La guerre en Ukraine dure depuis deux ans et trois mois. Ses répercussions sur la politique intérieure de la Suisse? La nation se dispute une fois de plus sur son rôle dans le monde, sur sa neutralité et sur de potentielles sanctions. Quelle attitude adopter face à l'agresseur Vladimir Poutine?
Passé inaperçu aux yeux du public, la Confédération vient pourtant de clore un chapitre important de ses relations économiques avec la Russie. L'organisation de promotion des exportations de la Suisse, appelée Switzerland Global Enterprise (S-GE), ferme son site à Moscou. Cofinancée par l'État et mandatée par la Confédération et les cantons, l'agence soutient les entreprises suisses à l'étranger. L'organisation, autrefois plus connue sous l'abréviation OSEC, est présidée par l'ancienne conseillère fédérale PDC Ruth Metzler.
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Moscou, autrefois un site de choix
Moscou était autrefois considéré comme l'un de ses sites de prédilection. En 2002, un Swiss Business Hub a été solennellement inauguré dans la capitale russe sous la tutelle de l'ambassade suisse. En collaboration avec le SECO et le Département fédéral des affaires étrangères, S-GE entretient une vingtaine de hubs de ce type dans le monde entier. Notamment dans des lieux où l'on espère de grandes possibilités de croissance. Le réseau s'étend de São Paulo à Séoul en passant par Stuttgart, Dubaï et Mumbai.
Avec la violation quotidienne du droit international par la Fédération de Russie, la critique de ses activités à Moscou s'est aujourd'hui accentuée. L'idée que la Suisse encourage des activités économiques dans l'empire de Vladimir Poutine suscite de plus en plus d'incompréhension. L'organisation a désormais tiré la sonnette d'alarme.
Interrogée, une porte-parole a confirmé les recherches de Blick. «Le conseil d'administration de S-GE a décidé que le Swiss Business Hub Russie devait être fermé.» Il est d'ailleurs souligné que l'organisation n'a en aucun cas soutenu l'économie russe depuis le début de la guerre. «Depuis le début de l'invasion militaire en février 2022, S-GE a stoppé toutes les activités standard de promotion des exportations pour ou sur le marché russe.» Ainsi, elle ne fait pas la promotion d'opportunités commerciales ou ne participe pas à des salons. «Dans le cadre de la promotion de la place économique, nous ne soutenons par conséquent aucune demande ni activité d'implantation d'entreprises russes ou pour des entreprises russes.»
«Respecter les sanctions prises contre la Russie»
Au lieu de cela, l'agence est devenue, selon ses propres indications, au cours des deux dernières années en Russie, une sorte de service pour les entreprises restantes qui doivent se réorienter. «Depuis le début de la guerre, S-GE aide les entreprises suisses à respecter les sanctions prises contre la Russie ou à se réorienter en dehors de la Russie en raison de la guerre», affirme-t-elle.
La demande de soutien des entreprises dans ce domaine a été élevée au cours des premiers mois après le début de la guerre «et a ensuite fortement chuté». Cette baisse massive de la demande aurait donné lieu à la fermeture du site.
Les promoteurs de l'exportation veulent désormais concentrer leurs forces ailleurs qu'en Russie. «S-GE doit engager ses ressources sur les marchés où la demande est la plus forte ou où une présence sur place offre la plus grande valeur ajoutée pour l'économie extérieure suisse.» L'attribution des ressources aux différents sites sera «revue chaque année».
La Suisse, un «État hostile»
Avec cette mesure, Berne s'éloigne encore un peu plus du Kremlin. Pour les relations bilatérales déjà tendues, ce sera un nouveau coup de frein. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qualifie la Suisse d'«État hostile». À l'approche de la conférence sur l'Ukraine qui se tiendra mi-juin au Bürgenstock, l'acolyte de Vladimir Poutine, Dmitri Medvedev s'en prend à l'Occident «inféodé» à l'Amérique et à leur «conférence de paix idiote».
De telles déclarations marquent un changement drastique sur le plan géopolitique et économique mondial. Lorsque le Swiss Business Hub a ouvert ses portes en 2002 à Moscou en tant que premier site en Europe de l'Est sous le ministre des Affaires étrangères Joseph Deiss, l'ambiance était à l'optimisme. Les économistes s'enthousiasmaient pour les pays du BRIC, les économies émergentes du Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine. Les politiques occidentaux voyaient dans les anciens non-alignés de nouveaux alliés. Aujourd'hui, le gouvernement du Kremlin fait partie d'une alliance de nations au régime autocratique qui se livrent une guerre commerciale avec les Etats-Unis et ses partenaires.