Les artistes à suivre en 2022
Cinzia Cattaneo, star montante de l'humour romand

Alors que l’humour romand fait la part belle aux hommes, Cinzia Cattaneo se réjouit du nombre de femmes grandissant dans le milieu. Elle était parmi les premières de sa génération. Portait d’une artiste qui démontre qu'on peut rire de tout.
Publié: 07.01.2022 à 17:34 heures
|
Dernière mise à jour: 10.01.2022 à 09:45 heures
L'humoriste genevoise Cinzia Cattaneo sur la scène du Montreux Comedy Festival en 2021.
Photo: Christophe Castejon
Thibault Gilgen

C’est dans un salon de thé carougeois que Cinzia Cattaneo nous fixe rendez-vous. Celle qui acquiesce avec un grand sourire quand on lui demande si elle est Genevoise dans l’âme a emménagé dans le coin récemment, à deux pas du Caustic Comedy Club où elle vient de terminer une résidence de plusieurs mois. Dans la grisaille de l’hiver, c’est en parlant projets, théâtre, humour et scène qu’une note chaleureuse s’invite spontanément. La passion s’entend dans sa voix et ne laisse aucun doute sur son plaisir de monter sur scène.

Du théâtre au Stand Up

Son premier stand up, justement, remonte à 2017 au Banane Comedy Club à Lausanne, tremplin organisé par la radio estudiantine Fréquence Banane. Poussée à s’y inscrire par sa mère, elle s’incline en finale face à Mehidin Susic. Mais le plus important est ailleurs: exit les études de médecine, elle va faire de la scène.

Cinzia Cattaneo collabore rapidement avec la crème de l’humour romand. L’ascension a beau être rapide, elle se souvient bien sûr avec humour du stress de ses débuts. «J’ai joué dans des salles où il y avait six personnes, rigole-t-elle. Mais j’ai énormément appris ainsi». La Genevoise peut compter sur ses camarades de scène plus expérimentés à l’époque, comme Marina Rollman, pour tenir le cap. «Elle m’a donné beaucoup de conseils pour me rassurer. J’ai eu de la chance de débuter à un moment où le milieu de l’humour romand était en plein développement», assure-t-elle.

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«J’ai dû apprendre à me poser»

La chance, certes, mais le talent aussi. Et il ne sort pas de nulle part. Car l’artiste de 25 ans vient du théâtre. La scène, elle connaît et elle l’habite depuis ses plus jeunes années. Pourtant c’est à force de travail qu’elle y sera totalement à l’aise en tant qu’humoriste. «J’ai dû apprendre à me poser, concède la jeune femme. J’avais un peu tendance à partir dans tous les sens». Elle travaille alors énormément en répétition pour apprendre à ralentir le rythme: «Je devais exagérer tous mes mouvements et tous mes propos pour vraiment pousser le truc à fond et être la plus lente possible.» De cette expérience naîtra le personnage de Sylvie, grâce auquel elle remportera le tremplin de Morges-sous-rire. «C’est comme si j’avais dû repasser par le théâtre pour trouver ma voix sur scène». L’enthousiasme est communicatif et la soif de travail impressionnante.

Les projets s’enchaînent: premières parties de Marina Rollman ou Thomas Wiesel notamment, écriture de son spectacle «Toi-même», jusqu’à ses chroniques actuelles dans la matinale de Couleur 3 ou encore son récent passage au Montreux Comedy Festival. Autant d’étapes décisives ayant apporté à Cinzia Cattaneo une riche expérience que peu atteignent aussi jeune. Il faut dire que sa spontanéité séduit. Comme l’indique le titre de son spectacle, elle fait preuve d’une authenticité touchante: «Je ne cherche pas à me construire un univers, je suis simplement moi-même».

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Une sincérité à toute épreuve

Cette sincérité constitue peut-être son principal challenge pour les années à venir: «Réussir à faire plusieurs fois la même blague, avec la même intention et le même rythme, pour garder une justesse est quelque chose que je veux travailler. Avant mon passage au Montreux Comedy par exemple, je ne pouvais tout simplement plus réciter une phrase de mon sketch, tellement j’en pouvais plus. J’ai dû le laisser de côté, souffler un peu avant d’y revenir avec plaisir.» Une jeune artiste qui progresse vite mais qui a malgré tout conscience du chemin à parcourir, de bon augure pour une fructueuse carrière.

Ce qu’elle préfère parmi ses plusieurs casquettes? «Je me définis comme humoriste, je fais du stand up, donc la scène sans hésitation. J’ai besoin de cette interaction avec le public, ce qui me manque à la radio». La pandémie a également relevé cette absence de scène et de public: «J’avais parfois l’impression de ne plus exister», assure-t-elle. Heureusement l’écriture lui permettra de patienter et de monter un nouveau projet, toujours en cours de rodage.

«Il y a de plus en plus de femmes qui tentent leur chance»

Être une femme dans un milieu humoristique romand principalement composé d’hommes est-il compliqué? Elle ne peut couper à la question, et sourit lorsqu’elle nous dit qu’elle l’attendait: «J’ai vécu des choses, on s’est permis de me lancer des phrases, notamment sur mon physique, que bien sûr je n’aurais pas eu besoin d’affronter si j’étais un homme. Lorsque j’ai compris cela, j’ai dû apprendre à poser des limites. Au début, l’ambiance était très masculine, très vestiaire de foot, et comme dans beaucoup de milieux, on est doublement jugé. D’abord en tant qu’humoriste, mais aussi en tant que femme». L’artiste le reconnaît: «Il y a aussi de la discrimination positive, dans le sens où bien souvent, on s’intéresse à moi parce que je suis une femme justement. Mais ce qui m’importe le plus est de passer au-dessus de ça et d’être considérée comme humoriste, qu’on s’intéresse à mon travail pour ce qu’il est.» Une lucidité qui fait du bien.

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«Il y a de plus en plus de femmes qui tentent leur chance sur scène et c’est une très bonne nouvelle», assure Cinzia Cattaneo, qui a également à cœur de travailler avec des humoristes féminines et de leur donner la parole dans des Comedy Club qu’elle organise. C’est dans ce but qu’elle crée le FeliCittà Comedy, en vieille ville de Genève. Une fois par mois, elle propose au bar «Chez Jean-Luc» un plateau d’humoristes confirmés, et invite les novices à s’exprimer sur scène en première partie. Poème, sketch, chanson, «toute personne ayant envie de dire quelque chose est bienvenue», s’exclame-t-elle. Le prochain rendez-vous est fixé au 19 janvier.

Maman malentendante

Même dans une époque où l’on peut facilement se faire épingler pour des blagues de mauvais goût, l’artiste reste philosophe. «J’essaie juste d’être bienveillante. Je fais souvent des blagues noires, mais il faut les faire avec distance, en se remettant en question si nécessaire.» Elle l’avoue, il y a un côté marchand de tapis à son travail: «Nous devons sans cesse emmener le public là où on le souhaite, en dédramatisant le truc et en lui donnant l’assurance que c’est ok de rire quelques instants de tel ou tel sujet». Une manière aussi de rire des difficultés et de rendre hommage aux personnes qui lui sont chères. «Ma maman par exemple est mal entendante, et j’aborde ce thème sur scène. Ce sont parfois les gens qui sont plus mal à l’aise, parce que ce n’est pas leur quotidien. Et moi je leur partage juste le fait qu’on peut en rire.» Une abnégation qui témoigne d’un travail mené avec intelligence.

L’avenir s’annonce donc radieux pour l’humoriste qui vise une résidence à Paris ces prochaines années. «C’est un peu un passage obligé si on veut prendre des risques et garder un peu de piquant», plaisante-t-elle (à moitié). La ville Lumière regorge en effet de portes pour de jeunes artistes passionnés et il se pourrait bien que Cinzia Cattaneo en possède quelques clés.

Biographie de Cinzia Cattaneo

1996: Naissance à Genève

2002: Commence le théâtre à l’école Bois Gourmand puis au Théâtre du Loup

2015: Obtient sa maturité et part vivre huit mois à Londres

2016: Tente médecine à l’Université de Neuchâtel, travaille dans un restaurant de sushis et écrit des blagues en parallèle.

2017: Participe au Banane Comedy Club avec le soutien de sa Maman et termine finaliste du tremplin. Premier plateau à Paris.

2018: L’année du grand saut. Elle travaille avec le Caustic Comedy Club à Carouge, fait les premières parties de Bruno Peki, Marina Rollman ou encore Thomas Wiesel. Elle intègre la troupe des Jokers et travaille à ralentir le rythme. Naît le personnage de Sylvie. Joue Split avec Bruno Peki.

2019: Elle joue son premier spectacle, « Toi-même » et gagne le tremplin du Morges-sous-rire. Cela lui ouvre les portes de la francophonie. Elle joue en Belgique et prévoit une date au Canada mais une certaine pandémie passe par là et retarde ses plans.

2020: Le manque de scène se fait sentir mais elle en profite pour écrire un nouveau spectacle.

2021: Chroniques dans la matinale de Couleur 3, participe au Montreux Comedy Club et termine une résidence au Caustic Comedy Club. Fonde le « FeliCittà » avec une partie scène ouverte, une fois par mois à Genève. Elle joue également à Paris, projette un jour une résidence dans la ville Lumières.

1996: Naissance à Genève

2002: Commence le théâtre à l’école Bois Gourmand puis au Théâtre du Loup

2015: Obtient sa maturité et part vivre huit mois à Londres

2016: Tente médecine à l’Université de Neuchâtel, travaille dans un restaurant de sushis et écrit des blagues en parallèle.

2017: Participe au Banane Comedy Club avec le soutien de sa Maman et termine finaliste du tremplin. Premier plateau à Paris.

2018: L’année du grand saut. Elle travaille avec le Caustic Comedy Club à Carouge, fait les premières parties de Bruno Peki, Marina Rollman ou encore Thomas Wiesel. Elle intègre la troupe des Jokers et travaille à ralentir le rythme. Naît le personnage de Sylvie. Joue Split avec Bruno Peki.

2019: Elle joue son premier spectacle, « Toi-même » et gagne le tremplin du Morges-sous-rire. Cela lui ouvre les portes de la francophonie. Elle joue en Belgique et prévoit une date au Canada mais une certaine pandémie passe par là et retarde ses plans.

2020: Le manque de scène se fait sentir mais elle en profite pour écrire un nouveau spectacle.

2021: Chroniques dans la matinale de Couleur 3, participe au Montreux Comedy Club et termine une résidence au Caustic Comedy Club. Fonde le « FeliCittà » avec une partie scène ouverte, une fois par mois à Genève. Elle joue également à Paris, projette un jour une résidence dans la ville Lumières.

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