Nili Margalit a été otage du Hamas pendant près de deux mois. Elle est présente au WEF 2024 de Davos (GR) pour appeler le monde à oeuvrer à la libération des 136 personnes encore retenues. «Je ne retrouverai jamais la vie que j'avais avant le 7 octobre», a dit l'Israélienne de 41 ans dans un entretien à Keystone-ATS. Avec d'autres, elle est la première ancienne otage à se rendre en Suisse depuis qu'elle a été libérée.
«Je ne peux pas exprimer à quel point je suis inquiète pour ceux que j'ai laissés derrière moi», dit cette femme qui admet «ne pas aller bien». Elle participe «à la plus importante conférence au monde pour s'exprimer en leur nom parce qu'ils ne peuvent le faire».
Peur de parler
Pour ne pas mettre en danger les otages, elle ne souhaite pas dire ce qu'elle pense, ni raconter les discussions qu'elle a pu avoir avec ses ravisseurs. Mais leurs visages sont encore bien présents.
Infirmière, Nili Margalit a aidé la vingtaine de personnes plus âgées retenues avec elle par le Hamas dans un tunnel. Elle a établi une liste de médicaments et était «leurs yeux», la plupart n'ayant pas leurs lunettes avec eux après l'attaque du groupe islamiste radical dans leur kibboutz. «J'ai pu trouver une sorte de signification» à cette captivité en le faisant, dit-elle.
Manque d'air , de nourriture – un bol de riz et une demi-part de pain pour seul repas par jour –, manque de médicaments, les conditions étaient difficiles. Les autorités israéliennes et des familles d'otages avaient critiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), incapable selon elles de faire passer les médicaments qu'il fallait aux personnes retenues. Des accusations qui mettent en danger celles-ci et le personnel de l'organisation humanitaire, avait répondu la présidente de l'institution Mirjana Spoljaric.
«Nous comprenons que le CICR n'a pas d'autorité à Gaza», affirme, aux côtés de Nili Margalit, Noam Peri, fille d'un octogénaire toujours retenu dans le tunnel où son amie se trouvait. La responsabilité ne peut être attribuée qu'au Hamas, dit-elle. Mais l'organisation, les Etats-Unis, le Qatar et tous ceux présents à Davos «doivent faire tout ce qu'ils peuvent» et «choisir leur camp».
Elle ne veut pas retourner chez elle
Nili Margalit ne se voit pas quitter Israël. Mais elle ne peut retourner chez elle. «Ma maison a entièrement brûlé. Je n'ai plus rien», dit-elle, alors que son père a été tué le 7 octobre par le Hamas. Très affectée, elle ne peut pas avancer tant que les otages ne sont pas libérés.
De son côté, Noam Peri sait que Chaim, son père, est «un homme fort» et «optimiste». Contrairement à d'autres familles d'otages, elle ne se prononce pas sur la volonté du Conseil fédéral de considérer le Hamas comme une organisation terroriste. «Je ne suis pas une diplomate, ni une politique», glisse-t-elle.
«Je ne peux pas dire à la Suisse quelle serait la meilleure approche», ajoute-t-elle, disant «faire confiance» à Berne pour trouver la meilleure voie. Mais elle souhaite que la Suisse tente d'aider dans cette affaire.
(ATS)