Après la supposée découverte, le forage?
Les 511 milliards de barils de pétrole de la Russie inquiètent l'Angleterre

La Russie aurait découvert un gigantesque gisement de pétrole en Antarctique, rapporte la presse britannique. Un traité international en suspend l'exploitation. Revendiquant le territoire de la trouvaille, le Royaume-Uni s'inquiète au nom de «l'intérêt de l'humanité».
Publié: 18.05.2024 à 08:04 heures
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Dernière mise à jour: 19.05.2024 à 14:25 heures
Le Traité sur l'Antarctique serait à risque avec la découverte par la Russie d'un immense gisement de pétrole.
Photo: Keystone
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Léo MichoudJournaliste Blick

Les ressources pétrolières de l'Antarctique sont sources de convoitises et d'inquiétudes. Un bateau scientifique russe a vraisemblablement exploré et démontré l'existence d'environ 511 milliards de barils de pétrole sous la Mer de Wedell, au large du «Continent blanc». Problème? C'est sur le territoire revendiqué par le Royaume-Uni que cette trouvaille se situe, indique ce jeudi 16 mai «Le Temps», reprenant les informations de différents médias internationaux, en particulier britanniques comme «The Telegraph».

Le gisement représenterait, selon le journal anglais, «environ 10 fois la production de la mer du Nord au cours des cinquante dernières années». Comparaison faite entre le gisement du Pôle Sud au bout d'océan du nord-est de l'Europe, où le Royaume-Uni a installé de nombreuses plateformes de forage offshore. Au Parlement britannique, le Comité d’audit de l’environnement (EAC) de la Chambre des Communes en aurait obtenu la preuve entre le 6 et le 12 mai.

La Russie minera-t-elle?

La Russie l'a repéré, ce gisement, mais pourra-t-elle miner et exploiter? Et le veut-elle seulement? Elle qui n’a pas de prétentions territoriales sur le continent, mais y effectue tout de même des recherches scientifiques? Car ce territoire est également revendiqué par l'Argentine et le Chili, qui pourraient bien manifester au Royaume-Uni leur intérêt pour ce gisement. Mais selon le média américain «Newsweek» mardi 14 mai, «des experts affirment désormais que la Russie pourrait prospecter certaines parties de l'Antarctique pour y trouver du pétrole et du gaz et surveiller le continent à des fins militaires, violant ainsi le traité sur l'Antarctique.»

Car concrètement, l'exploitation des ressources de cette terre, de ses côtes océaniques et de son sous-sol est protégée par le Traité sur l'Antarctique et son Protocole de Madrid. Les pays signataires — dont la Russie, les USA, le Royaume-Uni, la Chine et plein d'autres comme la Suisse — se sont mis d'accord. Notamment pour dire «qu’il est de l’intérêt de l’humanité tout entière que l’Antarctique soit à jamais réservée aux seules activités pacifiques et ne devienne ni le théâtre ni l’enjeu de différends internationaux», relaie aussi «Le Temps».

Le quotidien romand cite encore «The Telegraph», lorsque le journal londonien relate la parole du sous-secrétaire d'État chargé des Territoires britanniques d'outre-mer: «Le député David Rutley a déclaré la semaine dernière à l’EAC que son département avait décidé de faire confiance aux assurances russes, selon lesquelles le pays ne faisait que mener des recherches scientifiques, ajoutant: la Russie a récemment réaffirmé son engagement envers les éléments clés du traité.»

Enjeux géopolitiques à venir

Mais la Russie, mine de rien, a renforcé sa présence dans ces contrées inhabitées et gelées en «établissant cinq stations de recherche sur le territoire depuis 1957», indique le média américain «Newsweek». La Chine et les USA aussi, d'ailleurs. Notons que toujours selon le traité, seules les activités pacifiques, par exemple scientifiques, y sont tolérées.

Mais le professeur Klaus Dodds, expert en géopolitique au Royal Holloway College de l'Université de Londres cité par Newsweek, a informé le Comité d’audit de l’environnement, «que les actions de la Russie dans la région pourraient 'signifier une menace potentielle pour l'interdiction permanente de l'exploitation minière'». L'Antarctique est selon lui un révélateur des enjeux géopolitiques actuels entre la Russie et l'OTAN.

Mais un autre problème se posera dans quelques années (décidément). Le Protocole de Madrid, qui interdit les activités relatives aux ressources minérales, dispose en effet d'un moratoire de 50 ans depuis sa signature en 1998. Et certains pays voient ce délai comme une opportunité commencer l'exploitation en 2048. Dès lors, pourquoi ne pas commencer dès aujourd'hui à jouer des coudes?

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