Ils sont 450 sur la liste d'attente
Alors qu'il risque de perdre ses jambes, l'hôpital le fait poireauter 4 mois

A 63 ans, Peter Rudolf von Rohr a peur de ne plus pouvoir marcher, voire de mourir. En effet, il est atteint d'une maladie cardiaque, ainsi que de problèmes nerveux dans les jambes. Mais pour obtenir un rendez-vous à l'hôpital de Bâle, c'est la croix et la bannière.
Publié: 16.09.2024 à 15:56 heures
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Dernière mise à jour: 16.09.2024 à 16:51 heures
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Le bénéficiaire d'une rente AI montre à Blick les dossiers relatifs à son cas.
Photo: Ralph Donghi
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Ralph Donghi
A 63 ans, Peter Rudolf von Rohr, de Rümlingen (BL), a souvent du mal à se lever.
Photo: Ralph Donghi

Les hôpitaux suisses sont surchargés: à 63 ans, Peter Rudolf von Rohr en a fait la malheureuse expérience. L'homme domicilié à Rümlingen, dans le canton de Bâle, souffre en effet d'une grave maladie cardiaque, ainsi que de troubles nerveux et circulatoires dans les jambes qui empirent au fil des années. «Mais pour obtenir un rendez-vous au service de neurologie de l'hôpital universitaire de Bâle, qui détient tous mes dossiers, je dois attendre jusqu'à quatre mois.»

La cause? Ce fameux surchargement hospitalier. «Il y aurait plus de 450 personnes sur la liste d'attente», se plaint le Bâlois. Pourtant, il est pressé par le temps, car il en va de ses jambes, et faute de prise en charge, de sa vie. «Ma grande peur, c'est qu'il soit trop tard.»

Un long calvaire

Le calvaire de ce père de deux enfants commence en 2012, alors qu'il est soudainement pris de palpitations cardiaques. «On m'a dit que l'aorte s'était déchirée, mais on a pu m'opérer pour régler le problème.» Seulement, il perd trop de sang alors qu'on le recoud, après trois heures et demie d'intervention. «J'ai de nouveau été opéré, car l'aorte s'était encore déchirée.» Il a alors reçu une greffe d'aorte artificielle, d'environ trois centimètres de long. «Je suis resté dix jours dans le coma suite à cette seconde opération. Depuis, mes capacités cardiaques fonctionnent à 30%.»

En raison de ce handicap, un petit défibrillateur lui a été posé au-dessus du cœur en 2017. Mais il a souffert d'effets secondaires abondants, qui l'ont mené à «avaler douze comprimés par jour». Depuis deux ans, il a les jambes très faibles. «Je peux à peu près marcher droit, mais j'ai des problèmes de coordination», explique-t-il. «J'ai donc parfois besoin d'aide.»

Son médecin de famille a souhaité évaluer son état. Il y a deux semaines déjà, elle désirait fixer un rendez-vous à l'hôpital universitaire de Bâle. Mais lorsque Peter Rudolf von Rohr a appelé le secrétariat de l'hôpital la semaine dernière, «on m'a refusé le rendez-vous, pour m'annoncer qu'il y avait jusqu'à quatre mois d'attente en ce moment.»

Il a répété l'appel cette semaine, sans succès. A bout de patience, il a annoncé être titulaire d'une pension invalidité, et qu'ainsi si quelqu'un annulait, il était prêt à reprendre leur rendez-vous. «On m’a dit que ce n’était pas possible, car il y avait plus de 450 patients en liste d'attente.»

Ancien juge de ligne de la Fifa

L'homme de 63 ans est désormais à bout: «Pour les malades nerveux qui doivent être hospitalisés d'urgence, cette situation met en danger leurs vies». Mais alors, pourquoi ne se rend-il pas aux urgences? «Parce que j'ai besoin d'aide de la part du secteur neurologique!» Et le temps presse. En effet, il a été arbitre assistant de la Fifa dans les années 90, c'est-à-dire juge de ligne. Il sait interpréter les signaux du corps: «J'ai l'impression qu'il est minuit moins cinq pour mes jambes.»

Mercredi, Peter Rudolf von Rohr a contacté directement la direction de l'Hôpital universitaire de Bâle, en vain. Jeudi matin, il n'a toujours pas reçu de rendez-vous. Que se passe-t-il dans les hôpitaux suisses?

«Manque de personnel qualifié et pression sur les coûts»

L'hôpital universitaire de Bâle ne veut pas entrer en matière sur le cas de l'ancien assistant d'arbitre. Mais le porte-parole de l'hôpital universitaire Nicolas Drechsler confirme: «En principe, il y a des délais d'attente de plusieurs semaines dans certaines cliniques spécialisées et en consultations, selon le degré de gravité de la maladie présentée.» Il est compréhensible que ces délais d'attente «semblent très longs».

Nicolas Drechsler évoque «l'évolution démographique, le manque de personnel qualifié, le nombre limité de places disponibles et la pression sur les coûts». Il ajoute: «La demande de nos prestations augmente continuellement, notamment en raison de la grande qualité médico-soignante de notre établissement.»

Mais les ressources médicales, infirmières et spatiales ne peuvent pas suivre le même rythme. On recrute intensivement de nouveaux collaborateurs, on rénove les infrastructures et on optimise l'offre en permanence, «pour que les délais d'attente soient les plus courts possibles». Espérons qu'il en sera de même pour Peter Rudolf von Rohr.

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