C'est une arnaque singulière qui mélange conseils boursiers non sollicités, jolies jeunes femmes et manipulations d'actions à Hong-Kong. Elle est le thème central du film de Scorsese, Le loup de Wall Street, avec Leonardo Dicaprio.
Mais pour ce Veveysan récemment victime de cette fraude, cela n'a rien d'une fiction. Le Vaudois, ainsi qu'un Tessinois et des victimes venues de toute l'Europe ont formé un groupe. Ils sont une vingtaine et auraient perdu, au total, plus de 2 millions de francs. Cet été, ils ont contacté le «Matin Dimanche» pour mettre en lumière leur infortune.
Deux femmes, un même pseudo
Salvatore Campo, l'habitant de la Riviera, a perdu 18'500 francs en investissant dans l'action China Internet Investment Finance Holdings Ltd. Cette dernière a perdu 90% de sa valeur en une nuit, fin janvier dernier, après une hausse pourtant prometteuse. Mais qu'est-ce qui a poussé le Veveysan à investir dans la société cotée à la Bourse de Hong Kong?
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Le journal dominical a remonté la piste de deux jeunes femmes chinoises opérant sous le pseudonyme de Bai Qian. Elles approchent leurs «clients» de la même façon, sur les réseaux sociaux puis par WhatsApp. Elles envoient des photos attestant d'une vie luxueuse et de liens avec la Bourse hongkongaise. Elles convainquent ainsi leurs interlocuteurs d'investir à leur tour.
Faire grimper en injectant des petites sommes
Toute l’arnaque repose sur des sociétés qui existent vraiment. Selon les autorités de Hong Kong, contactées par le «Matin Dimanche», ce sont de petites sociétés cotées en Bourse, dont les actions n’ont pas grande valeur et n’engendrent pas beaucoup de transactions. Il est donc possible de manipuler ces actions en investissant des petites sommes sur le marché.
Ainsi, le cours augmente réellement durant quelques mois, les victimes en ont la preuve… avant la dégringolade. Ces dernières sont prévenues trop tard de la chute. Les escrocs qui trafiquent le cours de la société empochent leurs gains juste avant l’effondrement.
Probables liens mafieux
Les deux Bai Qian, et au moins une autre femme agissant sous pseudo, ne seraient qu'un visage pour une arnaque bien installée dans l'environnement criminel de Hong Kong. Deux spécialistes des fraudes en ligne analysent, dans les colonnes de l'hebdomadaire, la probable participation d’actionnaires et de dirigeants des sociétés ciblées. Des équipes sûrement liées à la mafia locale collaboreraient avec eux, en trouvant notamment des investisseurs sur les réseaux sociaux.
Prévention difficile
Difficile de faire de la prévention contre cette fraude de haute voltige. Les banques suisses mettent en garde contre les transferts d'argent ou de données, contre les faux produits financiers ou le démarchage agressif de pseudo-traders.
Mais rien de tout cela ne correspond à cette fraude précise. L'investissement se fait sans intermédiaire et «Bai Qian» ne donne pas dans la hargne. Elle pourrait même se montrer séductrice.
De son côté, le Veveysan a été et veut retourner à Shenzhen. C'est depuis cette ville chinoise, proche de Hong Kong, qu'opèrent les fausses Bai Qian. Il est déterminé à récupérer son argent.