Il défend sa ville bec et ongles. Non, pour Christian Weiler, Municipal d'Yverdon-les-Bains en charge de la sécurité publique, la Station thermale n'est pas le Bronx de la Suisse romande – au contraire. Cinq jours après l'impressionnant braquage à main armée raté d'une épicerie du quartier des Moulins, l'élu du Parti libéral-radical (PLR) sort (enfin) du bois.
Pour Blick, Christian Weiler dézingue les clichés qui collent à la peau de la capitale nord vaudoise et répond à son allié de droite aux dernières élections, le président de la section locale de l'Union démocratique du centre (UDC) Christophe Loperetti, qui s'est montré critique envers sa politique sur nos plateformes. Notre entretien.
La Municipalité d’Yverdon-les-Bains a mené, entre 2020 et 2022, un «diagnostic sécuritaire
participatif» dans les quartiers résidentiels de la ville. C'est-à-dire? Une démarche qui se base sur «l’expérience concrète des habitantes et habitants pour évaluer notamment la sécurité des lieux urbains», d'après le communiqué de presse avec les résultats, publié en juin 2023.
Voici les principaux résultats.
- Une bonne satisfaction concernant la sécurité dans les quartiers (84%)
- Un sentiment de sécurité très élevé de jour (95%) et en diminution en période nocturne
(72%). Une baisse plus marquée chez les femmes. - Un évitement d’au moins un lieu du quartier pour des raisons de sécurité pour plus d’un quart des répondant·es (28%).
La Municipalité d’Yverdon-les-Bains a mené, entre 2020 et 2022, un «diagnostic sécuritaire
participatif» dans les quartiers résidentiels de la ville. C'est-à-dire? Une démarche qui se base sur «l’expérience concrète des habitantes et habitants pour évaluer notamment la sécurité des lieux urbains», d'après le communiqué de presse avec les résultats, publié en juin 2023.
Voici les principaux résultats.
- Une bonne satisfaction concernant la sécurité dans les quartiers (84%)
- Un sentiment de sécurité très élevé de jour (95%) et en diminution en période nocturne
(72%). Une baisse plus marquée chez les femmes. - Un évitement d’au moins un lieu du quartier pour des raisons de sécurité pour plus d’un quart des répondant·es (28%).
Christian Weiler, est-ce que vous avez été choqué lorsque vous avez vu le fait divers qu'est le braquage à main armée de l'épicerie des Moulins?
Pour moi, ce n'est pas un fait divers, c'est un événement marquant. Et je ne dirais pas que cela m'a choqué: nous côtoyons malheureusement des drames régulièrement. En revanche, cela nous (ndlr: la Municipalité) a mis une fois encore en alerte, oui.
Le commerçant dit avoir eu affaire à des voleurs, armés ou non, au moins une dizaine de fois en vingt-cinq ans d'exploitation. Il affirme ne pas se sentir assez soutenu par la Municipalité...
Je peux comprendre son sentiment, déjà parce que c'est un sentiment qui, par définition, lui appartient. Nous avons pris contact avec ce Monsieur et nous allons le rencontrer le mardi 4 juin prochain. C'est ce qui pourra ressortir de cette rencontre qui compte.
Ne pensez-vous pas qu'il aurait été de bon ton de vous rendre directement sur place après les faits afin de manifester votre soutien au lieu d'attendre plus d'une semaine?
Les autorités politiques n'agissent pas dans la précipitation, mais selon un protocole. Et ce protocole veut que ce soit la police et les services juridiques qui interviennent en premier dans ce genre de cas. Mon service a eu un premier contact avec lui – contact dont je me suis évidemment enquis. On lui a proposé l'aide du centre d'aide aux victimes d'infractions (LAVI) à deux reprises. Les policiers se sont rendus sur place après les faits. Enfin, nous avons fixé la rencontre de la semaine prochaine hier (ndlr: le jeudi 30 mai).
C'est surtout la sécurité de son magasin qui l'inquiète. L'épicier dit qu'il a déjà fait tout ce qui était en son pouvoir pour se protéger au mieux: porte en acier, caméras... Est-ce que vous comptez faire quelque chose pour l'aider à mieux se protéger à ce stade?
Nous allons voir, lors de notre rencontre, ce qu'il attend de nous et ce qu'on peut lui offrir. On peut proposer des solutions.
Lesquelles, par exemple?
Nous avons déjà équipé un certain nombre d'établissements de moyens d'appel d'urgence (ndlr: vers un centre de secours). Nous avons au minimum deux patrouilles de police à disposition en permanence. Mais il est illusoire, pour un acte qui dure 30 à 40 secondes, d'envisager avoir une présence policière systématique près de tous les commerces de la ville. Par ailleurs, ce sentiment d'insécurité peut être ressenti ailleurs. Le cas de ce Monsieur de l'épicerie des Moulins est un cas rare, mais qui n'est malheureusement pas isolé. Cela peut arriver ailleurs.
Pour revenir sur les propos qu'a tenus sur nos plateformes Christophe Loperetti, président de l'UDC Yverdon-les-Bains et votre allié lors des dernières élections municipales: est-ce que les forces de l'ordre yverdonnoise mettent plus d'énergie à amender des voitures mal garées qu'à traquer les voleurs?
Ce postulat me surprend beaucoup, puisque ce ne sont pas les mêmes polices! Les agents de sécurité publique, qui ne sont pas des policiers, amendent notamment les parcages illicites des véhicules, et la police municipale ou cantonale est chargée des taches régaliennes de sécurité. Les deux n'ont rien à voir. Avancer ce genre de lieu commun qui mélange tout me choque, surtout de la part d’un élu. (ndlr: Christophe Loperetti siège au conseil communal d'Yverdon-les-Bains).
Mais est-ce que la police municipale ne manque tout de même pas de moyens pour faire correctement son travail, comme l'avance également Christophe Loperetti?
La présence policière, on peut toujours en avoir plus, mais cela n'empêchera pas ce genre d'événements d'arriver. Et ce n'est pas à Yverdon qu'il y a le plus de braquages! Les propos de Christophe Loperetti sur vos plateformes laissent penser qu'Yverdon, c'est le Bronx... Alors que c'est complètement faux. Nous avons récemment publié nos statistiques sur la criminalité, et non, nous ne sommes pas une ville plus dangereuse que les autres en Suisse. Il est absolument faux de dire que c'est le cas!
Donc vous rétorquez à toutes les personnes qui nous ont fait part de leurs inquiétudes quant à la sécurité aux Moulins lors de notre reportage après le braquage que leurs craintes sont infondées?
Le sentiment d’insécurité et la réalité de la criminalité sont deux choses différentes, mais les deux doivent être traités. Leurs craintes proviennent aussi des personnes qui entretiennent la rumeur comme quoi Yverdon est une ville plus dangereuse que les autres, alors que c'est faux. En réalité, nous avons une criminalité plus basse que d'autres villes romandes de la même taille. Et puis, il y a des problèmes dans tous les quartiers: il y a des personnes qui ne se sentent pas en sécurité à la gare, par exemple, ou même à la plage... Et le risque zéro n'existe pas.
Lorsqu'on se balade aux Moulins, il est difficile de ne pas qualifier ce lieu de pas très accueillant — avec ces grandes tours grises, et peu de lieux où les gens peuvent se réunir. Pourquoi est-ce que la Municipalité laisse dépérir ce quartier?
Encore une fois, je n'adhère pas à ces propos! Nous venons d'inaugurer une maison de quartier, une garderie et des aménagements extérieurs aux Moulins. Nous y avons une présence policière de proximité régulière, comme dans les autres quartiers. C'est un lieu qui bénéficie encore de nombreuses places de parking.
Bref, circulez, y'a rien à voir: pour vous, tout va bien, Yverdon n'a aucun problème de sécurité publique, et ceux qui disent le contraire sont des mauvaises langues?
Non, non, ce n'est pas ce que je dis. Il y a des problèmes à Yverdon, comme il y en a dans les autres villes, contre lesquels nous luttons. Nous avons une équipe policière spécialement dédiée au deal, par exemple. Et les résultats sont probants. Mais dire qu'Yverdon, et en particulier les Moulins, sont des lieux particulièrement dangereux, c'est propager des rumeurs infondées qui participent, en réalité, à l'insécurité et la stigmatisation de la ville et de ce quartier en particulier.