Les milieux homosexuels attendent avec impatience, parfois avec crainte, la date du 26 septembre. Ce dimanche-là, la population suisse se prononcera sur le «mariage pour tous». En cas de oui, les couples gays et lesbiens pourront à leur tour se dire oui. Et adopter, ou recourir au don de sperme.
«Si le mariage égalitaire est accepté, la lutte ne sera pas terminée pour autant», avertit cependant Tamara Funiciello, conseillère nationale socialiste bernoise et membre du comité de l’Organisation suisse des lesbiennes. Elle est aujourd’hui l’une des coprésidentes du nouvel intergroupe parlementaire LGBTI (en référence aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes). Le 12 juin, son collègue Damien Cottier (PLR), avait annoncé en primeur sa création dans nos colonnes. Objectif: «Coordonner nos interventions aux Chambres fédérales et réunir nos forces», nous avait-il confié. Joint par Blick ce 18 juin, il développe: «Le but est aussi de trouver des majorités entre nos différents groupes politiques et de discuter des aspects tactiques pour augmenter les chances de succès». Le petit groupe sera accompagné par différentes associations de défense des droits arc-en-ciel.
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Ce 18 juin, en exclusivité, Blick vous emmène à la rencontre de 7 de ses 9 membres, de tout bord politique, parfois homosexuels, parfois non. Nous leur avons demandé de dévoiler les raisons de leur engagement et de nommer un combat qui leur tient particulièrement à cœur.
Tamara Funiciello, conseillère nationale socialiste bernoise:
«Je suis la seule femme «out» du Parlement!»
La raison de son engagement: «Au comité de LOS (ndlr: Organisation suisse des lesbiennes), je suis entourée de femmes qui se battent pour leurs droits. Je leur dois bien cela. Je suis bisexuelle et la seule femme «out» du Parlement. Le dire fait aussi partie de mon approche politique. Dans un Parlement de droite, il faut un intergroupe comme le nôtre pour faire changer les choses. Il y a beaucoup de blocages.»
Un combat à mener: «La version actuelle du mariage pour toutes et tous permet à un couple lesbien de recourir à un don de sperme dans une banque de sperme, mais pas en privé. Passer par une banque de sperme coûte cher, mais c’est le seul moyen pour les deux mères d’être reconnues dès la naissance de l’enfant. C’est un scandale. Si elles le faisaient dans le privé, la seconde mère devrait alors passer par une longue et coûteuse procédure d’adoption de l’enfant de sa partenaire. Encore une fois, les femmes sont mises de côté.»
Hans-Ueli Vogt, conseiller national UDC zurichois:
«L’homophobie augmente avec une certaine immigration»
La raison de son engagement: «Il faut que les personnes homosexuelles aient les mêmes droits que les autres. Sur le plan politique, c’est surtout la gauche qui s’empare de ce sujet. Il me semble important que les partis qui ne s’engagent pas systématiquement pour les droits des personnes homosexuelles soient représentés dans cet intergroupe. Dans un sens, il faut aussi signaler aux électeurs de droite qu’on peut s’engager dans ce domaine en tant que politicien de droite. Ceci même si ça ne plaira pas à certains.»
Un combat à mener: «En allemand, comme en anglais, on dit qu’il y a «un éléphant dans la pièce» (ndlr: un gros sujet tabou que l’on décide d’ignorer). Il faut dire les choses comme elles sont: l’homophobie augmente avec une certaine immigration, soit l’immigration de certaines cultures ou religions homophobes. La gauche ne veut pas l’accepter. Il faut quelqu’un dans cet intergroupe pour nommer ce problème.»
Lisa Mazzone, conseillère aux États verte genevoise:
«J’ai grandi avec cette réalité: cela éveille l’envie de se mobiliser contre les injustices»
La raison de son engagement: «J’ai toujours vécu avec la connaissance de cette réalité-là. Quand on grandit avec ça, que cela fait partie de notre quotidien et qu’on se rend compte plus tard des discriminations que subissent les personnes LGBTQIA +, cela éveille l’envie de se mobiliser contre ces injustices. Dès mon arrivée sous la Coupole fédérale, je me suis engagée sur ces questions. Agir contre ces discriminations, c’est agir pour un meilleur vivre ensemble.»
Un combat à mener: «Le fait que nous avons étendu la norme pénale antiraciste à l’homophobie mais pas à la transphobie me laisse un goût amer. Il y a aussi la question des discriminations envers les personnes LGBTQIA + dans les prisons, dans les cas des personnes trans*, notamment.»
Damien Cottier, conseiller national PLR neuchâtelois:
«Le classement «Rainbow Europe 2021» place la Suisse au 22e rang sur 49!»
La raison de son engagement: «Dès le moment où je me suis porté candidat aux élections fédérales de 2019, c’était l’un des sujets que j’avais envie de porter au Parlement. Il reste beaucoup de choses à régler pour atteindre l’égalité: le classement «Rainbow Europe 2021» place la Suisse en 22e place sur 49 pays! Étant gay moi-même, il me semble naturel de contribuer à la réflexion globale et à la sensibilisation.»
Un combat à mener: «Un des premiers combats que nous allons mener est l’interdiction des thérapies de conversion, qui engendrent beaucoup de souffrance. Nous n’avons pas pu traiter une motion en ce sens, déposée il y a deux ans, lors de cette session parlementaire. Le délai pour la voter étant dépassé, nous en déposerons une nouvelle en septembre, probablement aux Conseil des États.»
Matthias Michel, conseiller aux Etats PLR zougois:
«En tant qu’homme hétérosexuel, je n’ai pas vécu d’expériences discriminatoires»
La raison de son engagement et son combat: «L’Etat, en particulier, ne doit en aucun cas discriminer les gens et doit garantir une égalité de traitement pour toutes et tous, comme le veut la Constitution fédérale. En tant qu’homme hétérosexuel, je n’ai pas vécu d’expériences discriminatoires. C’est pourquoi je ne veux pas fermer les yeux!»
Angelo Barrile, conseiller national socialiste zurichois:
«Il faut améliorer la protection des réfugiés LGBTI persécutés»
La raison de son engagement: «L’idée de créer un intergroupe groupe parlementaire LGBTI sous la coupole existe depuis 2 ans et elle me trottait aussi dans la tête. De nombreux problèmes existent encore et j’espère que la création de ce groupe permettra un échange d’idées plus régulier.»
Un combat à mener: «En particulier, il faut combattre les crimes de haines contre les personnes homosexuelles et la discrimination. Il faut aussi améliorer la protection des réfugiés LGBTI persécutés dans leur pays. Il existe des personnes qui ne peuvent pas vivre leur orientation sexuelle dans leur pays d’origine, dont la demande d’asile est refusée par la Suisse!»
Philipp Kutter, conseiller national zurichois, Le Centre:
«Je veux promouvoir l’égalité et le respect de la communauté homosexuelle»
La raison de son engagement: «Lorsqu’on fait société, il est important que nous nous traitions, les uns les autres, avec respect. Que nous respections les différents modes de vie et que nous les reconnaissions comme égaux aux autres. Je m’oppose à toute forme de discrimination envers les personnes LGBTQIA+.»
Un combat à mener: «Je me bats pour un vote positif pour le «mariage pour tous» dans les urnes le 26 septembre. Je veux promouvoir l’égalité et le respect de la communauté homosexuelle.»
Le nouvel intergroupe parlementaire LGBTI, selon sa dénomination officielle, compte encore Kathrin Bertschy, conseillère nationale vert’libérale bernoise, qui n’a pas répondu aux sollicitations de Blick. Un communiqué diffusé ce 19 juin indique en outre que le conseiller national vert genevois Nicolas Walder est le neuvième coprésident de l'intergroupe.