Moins d'un an après l'organisation de la Coupe du monde de football, tous les regards sont à nouveau tournés vers le Qatar: l'émir Tamim bin Hamad Al Thani fait les gros titres avec son pays en tant que médiateur important dans la libération d'otages des griffes du Hamas. Mais l'Etat péninsulaire est plein de contradictions.
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C'est en 2013 que le cheikh a pris la place de son père dans la monarchie héréditaire. Depuis, il a réorienté la politique étrangère qatarie. Sa monarchie intervient désormais régulièrement en tant que médiateur dans les conflits. La politique qatarie et ses relations avec l'Occident sont toutefois compliquées. Sans sa relation étroite avec le Hamas, Tamim bin Hamad Al Thani n'aurait pas pu contribuer à la libération de quatre otages sauvés jusqu'à présent.
L'un des principaux bailleurs de fonds du Hamas
Depuis 15 ans, le Qatar est, avec l'Iran, le principal bailleur de fonds de la bande de Gaza gouvernée par le Hamas. Chaque mois, 30 millions de dollars sont versés à la bande de Gaza par le Qatar via les Nations unies, dont une partie sous forme de carburant. Sans ces injections financières, le Hamas ne pourrait pas payer les salaires de ses fonctionnaires.
Une partie des fonds est également reversée à des familles palestiniennes qui vivent dans une pauvreté extrême. Mais les observateurs internationaux sont convaincus que le Hamas utilise également ces fonds pour financer une partie de ses systèmes de tunnels et de ses armes.
L'UE, les Etats-Unis et Israël considèrent le Hamas comme une organisation terroriste. Mais Tamim bin Hamad Al Thani ne veut pas en entendre parler. Il tient Israël pour responsable de l'escalade. Sa rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin il y a un peu plus de deux semaines a d'ailleurs déclenché de vives critiques en Allemagne.
Plus riche que la Suisse
Outre le Hamas, Tamim bin Hamad Al Thani soutient aussi le Hezbollah libanais, les Frères musulmans radicaux et l'organisation terroriste Al-Qaïda. Il a aussi reconnu diplomatiquement les talibans en Afghanistan.
L'émir profite ainsi de caisses publiques bien pleines. L'Etat péninsulaire est notamment riche grâce à ses gisements de gaz. Le Fonds monétaire international chiffre le produit intérieur brut du Qatar par habitant à 114'000 dollars, soit 26% de plus que celui de la Suisse.
Mais l'Occident se garde bien de critiquer le Qatar. Le pays est le plus grand fournisseur mondial de gaz liquide, et donc un partenaire commercial important pour l'UE. Quant aux Etats-Unis, ils entretiennent leur plus grande base militaire dans l'espace arabe au Qatar et considèrent Tamim bin Hamad Al Thani comme un partenaire important. Ce dernier a encore réussi à renforcer son soutien en Occident grâce à son rôle de médiateur au cours des dernières années.
Relations tendues avec les Emirats
Tout cela offre une protection supplémentaire au Qatar. Les relations avec l'Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis sont tendues depuis des années. Elles ont culminé entre 2017 et 2021, dans une crise au cours de laquelle les autres pays ont voulu isoler totalement le Qatar. L'Arabie saoudite et les Emirats voient dans le Qatar un danger pour leurs propres monarchies.
C'est en partie parce que le Qatar a soutenu les mouvements de protestation lors du printemps arabe de 2011. De plus, Tamim bin Hamad Al Thani implique, du moins en partie, les autres camps politiques dans son propre pays. Le dernier mot revient toutefois toujours à l'émir.