Donner ses vocaux à la science
À vos téléphones, l'Université de Neuchâtel veut entendre votre jolie voix!

Une vaste campagne participative vient de démarrer à l'Université de Neuchâtel (UniNE). Objectif: récolter des messages vocaux envoyés par WhatsApp pour de futures recherches en linguistique.
Publié: 07.11.2023 à 18:11 heures
Des linguistes neuchâtelois veulent analyser vos messages vocaux.
Photo: D.R.
ANTOINE ZOOM (1).png
Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Vous êtes une personne étrange — ou carrément détestable — et vous adorez noyer vos contacts de plus ou moins longs messages audio sur WhatsApp? La campagne participative qui vient de démarrer à l’Université de Neuchâtel (UniNE) est faite pour vous!

Dans les détails, le projet «Donnez vos vocaux à la science» est une initiative «novatrice», qui vise à collecter un vaste échantillon d’extraits de parole provenant de différentes régions de la Suisse romande, détaille l’institution dans un communiqué envoyé ce mardi. «Les messages vocaux fournissent une source riche de données qui constitueront une archive sonore inédite», écrit-elle.

Pour mener cette recherche, l’équipe scientifique est composée d’une et d’un professeur de l’UniNE ainsi que d’un collaborateur scientifique. Le but de ces linguistes: récolter des données qui pourraient conduire à des avancées significatives dans des domaines tels que la compréhension du langage, l’identification des accents régionaux, l’émergence de nouvelles expressions, ou encore la reconnaissance vocale, la vitesse d’articulation et le débit de parole.

Des audios déjà existants

«Les messages vocaux constituent des données précieuses, assure dans le document adressé à la presse Laure Anne Johnsen, professeure titulaire à l’Institut de langue et civilisation françaises. Ils sont souvent spontanés et reflètent une situation de parole authentique, enregistrée dans des conditions réelles d’échange par messagerie. Ils n’ont pas été créés pour notre recherche mais existent déjà.» Elle précise: «Notre campagne participative vise à récolter des audios déjà existants.»

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

La spécialiste enchaîne: «On utilise les vocaux pour communiquer avec des personnes dont on est proche sur des sujets et dans des situations du quotidien. Ces messages capturent de la parole ordinaire et se distinguent d’extraits de parole préparée, publique ou mise en scène. Il s’agit d’une pratique de communication émergente, dont on ne connaît pas le destin et qu’il reste à caractériser, notamment en contraste avec d’autres modes de communication comme les échanges en face-à-face, les appels téléphoniques, les SMS, etc.»

«Perspectives très prometteuses»

Mathieu Avanzi, professeur ordinaire et directeur du Centre de dialectologie et d’étude du français régional, ajoute: «Les sciences participatives désignent l’ensemble des procédés utilisés par les équipes de recherches pour faire participer la foule à leurs activités scientifiques. Le centre de dialectologie de l’UniNE, qui fête ses 50 ans cette année, a une longue expérience dans ce domaine.»

Selon lui, les smartphones et les réseaux sociaux ouvrent de nouvelles perspectives dans la recherche et la collecte de données, permettant d’avoir accès à des milliers d’échantillons dans des temps records, de façon décentralisée. «Les perspectives qu’offre ce paradigme de recherche sont très prometteuses et constituent de nouvelles opportunités passionnantes pour l’avancement de notre connaissance du français parlé par les jeunes Romandes et Romands», s’exclame-t-il encore. Pour davantage d’informations et pour participer à l’étude, cliquez ici.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la