les perdants sont en revanche les plus de 50 ans et la classe moyenne – c'est-à-dire les personnes dont le salaire mensuel se situe entre 5000 et 7000 francs environ, explique Gabriela Medici.

Le fait que la réforme soit si complexe que même de nombreuses caisses de pension ne veulent pas s'exprimer sur ses conséquences concrètes est un signal d'alarme pour la syndicaliste. «Brutale» est cette réforme, et particulièrement pour ceux qui prendront leur retraite dans les prochaines années. Oui ou non? La décision du 22 septembre devrait être particulièrement difficile à prendre.

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