Des milliers de francs par cas
Les cantons et les contribuables paient aussi pour le tourisme de la mort

Alors qu'une première personne est décédée ce mardi dans la capsule de suicide Sarco, la Suisse semble devenir une destination de choix pour ceux qui veulent mourir. Mais ces décès coûtent aux cantons plusieurs centaines de milliers de francs par an.
Publié: 25.09.2024 à 10:15 heures
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Dernière mise à jour: 25.09.2024 à 10:22 heures
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Lundi, la première personne, une Américaine de 64 ans, est décédée dans la capsule mortelle Sarco.
Photo: AFP
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Joschka Schaffner
La capsule mortuaire Sarco développée par Exit International, avec laquelle un patient euthanasié peut mourir en quelques secondes en appuyant sur un bouton.
Photo: KEYSTONE

C'est arrivé à Schaffhouse: la première personne est décédée lundi dans la capsule de décès Sarco. Le même jour, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider répondait à une question de la conseillère nationale de l'Union démocratique du centre (UDC) Nina Fehr Düsel sur la capsule. Sa conclusion: «Sarco n'est pas conforme à la loi».

La députée avait déjà demandé une interdiction en août. «La Suisse deviendrait sinon une terre de mort», avait-elle alors déclaré au «Tages-Anzeiger». Ce faisant, la conseillère nationale a occulté la question: Le nombre de suicides assistés en Suisse augmente déjà depuis des années. Les cantons sont particulièrement mécontents, car les étrangers qui souhaitent mourir entraînent des coûts considérables pour eux, et donc pour les contribuables.

Les autorités doivent intervenir en cas de suicide

En février, l'organisation d'aide au suicide Pegasos de Bâle-Campagne avait déplacé ses activités de l'autre côté de la frontière cantonale. Dans le hameau de Roderis, au sein de la commune soleuroise de Nunningen, Pegasos exploite une clinique de fin de vie dans une auberge de campagne transformée. Tant la commune que le canton n'en savaient rien avant son ouverture.

Si quelqu'un met fin à ses jours à la clinique, les autorités soleuroises doivent intervenir. Le Coût? 3000 francs par cas. C'est ce que le gouvernement a chiffré en avril dans sa réponse à une question d'un parlementaire du Centre de Nunningen. Les coûts concerneraient en premier lieu le médecin de l'office, l'Institut de médecine légale de Bâle ainsi que la police cantonale. En effet, si un «cas de décès exceptionnel» est constaté, une enquête est obligatoire. Pegasos accueille principalement des personnes en fin de vie venant de l'étranger. L'organisation de Nunningen n'a pas souhaité révéler au Blick le nombre de personnes qu'elle a accompagnées vers la mort jusqu'à présent.

Les cantons n'ont pas la possibilité de répercuter les coûts

Les chiffres du canton de Bâle-Campagne le montrent: Ils seront nombreux. Selon la direction cantonale de la sécurité, 340 accompagnements au suicide ont eu lieu l'année dernière auprès des organisations actives dans le canton de Bâle-Campagne (Pegasos, Eternal Spirit et Exit). Parmi les personnes décédées, la majorité - 284 personnes - n'avait pas de domicile fixe en Suisse.

Les enquêtes ont coûté au moins 300 000 francs par an au canton de Bâle-Campagne. En effet, selon la direction de la sécurité, un «décès exceptionnel» entraîne des dépenses d'environ 913 francs. Contrairement au canton de Soleure, les frais de personnel n'ont pas été pris en compte. Comme à Soleure, cette situation a déjà fait l'objet d'un débat politique au parlement cantonal de Bâle-Campagne. Il en va de même dans le canton de Zurich. Le problème: les cantons n'ont pas la possibilité de facturer les frais aux organisations d'assistance au décès. «La prise en charge des coûts dans les procédures pénales est réglée de manière exhaustive dans le code de procédure pénale national», écrit la direction de la sécurité de Bâle-Campagne. Il n'existe pas de compétence cantonale en la matière.

Les chiffres concernant les suicides accompagnés rarement recensés

En outre, des chiffres définitifs sur les suicides assistés font défaut en de nombreux endroits. Souvent, les cantons n'ont pas une vue d'ensemble du nombre de personnes qui choisissent chaque année le suicide assisté sur leur territoire. Interrogé à ce sujet, le ministère public du canton de Zurich a indiqué qu'il ne tenait pas de statistiques sur la fréquence et le lieu de résidence.

Le canton d'Argovie ne peut pas non plus fournir de chiffres précis, même si le nombre de cas a légèrement augmenté au cours des cinq dernières années. En 2023, le canton aurait enquêté sur 37 suicides assistés. Mais les statistiques de la police semblent incomplètes: le seul rapport annuel de l'association d'aide au suicide Exit Suisse alémanique, qui ne prend en charge que les personnes domiciliées en Suisse, parle de 121 suicides assistés en Argovie.

Les organisations restent discrètes

Parmi les associations qui reçoivent des personnes de l'étranger, seule Dignitas Suisse présente des chiffres publics. Depuis sa création en 1998, plus de 90% des personnes en fin de vie prises en charge n'avaient pas de domicile fixe en Suisse. L'année dernière, cela représentait 235 cas sur 250 dans toute la Suisse.

Le chiffre noir du tourisme de la mort reste donc élevé. Selon l'Office fédéral de la statistique, plus de 1 500 personnes vivant en Suisse ont choisi de se suicider en 2022. Ce chiffre a doublé en l'espace de huit ans. On peut supposer que les cas supplémentaires en provenance de l'étranger augmenteront dans les mêmes proportions. Avec ou sans Sarco.

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