Cette fois, Vladimir Poutine a joué carte sur table. C'est un document publié sur le site web du gouvernement russe qui a mis le feu aux poudres. Selon le projet de décret initié par le ministère de la Défense du Kremlin et dévoilé mardi 21 mai, Moscou entend étendre ses eaux territoriales en modifiant sa frontière avec la Finlande et la Lituanie en mer Baltique. La redéfinition des coordonnées géographiques ferait passer des aires finlandaise et lituanienne sous contrôle russe. Les frontières de la Russie dans la région occidentale de Kaliningrad et dans la partie orientale du golfe de Finlande seraient modifiées, selon le document.
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Le ministère russe de la Défense a indiqué que cette modification, qui devrait entrer en vigueur en janvier 2025, était nécessaire, car les coordonnées géographiques établies à la fin du XXe siècle ne permettent pas de déterminer les frontières de ses eaux territoriales et «ne correspondent pas pleinement à la situation géographique actuelle». Il a renvoyé vers un document de 1985, datant de l'époque soviétique, pour justifier sa proposition.
Moscou sème encore un peu la confusion
La déclaration a immédiatement mis en alerte les pays concernés. La Finlande et la Lituanie ont demandé ce mercredi à la Russie de s'expliquer sur le projet, estimant qu'il pourrait s'agir d'un nouvel acte de guerre «hybride». Le ministère lituanien des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué qu'il «convoquait un représentant de la Fédération de Russie pour obtenir une explication complète». La Lituanie avait expulsé l'ambassadeur russe et réduit ses relations diplomatiques avec Moscou en avril 2022, en réaction aux atrocités commises dans la ville ukrainienne de Boutcha. La ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, a indiqué à des journalistes qu'Helsinki «suivait la situation». «Nous n'avons pas d'information officielle sur ce que la Russie envisage», a-t-elle ajouté.
«La Russie est membre et partie de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Nous attendons uniquement de la Russie qu'elle respecte cette convention», a expliqué la ministre finlandaise. «Il ne faut pas oublier que semer la confusion, c'est aussi avoir une influence hybride. La Finlande ne se laissera pas désorienter», avait-elle écrit auparavant sur X.
«C'est une escalade évidente contre l'OTAN et l'UE»
Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis a également dénoncé le projet russe. «Une nouvelle opération hybride russe est en cours, cette fois pour tenter de répandre la peur, l'incertitude et le doute à propos de leurs intentions en mer Baltique», a-t-il écrit sur X. «C'est une escalade évidente contre l'OTAN et l'UE, qui doit faire l'objet d'une réponse ferme et appropriée», a ajouté le ministre.
Les activités russes sont «des provocations délibérées et croissantes visant à intimider les pays voisins», a-t-il ajouté. Il exige des explications. «C'est une nouvelle preuve que la politique révisionniste de la Russie constitue une menace pour la sécurité de ses voisins et de l'Europe.»
Le président lituanien Gitanas Nauseda a déclaré, quant à lui, que l'ambassadeur du pays auprès de l'OTAN avait fait part aux alliés de ses inquiétudes concernant les projets russes. Selon lui, cette initiative pourrait s'inscrire dans le cadre d'une action plus large de la Russie contre l'OTAN. «Il s'agit d'une violation flagrante du droit international, non seulement lorsqu'on dénonce le traité, mais aussi lorsqu'on parle ou diffuse des informations de cette nature», a-t-il dit à la presse. Le président finlandais Alexander Stubb, qui supervise la politique étrangère du pays, a indiqué sur X que «la Russie n'avait pas été en contact avec la Finlande à ce sujet».