La Russie, l’Iran et le Hamas ont un ennemi commun: l’Occident. Des représentants de ces deux Etats et de l’organisation nationaliste palestinienne se sont retrouvés ces dernières semaines à Moscou.
Officiellement, le Kremlin dit négocier avec le Hamas la libération des otages détenus dans la bande de Gaza ainsi que l’évacuation de citoyens russes. Mais, dans les faits, que manigancent ces trois agitateurs?
Pourquoi Moscou, Téhéran et le Hamas s’associent-ils?
Les discussions avec l’Iran devraient porter sur de nouvelles livraisons d’armes et sur le développement des relations bilatérales. Ulrich Schmid, spécialiste de la Russie à l’université de Saint-Gall précise: «Le Kremlin construit une centrale nucléaire en Iran et achète à Téhéran les fameux drones Shahed.»
En début de semaine, l’Iran avait annoncé qu’il était sur le point de conclure un accord de libre-échange avec l’Union économique eurasiatique, un bloc économique d’anciens Etats soviétiques dirigé par la Russie.
Mais l’objectif de telles rencontres à Moscou pourrait également faire de la médiation en faveur de la paix. «Peu après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre – jour de l’anniversaire de Vladimir Poutine – la Russie s’était déjà présentée comme médiateur de paix. Moscou veut revenir sur la scène politique en tant qu’acteur reconnu», détaille Ulrich Schmid.
Si la Russie n’entretient pas de relations étroites avec les Palestiniens, l’Iran ou même Israël, ce sont tout de même des relations qui fonctionnent, selon Ulrich Schmid. L’amitié palestino-soviétique a une longue tradition.
Les trois belligérants pourraient-ils déclencher une guerre contre l’Occident?
En raison de la guerre en Ukraine, la Russie n’a actuellement pas la capacité de s’engager dans d’autres conflits militaires. «Mais le Kremlin ouvre de nouveaux fronts politiques là où il le peut», avance le chercheur. Vladimir Poutine chercherait notamment à se profiler comme une puissance dirigeante anti-occidentale en Moldavie et en Bosnie.
Comment Israël réagit-il à la rencontre?
Israël la condamne fermement. «Nous demandons au gouvernement russe d’expulser immédiatement les terroristes du Hamas», a fait savoir jeudi le porte-parole du Ministère israélien des Affaires étrangères, Lior Haiat. Les hauts responsables du Hamas auraient sur les mains le sang de 1400 Israéliens tués, «massacrés, assassinés, exécutés et brûlés».
De quel côté se trouve Recep Tayyip Erdogan?
Après l’attaque contre Israël, le président turc Recep Tayyip Erdogan a d’abord fait preuve de retenue. Mercredi, il a surpris en faisant une déclaration pro-Hamas devant les députés: «Le Hamas n’est pas un groupe terroriste, mais un groupe de résistance qui se bat pour protéger son pays et son peuple.» Par le passé, le président turc avait déjà qualifié Israël d'«État terroriste».
Aux yeux de la plupart des Turcs, Israël est coupable d’être un occupant et d’opprimer le peuple palestinien. Des représentants du Hüda Par, la version kurde du Hezbollah, siègent désormais au parlement turc. Recep Tayyip Erdogan a conclu un accord avec eux: des sièges au Parlement contre leur soutien.