Un nombre croissant de pays, incluant les États-Unis, des nations européennes et asiatiques, auxquels s'est ajouté vendredi Israël, ont décidé d'imposer des contrôles aux passagers venant de Chine, après la levée par Pékin de restrictions anti-Covid, des précautions jugées «compréhensibles» par l'OMS. Une agence européenne pour la santé, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), a toutefois estimé que la mise en place d'un dépistage dans l'UE serait «injustifié», au vu du niveau d'immunité en Europe et de la présence des mêmes variants du Covid-19 qu'en Chine.
Trois ans après l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan, la Chine a mis fin le 7 décembre à sa politique draconienne dite du «zéro Covid». Controversée, elle a néanmoins permis à la population d'être largement protégée du virus, grâce à des tests de dépistage généralisés, un suivi strict des déplacements, mais au prix de confinements et quarantaines obligatoires dès la découverte de cas. Ces mesures extrêmes, qui tenaient le pays largement isolé du reste de la planète, ont porté un rude coup à la deuxième économie mondiale et provoqué en novembre des manifestations de mécontentement inhabituelles. Depuis la levée des restrictions, les hôpitaux chinois sont submergés par une déferlante de malades pour la plupart âgés, et vulnérables car peu ou pas vaccinés, tandis que nombre de pharmacies manquent de médicaments contre la fièvre.
Ouverture et transparence
En dépit du rebond épidémique, les autorités vont cesser le 8 janvier les quarantaines obligatoires à l'arrivée en Chine, et autoriser les Chinois à voyager à l'étranger, après trois ans de frustrations.
Par précaution, les États-Unis et plusieurs pays, dont l'Italie, l'Espagne et le Japon, ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs des passagers provenant de Chine. La Corée du Sud voisine a pris vendredi la même décision, effective jusqu'à «février de l'année prochaine», a indiqué son Premier ministre, Han Duck-soo. Vendredi aussi, Israël a «décidé d'ordonner aux compagnies aériennes étrangères d'accepter des citoyens étrangers sur un vol de la Chine vers Israël uniquement si ces derniers ont été testés (négatifs) au Covid», a annoncé le tout nouveau ministre de la Santé, Arié Dery.
Ces mesures sont «compréhensibles» au vu du manque d'informations fournies par Pékin, a estimé le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. «En l'absence d'informations complètes venant de Chine, il est compréhensible que des pays prennent les mesures dont ils pensent qu'elles protègeront leur population», a-t-il déclaré.
Pékin a rétorqué que ses statistiques sur la progression du Covid ont toujours été transparentes. «Depuis l'apparition de l'épidémie, la Chine partage des informations et des données fiables avec la communauté internationale, dont l'OMS, d'une façon ouverte et transparente», a assuré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Wang Wenbin. Vendredi, seuls 5515 nouveaux cas et un décès ont été annoncés par le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Des chiffres qui ne semblent toutefois plus refléter la réalité, les dépistages généralisés n'étant plus obligatoires.
Pas de décisions à Bruxelles
À Bruxelles, une réunion informelle convoquée cette semaine par la Commission européenne, visant à «une approche coordonnée» des Etats membres, n'a pas donné lieu à ce stade à des décisions. Jusqu'ici, seuls certains Etats membres, comme l'Italie ou l'Espagne, ont annoncé ou déjà mis en œuvre des durcissements. Une réunion de crise est prévue à ce propos la semaine prochaine. Pour l'instant, la Suisse suit ce non-positionnement de l'Union européenne. La Confédération ne change pour l'heure pas ses exigences et les tests restent non obligatoires.
Du côté de la Chine, le pays maintient ses frontières largement fermées aux ressortissants étrangers depuis 2020. Le pays ne délivre plus de visas touristiques depuis bientôt trois ans et impose une quarantaine obligatoire à l'arrivée. Cette mesure d'isolement sera levée le 8 janvier, mais un test de dépistage de moins de 48 heures sera toujours exigé. À l'aéroport international de Pékin-Capitale, la plupart des Chinois interrogés jeudi par l'AFP se montraient compréhensifs à l'égard des mesures prises vis-à-vis de leur pays. «Chaque nation a ses propres inquiétudes et sa manière de se protéger», estime Huang Hongxu, 21 ans, soulignant que la propagation possible de nouveaux variants était une source de préoccupation. Sous couvert d'anonymat, un autre voyageur a cependant qualifié ces mesures d'«inutiles».
(AFP)