L'Ukraine est en guerre. Depuis le 24 février 2022, le pays se défend contre l'invasion initiée par Vladimir Poutine. Pour l'Ukraine, il s'agit de survivre en tant qu'État souverain. Sans l'aide occidentale – financière, matérielle et humanitaire – le pays serait à la merci de l'agresseur russe.
Il n'est donc pas étonnant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky profite de chaque occasion pour demander solidarité et soutien aux gouvernements et aux parlements. C'est ce qu'il a fait jeudi devant les Chambres fédérales.
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Volodymyr Zelensky crée la proximité
Pour sa présentation, ce dernier s'est servi d'un modèle qui caractérise ses discours. Il a d'abord retracé de manière impressionnante les souffrances du peuple ukrainien. Il a parlé des enfants qui doivent se cacher dans des abris pour échapper aux attaques de missiles. Des gens apeurés qui veulent vivre en paix. Et des agresseurs russes qu'il faut combattre ensemble.
Il a ensuite évoqué les points communs qui unissent l'Ukraine et ses alliés. L'aspiration à la paix, à la liberté, à l'indépendance par exemple. Des valeurs fondamentales communes. Volodymyr Zelensky crée ainsi proximité – et oui, il s'attire la sympathie de son public. Mêmes valeurs, même combat.
Quelques flatteries
Et il sait habilement prendre en compte les particularités de l'audience visés. Ici: la Suisse comme pays des bons offices. Une tradition dont le Parlement et la population sont particulièrement fiers. Une carte que Volodymyr Zelensky a sciemment joué, en encourageant la Confédération à organiser un sommet mondial sur la paix. Un événement pendant lequel la Suisse pourrait utiliser au mieux son expertise nationale. Voilà qui flatterait l'âme de son peuple! Même les parlementaires de l'UDC, qui ont boycotté le discours du président ukrainien, ont eu chaud au cœur.
Volodymyr Zelensky n'a cessé de souligner la cohésion dont le monde a besoin. Un mot magique pour la Suisse, nation de la volonté, dans laquelle la cohésion nationale est sans cesse invoquée.
Réserve sur la question des armes
L'homme d'Etat s'est en revanche montré remarquablement réservé en ce qui concerne ses revendications directes. Il a certes fait allusion au débat sur les livraisons d'armes indirectes que mène actuellement le Parlement. Et il a laissé entendre qu'il espère que la Suisse fera preuve de souplesse. Mais il n'a pas formulé son attente comme une demande stricte. Pluôt comme une requête douce: «Nous demandons des livraisons d'armes pour que le sol ukrainien puisse redevenir un territoire de paix.»
Avant de conclure: Merci. Merci au Parlement. Merci à la Suisse. Merci à la population. En particulier, le président ukrainien a remercié la Suisse de supporter les sanctions de l'Union européenne (UE) et de ne pas rester indifférente à la souffrance du peuple ukrainien.
Insistant, mais sobre
Ce n'est pas la première fois que Volodymyr Zelensky s'adresse à la population suisse. En mars 2022 déjà, il était intervenu par vidéo lors d'une manifestation pour la paix sur la Place fédérale. Il s'en était alors pris aux banques suisses, «qui gardent l'argent de tous ceux qui ont déclenché cette guerre». Il s'en était également pris aux entreprises suisses qui ne voulaient pas quitter la Russie. Et avait appelé la Suisse à «lutter contre le mal».
Cette fois-ci, son discours est, certes percutant, mais nettement plus sobre qu'il y a un an, lorsque la survie de l'Ukraine n'était pas du tout assurée quelques semaines après le début de la guerre. Volodymyr Zelensky est désormais plus confiant. Presque sûr de sa victoire.
Les opinions sont faites depuis longtemps
Le discours du président ukrainien n'aura probablement guère de répercussions directes sur les décisions politiques prises dans notre pays. Ce que l'Ukraine espère et attend de la Suisse est clair pour les parlementaires, après plus d'un an de guerre. Les avis sur la question de savoir si l'on veut – ou non – soutenir l'Ukraine sont fixés depuis longtemps.
Les paroles de Volodymyr Zelensky ont davantage une portée psychologique. Il s'agit de renforcer la volonté de persévérer. De rappeler encore et toujours le combat de l'Ukraine, afin que le soutien et la solidarité occidentaux ne s'essoufflent pas. Son intervention devant le Parlement est donc avant tout un encouragement pour les partisans de l'Ukraine.