Israël a poursuivi dimanche ses bombardements sur la bande de Gaza assiégée et dans une situation humanitaire désespérée pour les Palestiniens après bientôt trois mois de guerre contre le Hamas en cette fin d'année noire pour les deux parties. Au moins 48 Palestiniens ont été tués dans des frappes au cours de la nuit sur la ville de Gaza, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas au pouvoir dans le territoire palestinien. Dix-huit corps ont été retrouvés jusqu'ici.
Une autre frappe sur le campus de l'Université Al-Aqsa de Gaza a fait au moins 20 morts, selon la même source. «Après l'explosion, nous sommes arrivés sur les lieux et nous avons vu des martyrs partout (...), des enfants sont toujours portés disparus», a témoigné Mohamed Btihan, un habitant de Gaza.
L'armée israélienne a indiqué avoir tué plus d'une dizaine de combattants ennemis lors de combats au sol, de frappes aériennes et de tirs de chars, ajoutant avoir localisé des tunnels du Hamas et des explosifs dans une école maternelle. La guerre se poursuivra encore pendant «de nombreux mois», a averti le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
«Nous sommes bombardés tous les jours»
«Nous espérions que l'année 2024 arriverait sous de meilleurs auspices et célébrer le Nouvel An chez nous, en famille. Mais la situation est difficile», a déploré Mahmoud Abou Shahma, 33 ans, dans un camp de déplacés à Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza. «Comment se fait-il que le monde entier fasse la fête alors que nous sommes bombardés et massacrés tous les jours ici?», demande un déplacé, qui n'a pas donné son identité, rencontré par l'AFPTV au camp de réfugiés de Jabaliya.
En Israël, les célébrations du Nouvel An s'annoncent plus sobres que d'habitude à Tel-Aviv, capitale de la fête, où les bars seront ouverts toute la nuit, mais l'ambiance ne sera pas la même, des dizaines de milliers de jeunes étant mobilisés sur le front.
Année meurtrière
Selon un nouveau bilan annoncé dimanche par le ministère de la Santé du Hamas, 21'822 personnes, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, ont été tuées dans le petit territoire palestinien surpeuplé depuis le début de la guerre, et 56'451 blessés. Dimanche, le Bureau central des statistiques palestiniennes a indiqué dans un communiqué que l'année 2023 a été «la plus meurtrière» depuis la Nakba (ndlr: «catastrophe» en arabe), référence à la première guerre israélo-arabe qui éclate en 1948 après la création de l'Etat d'Israël et pousse 760'000 Palestiniens à l'exode.
Ces dernières semaines, l'armée israélienne s'est déployée dans le nord de la bande de Gaza, puis vers Khan Younès (sud) et récemment dans les camps du centre de ce territoire où 1,9 million d'habitants (85% de la population) ont dû fuir leur foyer en raison des combats. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre la menace croissante de propagation de maladies infectieuses et l'ONU a dit craindre une famine.
«Ramenez-les!»
Benjamin Netanyahu a lui réaffirmé dimanche qu'Israël poursuivrait sa guerre «dont la justice et la moralité sont sans équivalent», réagissant aux accusations d'«actes de génocide» portées par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Les proches d'otages retenus dans la bande de Gaza maintiennent eux la pression sur le gouvernement israélien. Plus d'un millier de personnes ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv en soutien aux otages et à leurs proches, en scandant «ramenez-les à la maison!»
Les médiateurs internationaux, menés par le Qatar et l'Egypte, étaient parvenus à négocier une trêve d'une semaine fin novembre ayant permis la libération de plus de 100 otages et l'entrée à Gaza d'une aide limitée. Ils poursuivent actuellement leurs efforts en vue d'une nouvelle pause dans les combats.
Une délégation du Hamas, mouvement classé organisation terroriste par l'UE, les Etats-Unis et Israël notamment, est arrivée vendredi au Caire pour transmettre «la réponse des factions palestiniennes» à un plan égyptien prévoyant la libération d'otages et une pause dans les affrontements.
Tensions en mer Rouge
Cette réponse sera donnée «dans les prochains jours», a affirmé dans un communiqué Muhammad al-Hindi, secrétaire général adjoint du Jihad islamique, un groupe armé combattant aux côtés du Hamas. Interrogé samedi soir, Benjamin Netanyahu est resté évasif sur les tractations de coulisses, mais a assuré que la guerre allait continuer encore «pendant plusieurs mois».
Israël «doit d'abord mettre fin à la guerre à Gaza» pour les hostilités avec le Liban «cessent», a averti dimanche le numéro deux du Hezbollah Naïm Qassem.
En mer Rouge, l'armée américaine a annoncé dimanche avoir coulé trois bateaux des rebelles yéménites Houthis alliés de l'Iran, accusés d'avoir attaqué un porte-conteneurs. Dix d'entre eux ont été tués par cette attaque de «l'ennemi américain», a confirmé sur X (ex-Twitter) le porte-parole des rebelles Yahya Saree.
(AFP)