Vladimir Poutine a tenu mardi une conférence de presse devant des journalistes russes. Habituellement enclin à évoquer les avancées de ses troupes avec confiance et parler avec certitude d'une victoire finale, le président russe a, pour une fois, donné un aperçu honnête de la situation. Blick fait le tour de ses principales déclarations.
Vladimir Poutine admet que son armée a déjà perdu 54 chars au cours de la contre-offensive qui dure depuis une dizaine de jours. Il ne précise pas de quel type de char il s'agit. Une information qui surprend les observateurs occidentaux car, comme le constate le journaliste Kyle Glen sur Twitter, «si l'on considère que les pertes sont minimisées, c'est un aveu considérable».
Le collectif Oryx, qui documente les pertes russes depuis le début de la guerre, s'étonne lui aussi de l'ampleur des pertes du Kremlin. «Jusqu'à présent, nous n'avons compté que dix chars perdus du côté russe», assurait-il sur Twitter mardi. Du côté ukrainien, seules dix pertes de chars ont aussi pu être confirmées, au lieu des 160 mentionnées par Poutine dans son discours.
Le plus grand aveu de faiblesse réside probablement dans le fait que le chef du Kremlin a prévenu que ses forces armées ne disposaient pas de l'équipement militaire nécessaire pour gagner la guerre en Ukraine.
Les experts spéculent depuis longtemps sur le manque d'armes. «Politico» suppose que le manque de munitions russes entrave une invasion à grande échelle et empêche les militaires russes d'attaquer des cibles stratégiques à distance. L'allocution de Poutine mardi confirme désormais cette hypothèse.
Le président russe affirme en outre que la production d'armes a triplé depuis le début de la guerre. Mais malgré cela, la production ne suit pas, tout du moins en apparence. En outre, la Russie n'est actuellement pas en mesure de produire des armes davantage sophistiquées, a admis Poutine.
Un rapport publié en avril par le Centre d'études stratégiques et internationales le prouve: les sanctions occidentales empêchent la Russie d'importer les composants nécessaires à la fabrication d'armes avancées. «Alors que la qualité de l'équipement militaire utilisé par l'armée ukrainienne continue de s'améliorer grâce à l'aide occidentale, la qualité des armes russes se détériore», peut-on notamment lire.
«Notre système de défense aérienne est calibré pour les missiles et les avions. Il a du mal à détecter les drones.» Avec de tels propos, Poutine rappelle les attaques de drones qui ont eu lieu en mai contre le Kremlin et à Moscou. Le système de défense aérienne doit désormais être réorienté. Reste à savoir de quelle manière. «Bien sûr, il aurait été préférable que cela soit fait à temps et au bon niveau, admet néanmoins le président russe. Mais ce travail est effectué et, je le répète, je suis sûr que ces tâches seront résolues.»
Interrogé sur la contre-offensive ukrainienne en cours, Poutine semble quelque peu dépassé. Là où la certitude de la victoire domine habituellement ses propos, la perplexité s'installe. L'objectif clair que le chef du Kremlin avait encore en tête au début de la guerre semble avoir disparu. Désormais, «tout dépendra du potentiel ukrainien après l'offensive», estime le chef du Kremlin. «Nous verrons comment la situation évolue. Sur cette base, nous prendrons d'autres mesures. Nous avons des plans différents selon la situation, qui évolueront si nous estimons qu'il convient d'agir.»