«Un échange chaleureux et unique à ne pas manquer.» C'est ainsi que le site de Réinfo Santé Suisse présente la conférence-repas de Louis Fouché, qui aura lieu le 25 février à Lausanne. Un échange sur le thème «de l'attente du sauveur à l'autonomie héroïque», accompagné d'un menu et d'un duo d'humoristes.
Cela semble anodin, mais un détail interpelle: le lieu est tenu secret. Il faut payer son inscription pour en être informé.
C'est que les propos de Louis Fouché ont de quoi diviser. La gauche lausannoise s'inquiète ainsi de potentielles «dérives sectaires» et considère la manifestation comme «une menace pour la santé publique». Quinze conseillères et conseillers communaux (législatif) ainsi que les sections lausannoises d'Ensemble à Gauche (EàG) et du Parti socialiste (PS) ont signé une missive adressée à la Municipalité, ce 21 février.
Pourquoi pas interdire?
Le texte implore surtout l'Exécutif d'exercer son «devoir de vigilance». Soit, une forme de prévention au cas où les propos du conférencier violeraient le droit pénal, indique Johann Dupuis, coprésident d'EàG Lausanne, contacté par Blick ce mercredi. «Comme il l'avait fait avec Alain Soral», ajoute-t-il.
Les élus demandent aussi au collège d'examiner «avec la plus grande circonspection toute demande d'autorisation ou de prêt ou location de salles en lien avec cette manifestation».
Et pourquoi pas carrément demander l'interdiction du raout? «Les autorités municipales n'ont pas le pouvoir d'interdire une conférence privée, ça n'aurait pas eu de sens de le leur demander», répond notre interlocuteur.
Un «gourou» qui plaît aux Qanon
Figure des anti-vaccins, l'anesthésiste a été frappé d'une interdiction d'exercer la médecine durant trois mois en novembre. Louis Fouché est considéré comme un «gourou» dans la lettre ouverte des élus de gauche. «Il a qualifié de 'génocide' la vaccination au sein des établissements pour personnes âgées dépendantes, rappelle le courrier. Il a également comparé la gestion sanitaire au 'nazisme' et au 'stalinisme'.»
Le site internet qu'il a fondé, Réinfo Covid, attire désormais des complotistes d'extrême-droite de Qanon, écrit encore Johann Dupuis, l'auteur principal. «Présenté comme une source d'informations contre les mesures sanitaires, Réinfo Covid s’est mué en projet de société avec notamment des velléités de fonder des communautés d’habitation», s'alarment les signataires.
Mouvements suisses anti-injections Covid
Du côté des organisateurs de la conférence lausannoise, on retrouve Réinfo Santé Suisse. Un mouvement qui rassemble des professionnels de la santé critiques des mesures de lutte contre le Covid-19.
Leur charte précise: «Nous sommes prêts à mettre en lumière les incohérences, les tromperies, les conflits d’intérêts et les détournements de la science visant la promotion des injections COVID ou toutes autres thérapies injustifiées.»
Se joint à la branche suisse du site de Fouché le Mouvement fédératif romand. Ce dernier veut abroger la loi Covid et se positionne comme un arbitre entre la «vérité exclusive» des autorités et la «perte de recul intellectuel» dont seraient parfois victimes ceux qui combattent «le courant mainstream».
On retrouve dans le comité le médecin vaudois Philippe Saegesser, dont les propos avaient fait quelques émules dans les sphères antivaccins. La Société vaudoise de médecine s'était penchée sur les déclarations du docteur.
Rupture de plus en plus marquée
Le quotidien français «Le Monde» et la Miviludes (organe étatique de lutte anti-secte française) s'inquiètent de la création d'une communauté dans l'Aveyron (F) par Louis Fouché. Son fonctionnement serait proche d'autres mouvements sectaires.
Depuis le départ en juillet 2021 du médecin de l'hôpital marseillais où il a exercé durant quinze ans, son discours a glissé vers une volonté de rupture de plus en plus marquée, analyse «Le Monde».
«Pires techniques de vente»
C'est également d'une «galaxie d'entreprises très lucratives et rodées aux pires techniques de vente» dont parlent les signataires de la lettre vaudoise pour décrire les forces derrière les conférences de Louis Fouché. Ils décrivent la technique du «one-click».
Cette dernière permet, comme son nom l'indique, de faciliter le paiement d'une place à la conférence du médecin en un clic, sans passer par un formulaire. En plus de «récolter des capitaux», ces événements «(créent) un état de sujétion psychologique chez certaines personnes», craignent les quinze parapheurs.
La manifestation du 25 février est complète. La veille, Louis Fouché donnera une autre conférence au château d'Aubonne.