«Rendre l'AVS résistante à l'avenir»
Le président des Jeunes PLR veut relever l'âge de la retraite

Le président des Jeunes libéraux-radicaux suisses est le moteur de l'initiative sur l'augmentation de l'âge des retraites. Si l'on en croit Matthias Müller, nous devrions tous travailler plus longtemps.
Publié: 28.01.2024 à 06:02 heures
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Dernière mise à jour: 28.01.2024 à 08:02 heures
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Les Jeunes libéraux-radicaux de Matthias Müller ont un plan pour l'AVS.
Photo: Philippe Rossier
Silvana Degonda
Silvana Degonda

Le nombre de jeunes adultes qui souhaitent travailler moins et consacrer plus de temps à leurs amis et à leur famille augmente. Ce n'est pas le cas de Matthias Müller. Le président des Jeunes libéraux-radicaux suisses est à la tête de l'initiative sur les retraites.

Si cela ne tenait qu'à lui, les femmes et les hommes travailleraient jusqu'à 66 ans, et ce, dès 2033. Puis, l'âge de la retraite devrait continuer à augmenter automatiquement si l'espérance de vie moyenne s'allonge. «Le financement de l'AVS est un sujet brûlant sur lequel personne ne veut se brûler les doigts, affirme l'homme de 31 ans. Mais nous devons rendre l'AVS résistante à l'avenir et adaptée aux personnes âgées.» Mais qui est donc ce jeune homme à l'origine de cette initiative? 

Garder la forme

La lumière est crue, les tuyaux d'aération sont visibles. Dans le centre de fitness zurichois où Matthias Müller s'entraîne, rien n'est chic ou beau, mais tout simplement pratique. L'homme se dirige vers les haltères et prend 50 kilos dans chaque main. Quand il s'attaque à quelque chose, il veut le faire bien. Deux à trois fois par semaine, il travaille ses muscles. «Avant, c'était plus souvent», dit-il en souriant.

L'année dernière, Matthias Müller a réussi son examen d'avocat, comprenant l'autorisation d'exercer le métier de notaire. Il s'est également porté candidat au Conseil national et a pris la vice-présidence du PLR zurichois. «La forme physique est nécessaire, je ne bouge presque pas au travail», affirme-t-il. 

Des racines iraniennes et suisses

Le dimanche précédent, Matthias Müller est allé rendre visite à ses parents. Il a grandi dans une maison à Merenschwand, en Argovie, tout proche de l'ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard. «Nous sommes une famille tout à fait normale de la classe moyenne», dit-il.

Son père, Gabriel Müller, 62 ans, travaille dans une assurance, Sa mère, Roya Müller, 64 ans, est lectrice. Elle vient d'Iran. À 20 ans, elle fuit le régime des mollahs et se réfugie à Paris. C'est là qu'elle fait la connaissance de son futur mari, qui effectue alors un séjour linguistique.

Les racines iraniennes ne jouent pas vraiment de rôle pour Matthias Müller, il parle peu le persan et communique en français avec sa mère. «Elle nous a enseigné les valeurs suisses, elle voulait que nous nous identifiions à la Suisse et que nous nous sentions ici chez nous.»

«J'étais un enfant difficile»

Pourtant, le jeune homme n'a pas toujours été un enfant modèle. Ou comme il le dit :«J'étais un enfant difficile.» Il passe une grande partie de sa jeunesse devant l'ordinateur, jouant jusqu'à dix heures par jour à des jeux vidéo. Ses notes se dégradent, cela ne suffit pas pour aller au gymnase. «J'étais désespéré, je n'avais pas de place d'apprentissage et je ne recevais que des réponses négatives», se souvient-il.

Il entre dans une école de commerce. «J'ai alors compris que je pouvais enterrer mon rêve de devenir avocat!» Il se concentre sur ses études, réussit à entrer au gymnase, finance ses études de droit à l'Université de Saint-Gall avec des petits boulots et fait un doctorat à l'université de Zurich. «C'est ainsi que j'ai appris que je pouvais obtenir beaucoup de choses si je travaillais dur pour les obtenir.» Un credo tout droit sorti d'un manuel libéral.

«Nous distribuons des milliards avec un arrosoir»

Autrefois, la table familiale des Müller était apolitique. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. «Je suis en âge d'être à la retraite mais mon travail me procure du plaisir. Alors pourquoi devrais-je m'arrêter à 64 ans et ne rien faire?», demande Roya Müller. Son fils ajoute: «La plupart des gens aiment travailler et le font longtemps. J'ai étudié et obtenu un doctorat à 30 ans. Il est donc raisonnable de travailler jusqu'à 70 ans. Mais ce n'est pas le cas de mon frère David, qui a commencé son apprentissage d'employé de commerce à 16 ans.»

Il relativise ainsi sa propre initiative. «Il est clair que nous ne pouvons pas traiter de la même manière les personnes travaillant depuis leur plus jeune âge et les étudiants de longue durée.» Matthias Müller ne soutient pas l'initiative pour une 13e rente AVS: «Cela ruinerait l'AVS! Si nous distribuons des milliards avec un arrosoir, ce sont surtout des personnes qui n'ont pas besoin de ce coup de pouce qui en profiteront.»

«De la politique pour une minorité riche»

Un jour plus tard, Matthias Müller prend sa pause de midi à Zurich avec Katherine. La spécialiste en RH et l'avocat sont en couple depuis huit ans et habitent ensemble à Oerlikon. «Je m'intéresse à la politique, mais je ne suis membre d'aucun parti, explique la Lucernoise. Je soutiens bien sûr Matthias dans ses projets politiques.»

Matthias Müller est considéré comme un jeune espoir au sein des libéraux-radicaux, et ses perspectives d'accéder un jour au Conseil national sont bonnes. L'homme a déjà fait preuve de talent rhétorique et d'assurance dans les émissions d'«Arena». «Il s'immisce dans les débats, ce qui n'est pas toujours sympathique. Mais même si nous nous battons à la dure, nous pouvons toujours nous serrer la main», affirme le président de la Jeunesse socialiste Nicola Siegrist. Magdalena Erni, coprésidente des Jeunes Vert-e-s, déclare: «Il fait de la politique pour une minorité riche. J'aimerais qu'il s'engage pour la majorité.»

Le Conseil fédéral rejette son initiative sur les retraites et recommande de voter non le 3 mars. L'augmentation de l'âge de la retraite ne convient pas à la Suisse, déclare la nouvelle responsable du Département fédéral de l'intérieur, Elisabeth Baume-Schneider. Mais Matthias Müller ne serait pas Matthias Müller s'il ne donnait pas tout jusqu'au dernier jour. «Je me réjouis de pouvoir monter sur le ring politique avec la conseillère fédérale.»

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