Les médias russes l'affirment déjà: «Les Etats-Unis préparent la voie à la Troisième Guerre mondiale en envisageant des attaques contre la Russie», indique l'agence de presse Ria Novosti en citant l'ambassadeur russe à Washington. «Un bluff qui équivaut à une déclaration de guerre», titre même le journal «Komsomolskaya Pravda».
Ces propos se réfèrent à une information exclusive du portail politique américain Politico. Selon ce dernier, la Maison-Blanche serait en train de finaliser des plans pour que l'Ukraine puisse attaquer des cibles à l'intérieur de la Russie avec des missiles américains de plus grande portée. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky fait pression depuis des mois sur ses alliés pour obtenir le feu vert à la livraison et à l'utilisation de telles armes.
Missile de croisière air-sol
Politico se réfère lui-même à plusieurs sources de confiance qui seraient au courant des «discussions d'un petit groupe de fonctionnaires à la Maison-Blanche». L'agence Reuters avait déjà rapporté la semaine passée que les États-Unis travaillaient à un accord pour fournir des missiles de croisière à l'Ukraine.
S'entendre sur toutes les questions relatives à la livraison d'armes prendrait plusieurs mois, indiquait-on. Concrètement, il s'agirait de missiles de croisière air-sol furtifs que le Pentagone tente d'intégrer dans des avions de combat ukrainiens de l'époque soviétique. Une décision est attendue à l'automne, juste avant que les combats sur le front s'affaiblissent en raison de l'hiver.
Un tabou qui tombe
L'autorisation pour l'Ukraine d'attaquer des cibles stratégiques au plus profond de la Russie avec des armes occidentales était jusqu'à présent considéré comme tabou. Les Russes auraient de nombreuses possibilités d'exercer des représailles. Le ministre des Affaires étrangères de Moscou, Sergueï Lavrov, vient d'indiquer que la Russie revoyait actuellement sa stratégie nucléaire. Et il menace: Les États-Unis se trompent de penser que l'utilisation d'armes nucléaires se limiterait à l'Europe.
Dès le début de la guerre, le président américain Joe Biden avait mis en garde contre un risque de menace nucléaire, le plus élevé depuis la crise de Cuba en 1962 face au conflit ukrainien d'octobre 2022. Désormais, Joe Biden laisse lui aussi entendre que les États-Unis pourraient prendre des mesures pour lever leurs restrictions sur l'utilisation d'armes à longue portée par l'Ukraine.
Changement d'attitude
À la question de savoir si les États-Unis autoriseraient l'utilisation de telles armes, Joe Biden a répondu mardi que son gouvernement était en train d'élaborer un plan, selon la chaîne publique américaine Voice of America.
Le même jour, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a, lui aussi, laissé entendre dans une interview à Sky News que les États-Unis pourraient changer de position concernant l'utilisation de missiles à longue portée par l'Ukraine. «Nous n'excluons jamais rien. Mais si nous l'envisageons, nous voulons nous assurer que cela se fera de manière à faire avancer ce que les Ukrainiens veulent réaliser», a-t-il déclaré.
Une visite importante à Kiev
Antony Blinken et son homologue britannique David Lammy sont arrivés mercredi en train à la gare de Kiev. Le motif officiel de la visite est la participation au quatrième sommet de la plateforme de Crimée. Mais Kiev, acculée sur le front, veut également faire valoir la libération d'armes à longue portée sur des cibles en Russie.
Lors d'une conférence de presse avec David Lammy, Antony Blinken a déclaré après une rencontre avec Zelensky que les États-Unis étaient prêts «dès le premier jour» à adapter leur politique à l'évolution de la situation sur le champ de bataille en Ukraine. «Nous continuerons à le faire. Nous restons engagés dans la victoire ukrainienne», a-t-il souligné.
Antony Blinken et David Lammy ont indiqué qu'ils rendraient compte à leurs «chefs» respectifs, le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Keir Starmer, après leurs entretiens à Kiev.
Comme Blinken l'a déclaré au journal ukrainien «Strana», Joe Biden recevra Volodymyr Zelensky vendredi à Washington. Ce dernier veut d'abord présenter son «plan de victoire» aux États-Unis, puis lors du deuxième sommet de la paix en Ukraine. Le lieu n'est pas encore connu.
Deuxième sommet en Suisse, avec Poutine?
Le premier sommet de la paix a eu lieu en juin au Bürgenstock en Suisse, sans la participation de la Russie. Le ministre suisse des Affaires étrangères Ignazio Cassis s'engagerait actuellement pour un deuxième sommet dans notre pays.
Comme le rapporte l'«Aargauer Zeitung», en citant le Département des affaires étrangères (DFAE), le Tessinois rencontrera à cet effet son homologue indien vendredi à Genève. La participation éventuelle de Vladimir Poutineq devrait être évoquée à cette occasion.