C’est une décision qui déchaîne les passions. Le Conseil fédéral devrait se prononcer mercredi sur le modèle d’avion de chasse que la Suisse achètera. Des rumeurs récentes ont donné le modèle américain F-35 comme gagnant, ce qui ne plaît pas beaucoup aux dirigeants européens notamment avec la sortie récente de la Suisse de l’accord-cadre.
Des expéditeurs très influents
C’est dans ce contexte qu’une offre de 700 pages pour l’Eurofighter, l’avion de combat du consortium européen (avec la participation d’Airbus), a atterri sur le bureau de Viola Amherd. Le paquet était accompagné d’une lettre à la ministre de la Défense signée par ses homologues, les ministres de la défense de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et du Royaume-Uni.
Selon les sources du SonntagsBlick, les propositions concrètes portent sur des partenariats transfrontaliers dans les domaines de la coopération militaire, de l’énergie, de la coopération économique, des réseaux scientifiques, de la politique de l’environnement et des transports, des technologies numériques, de la cybersécurité et des projets d’infrastructure.
La «lettre des quatre nations» devient un élément clé du dossier
Bien entendu, tous les acteurs de cette décision font du lobbying à leur niveau pour un choix du Conseil fédéral qui vaut des milliards: le gouvernement d’Emmanuel Macron a fait pression en faveur du Rafale lors de diverses réunions et le président américain Joe Biden a plaidé pour l’acquisition du F-35 à Genève auprès de Guy Parmelin juste avant de rencontrer Vladimir Poutine.
La «lettre des quatre nations», comme on l’appelle en interne, aurait toutefois été un facteur décisif dans le conflit en cours au sein de l’administration. Un groupe important a émergé, qui fait l’éloge de la vente d’armes comme moyen de compenser les risques politiques européens.
L’armée réclame les F-35 américains
D’autre part, la pression a également augmenté de la part des personnes influentes dans l’armée. Ces dernières réclament le jet américain F-35, qui selon les vendeurs serait l’équivalent d’une «Ferrari au prix d’une Ford».
Cela a suscité des tensions et de l’hostilité de toute part ainsi que des déclarations contradictoires sur le coût réel des avions, la possibilité d’une panne ou les véritables intentions des différents fournisseurs.
Le F-35 annoncé comme gagnant avant même la décision officielle
Les suppositions ont laissé place à des affirmations: l’information selon laquelle Viola Amherd aurait choisi le F-35 est diffusée à la télévision suisse et reprise dans la «NZZ».
Les réactions ne se sont pas fait attendre. La gauche a menacé de lancer une initiative populaire au cas où les Américains remporteraient la course, les experts ont élevé la voix contre la «Ferrari des airs», et tout à coup, les défenseurs du F-35 se sont mis sur la défensive (bien que, selon les médias, cet avion obtienne les meilleurs résultats sur les critères techniques évalués).
Beaucoup d’éléments entrent en compte dans le choix et l’exploitation future de ces avions et sont liés au traitement des données: la neutralité, la confidentialité et la sécurité deviendront des sujets sensibles, d’autant plus si le modèle américain l’emporte. Alors qu’avec l’Eurofighter, la chaîne de montage final de tous les appareils se trouve en Suisse, avec le F-35, cela ne s’applique qu’à quatre jets. En outre, en cas de réparation du modèle fabriqué aux États-Unis, des ingénieurs américain seraient amenés par avion et travailleraient derrière les portes fermées des hangars suisses.
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Une décision qui va fâcher l’Europe mercredi?
La tension monte du côté des fournisseurs européens après la victoire annoncée du F-35. Certains se demandent même si le Conseil fédéral est correctement informé sur tous les modèles puisque chaque dossier comprend pas moins de plusieurs milliers de pages. Leur décision est attendue pour mercredi.
Renato Kalbermatten, porte-parole du Département de la défense, a déclaré: «Toutes les offres et informations pertinentes pour les soumissions ont été adressées à armasuisse et ont été prises en compte dans l’évaluation. La conseillère fédérale Viola Amherd a discuté d’autres aspects – par exemple, les possibilités de renforcer les relations en matière de politique de sécurité – avec les ministres responsables des pays fournisseurs lors de réunions dédiées.»
Quatre critères pris en compte pour le choix final
Selon le porte-parole du département de la Défense, l’évaluation au niveau fédéral était basée sur quatre critères: l’efficacité (prise en compte à 55%), le service de maintenance (à 25%), la coopération et les mesures compensatoires (à 10% chacune). Rénato Kalbermatten ajoute: «Le rapport d’évaluation d’armasuisse reçu par le Conseil fédéral, contient donc les résultats de l’évaluation de tous ces critères.»
Concernant la lettre des quatre nations, il précise que le DDPS «ne commente pas en principe la correspondance entre le ministère et les États».
Quels que soient le fournisseur et le modèle d’avion qui remporteront la course, la pression politique exercée sur le gouvernement vis-à-vis de ce choix restera immense.