«La Russie pense que le monde va se fatiguer», déclare le président américain Joe Biden en ouvrant mardi la cinquième session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Mais il ne le fera pas, assure-t-il à l'assemblée et à son invité d'honneur, le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Selon le magazine allemand «Spiegel», c'est pourtant ce que l'on ressent à New York: la fatigue. On ne cesse d'entendre que l'Ukraine ne doit pas «consommer tout l'oxygène» ou «prendre trop de place». On a déjà assez de problèmes comme ça.
Personne ne veut entendre Zelensky
Lorsque Volodymyr Zelensky monte sur le pupitre mardi, ce soupçon insidieux se confirme. Le président ukrainien n'aurait pas pu tenir un meilleur discours: la bonne communauté mondiale contre un Etat paria qui met en danger l'ordre juridique et étatique sur le globe.
C'était l'histoire presque parfaite que Volodymyr Zelensky a racontée à New York. Mais un tiers de l'immense salle était vide, d'autres manifestations sont en cours. «Il ne faut pas faire confiance au mal», conclut-il dans son discours enflammé. Applaudissements polis de l'assemblée, puis c'est déjà le tour du suivant, le président du Guatemala.
Un contraste saisissant avec l'année dernière. A l'époque, Volodymyr Zelensky était apparu virtuellement, au moyen d'un enregistrement vidéo sur un écran surdimensionné projeté dans la salle. Il a été acclamé comme un héros, devant une salle pleine. C'était un événement, la guerre avait sept mois, l'horreur était encore fraîche. On ne ressent plus rien aujourd'hui, la magie de Volodymyr Zelensky s'est évaporée.
Comment lutter contre la lassitude de la guerre?
Volodymyr Zelensky n'est pas naïf, il sait que l'effervescence s'estompe. C'est pour cette raison qu'il est à New York. «Il veut convaincre les pays sceptiques», explique l'un de ses conseillers au «Spiegel». Et il y en a apparemment de plus en plus. La contre-offensive qui piétine, les éternelles demandes d'armes supplémentaires, l'impression que l'Ukraine n'est pas assez reconnaissante pour l'aide reçue. Les raisons d'être las de la guerre sont nombreuses.
Bien sûr, les membres de l'ONU soutiennent toujours majoritairement l'Ukraine. Mais il y a «d'autres sujets», dit-on dans les milieux diplomatiques occidentaux. D'autres sujets que l'Ukraine. Des thèmes qui marquent les assemblées générales des Nations unies depuis des années: la faim, la crise climatique, le développement durable.
La Russie ne se montre pas
Le discours du chancelier allemand Olaf Scholz est représentatif de ces sujets. Il aborde des dizaines d'autres préoccupations dans son discours: l'anniversaire de l'ONU en Allemagne, la réforme de l'ONU, le changement climatique... avant d'évoquer brièvement l'Ukraine à la fin. «La Russie est responsable de cette guerre.» C'est tout.
La lassitude de la guerre est le talon d'Achille de Volodymyr Zelensky, et la Russie le sait. Le Kremlin mise là-dessus depuis le début de la guerre: les alliés de l'Ukraine se lassent, ils n'ont plus envie de ce conflit et poussent à une fin diplomatique. Mardi, la délégation russe n'est pas apparue dans la grande salle de l'ONU, de manière presque démonstrative.