Des cheveux dorés remontés dans un chignon légèrement défait et un sourire jusqu’aux oreilles, voilà comment Vanille Lehmann se présente lorsqu’on la rencontre pour la première fois. Installée dans un joli petit appartement au cœur de Paris, la jeune femme commence tout juste à faire carrière en tant que comédienne.
Après quelques courts-métrages, des films et des pièces de théâtre, Vanille Lehmann est désormais à l’affiche de «Sacha», une série diffusée sur la RTS et inspirée de la personnalité politique genevoise Nicole Castioni. À l’occasion d’une série de portraits des artistes à suivre en 2022, Blick est allé à la rencontre de la comédienne.
Un parcours scolaire difficile
Lorsqu’on demande à Vanille Lehmann de se décrire, elle grimace: «Je n’aime pas mettre des étiquettes, autant sur moi que sur les autres. À l’école déjà, je détestais me présenter devant la classe en début d’année.» Oui, bon, Vanille Lehmann, c’est qui alors? Eh bien, son histoire commence par l’incarnation d’une petite fille discrète, voire timide. «J’étais souvent au fond de la classe et je me faisais toute petite. En revanche, j’adorais lancer des vannes et faire le clown. Disons que j’ai toujours été un peu paradoxale», s’amuse la Vaudoise de 28 ans.
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L’école justement, ça n’a jamais été vraiment son truc. Elle n’aime pas les cours, qu’elle trouve parfois ennuyeux, souvent inutiles. L’idée que ses performances scolaires dicteront son avenir ou qu’on tente de la faire entrer dans un moule ne lui plaît pas du tout. Ce qu’elle veut, elle, c’est toucher à tout et n’importe quoi, oser sortir des sentiers battus… Bref, être libre. C’est donc très tôt que Vanille a su qu’elle voulait faire du théâtre. «Quand on est comédien, on peut jouer plein de rôles, on ne s’ennuie jamais et surtout, ça permet de comprendre comment fonctionne l’autre», nous confie-t-elle.
La fibre artistique héritée de son grand-père
Mais comment être libre lorsqu’on est ultra-timide et qu’on doit rentrer dans le rang? Eh bien on se trouve un mentor, une inspiration. Celle de Vanille? Son grand-père, une personnalité qui lui évoque des souvenirs pleins d’émotions. «Il était bourru mais très sensible. Il me fait beaucoup penser à Jean Gabin», se rappelle Vanille.
«Je me souviens d’un jour où il m’avait demandé comment s’était passée l’école. Je venais tout juste de rentrer et je lui ai raconté que la maîtresse m’avait engueulée parce que j’avais laissé des trous blancs dans mon coloriage. Mon grand-père a haussé la voix en disant que ma prof était une imbécile et que le blanc était très important dans le dessin. Le blanc est une respiration, un espace supplémentaire. Le blanc est toujours plein de quelque chose, c’est ce qui donne du relief.»
Ce grand-père un peu rustre était en fait artiste peintre. Pour Vanille, c’est sûr, c’est lui qui lui a transmis sa fibre artistique: «Il est parti, mais j’ai l’impression qu’il est encore là, qu’il m’accompagne.»
De l’école Diggelmann à Paris
Même si elle continue encore aujourd’hui de dessiner, honorant ainsi la promesse qu’elle avait faite à son grand-père, Vanille décide ensuite de prendre des cours de théâtre: «Au début, ma maman voulait être sûre que ce n’était pas une envie passagère». Mais en voyant que cette nouvelle passion ne lui passait pas, sa mère l’encourage à poursuivre son rêve et accepte de l’accompagner à la célèbre école de théâtre Diggelmann à Lausanne.
Malgré sa motivation, la jeune Vanille, 14 ans à l’époque, peine à prendre les devants. «Je suis restée assise à observer les autres pendant tout le cours. Un peu avant la fin, Laurence, la prof, m’a demandé de me lever et de faire un exercice. Il fallait faire semblant de feuilleter le journal et lire le nom d’un proche sur la page mortuaire. J’étais tétanisée, mais je l’ai fait.» À la fin du cours, l’enseignante prend la mère de Vanille à part et lui dit: «J’ai un bon instinct, et votre gamine a quelque chose.»
Après six ans chez Diggelmann puis deux ans à Ecole de théâtre Lerel, Vanille part à Paris pour étudier au fameux cours Florent. Elle en est certaine, la France est la promesse de davantage d’opportunités. Elle a raison. Sur place, les projets s’enchaînent. Un jour, alors qu’elle se rend en terrasse pour prendre un café, elle tombe sur le réalisateur Jean-Pierre Jeunet, assis juste à côté d’elle, et ils commencent à discuter. «De fil en aiguille, on s’est rendu compte qu’on partageait le même amour pour Jean Gabin! Comme quoi, le hasard fait bien les choses. Entre nous, je suis sûre que l’esprit de mon grand-papa y est pour beaucoup. Je sais que c’est à lui que je dois cette rencontre fortuite.» La chance ne tarde d’ailleurs pas à lui sourire: Jean-Pierre Jeunet la fera jouer dans le film «BigBug», prévu pour 2022 sur Netflix. Elle rencontre également Benjamin Baffie (fils de Laurent), qui lui propose de jouer dans deux pièces: «Toc Toc» et «Une fille pour deux».
Une pause grâce à la pandémie
La pandémie décide alors de s’imposer un peu partout dans le monde et Vanille rentre dans la maison familiale à Bougy-Villars (VD), le village qui l’a vue grandir. «J’ai vécu ça comme une pause qui m’a permis de me retrouver en famille et de me ressourcer», confie la Vaudoise. Son retour en Suisse tombe plutôt bien, puisqu’on lui propose ensuite de tourner dans la série «Sacha». Au départ, on prévoit qu’elle joue le rôle d’une prostituée roumaine. «J’ai donc dû travailler mon accent. Après coup, on a décidé de prendre une fille qui venait de l’Est et on m’a proposé le rôle d’Elsa Dupraz, la fille du personnage principal.» À la suite de plusieurs castings convaincants, c'est la surprise: on veut la voir dans un rôle plus important. «Finalement, on m’a dit: 'Tu joueras Sacha'. Mais moi, à ce stade de l’avancement du projet, je ne savais même pas encore qui était Sacha», plaisante la comédienne.
Sacha n’est autre que le rôle-titre de la série. Vanille incarne cette femme durant sa jeunesse dans divers flash-back, puis dans une apparition fantomatique qui révèle le contraste avec le personnage incarné dans ces flash-back. Un rôle plutôt difficile: Sacha tombe éperdument amoureuse d’un proxénète avec qui elle entretiendra une relation toxique pendant vingt ans.
Du culot, de la chance et du travail
«Même si le métier de comédien est particulièrement compliqué et semé d’embûches, je sens que je suis à ma place.» Sa timidité maladive, Vanille a réussi à l’apprivoiser. Elle poursuit désormais son rêve, avec un brin de culot, un soupçon de chance et beaucoup de travail.
«Quelque temps avant sa mort, mon grand-père m’a dit une chose qui m’a marquée: 'Tu sais Vanille, si on te demande de peindre le vitrail d’une église et que tu ne l’as jamais fait, tu acceptes et ensuite tu te débrouilles pour réussir à le faire.» Peu après, son grand-père décède. En cherchant des affaires à lui en haut d’une armoire, un carton à dessin tombe sur le sol, laissant découvrir deux feuillets de croquis de vitraux... «Ce jour-là, c’était comme un signe, je savais qu’il fallait oser se lancer et accepter de relever tous les défis pour toucher ses rêves du bout des doigts.» Une leçon que Vanille Lehmann continue d'appliquer aujourd'hui encore.