Lorsqu'il s'agit de l'initiative sur les rentes, les partisans sortent l'artillerie lourde. «Nous courons droit vers un raz-de-marée démographique avec des conséquences financières gigantesques», s'alarme le président des jeunes libéraux-radicaux Matthias Müller. Le conseiller national PLR zurichois Andri Silberschmidt évoque lui un «trou de 100 milliards».
La raison de ce scénario d'horreur? L'évolution démographique. L'espérance de vie continue d'augmenter – malgré une baisse récente due au Covid – et les baby-boomers arrivent actuellement à l'âge de la retraite... et cela se ressent sur les caisses de l'AVS.
Les jeunes libéraux-radicaux veulent résoudre ce problème avec leur initiative sur les rentes, qui sera soumise au vote le 3 mars. Celle-ci prévoit que l'âge de la retraite passe d'abord de 65 à 66 ans d'ici à 2033, après quoi il devra automatiquement être couplé à l'espérance de vie.
Ailleurs, l'âge de la retraite est plus élevé
Travailler au-delà de 65 ans, cela se fait déjà dans de nombreux pays. Certains disposent même déjà d'un mécanisme d'adaptation plus ou moins automatique qui lie directement l'âge de la retraite à l'espérance de vie. C'est le cas de la Bulgarie, du Danemark, de l'Estonie, de la Finlande, de la Grèce, de l'Italie, des Pays-Bas, du Portugal et de la Suède, comme le montre un rapport de l'Office fédéral des assurances sociales.
En Italie, par exemple, l'âge départ à la retraite était fixé à 60 ans en 2012. Il s'élève aujourd'hui à 67 ans. Aux Pays-Bas, il était de 66 ans et sept mois en 2022. Il sera désormais progressivement porté à 67 ans. En Suède, il passera également à 67 ans à partir de 2026. Et au Danemark, il devrait passer de 67 ans aujourd'hui à 68 ans en 2030, et même à 69 ans en 2035.
Un «optimisme pour l'avenir» décisif
«Pour résoudre les problèmes démographiques, nous ne pourrons pas éviter, en Suisse non plus, de relever l'âge de la retraite», estime Hendrik Budliger, chercheur au centre de compétences Demografik. Selon lui, l'espérance de vie de la population suisse continue d'augmenter, et ce n'est pas tout. «L'espérance de vie des hommes et des femmes s'égalise. Les hommes rattrapent leur retard.»
Les experts ne sont toutefois pas d'accord sur le fait de savoir si l'espérance de vie continue d'augmenter de manière significative ou si elle s'aplatit lentement et stagne. «Un facteur décisif pour l'espérance de vie est le degré d'optimisme d'une personne face à l'avenir», explique Hendrik Budliger. C'est de cet optimisme pour l'avenir que dépend la décision d'investir dans sa formation ou sa santé.
Celui qui n'a pas de perspectives positives est plus enclin à l'alcool, aux drogues ou à l'obésité. Avec les conséquences qui en découlent: «Chez les hommes moins bien formés ou socialement défavorisés, l'espérance de vie diminue à nouveau dans certains pays. Nous le voyons déjà aux États-Unis ou aux Pays-Bas.» Chez les femmes, en revanche, la tendance est toujours à la hausse. «Les femmes ont généralement un style de vie plus sain que les hommes.»
«Le taux de natalité est beaucoup trop bas en Suisse»
La structure d'âge devient un défi pour la société en raison du grand nombre de personnes âgées, mais aussi en raison du manque de jeunes. «Le taux de natalité est beaucoup trop bas en Suisse et l'immigration beaucoup trop faible pour compenser le vieillissement, même lorsque la vague des baby-boomers sera passée», explique Hendrik Budliger. Selon lui, la population active entre 20 et 65 ans stagne et doit donc supporter des charges de plus en plus lourdes.
Le chercheur évoque à ce propos un écart significatif sur le marché du travail: dans une même année, la quantité de personnes qui commencent à travailler à 20 ans est bien plus faible que le nombre de personnes qui prennent leur retraite à 65 ans. Hendrik Budliger prédit même un pic en 2029. C'est à ce moment que ces valeurs devraient diverger le plus, avant de se rapprocher à nouveau lentement.
Les «nouveaux» seniors s'occupent des «anciens» seniors
«Pour réduire le problème lié à cet écart sur le marché du travail, la population active doit augmenter», explique le démographe. Cela ne peut se faire qu'avec un taux de natalité nettement plus élevé, une immigration massivement accrue et, justement, un âge de la retraite plus élevé.
«Beaucoup de personnes qui ont aujourd'hui de 65 ans se sentent en meilleure santé et plus jeunes que les générations précédentes», rappelle-t-il. Le marché du travail a besoin de ces personnes actives. «Les nouveaux seniors doivent de plus en plus s'occuper des anciens, notamment dans le domaine des soins.» L'expert ne considère pas le relèvement de l'âge de la retraite comme un problème. «Travailler plus longtemps n'est pas seulement une obligation, c'est aussi un droit», estime-t-il. «Même en cas d'augmentation, il restera toujours 20 à 30 ans de retraite.»