Émeutes d'extrême-droite
Comment une attaque au couteau a-t-elle poussé la Grande-Bretagne dans le chaos?

Après le meurtre de trois fillettes à Southport, les manifestations d'extrême droite s'intensifient en Grande-Bretagne. Les émeutiers diffusent de fausses informations et attaquent des policiers. Le nouveau Premier ministre Keir Starmer est mis en difficulté.
Publié: 05.08.2024 à 06:00 heures
|
Dernière mise à jour: 05.08.2024 à 07:35 heures
1/6
Des manifestations violentes secouent la Grande-Bretagne depuis une semaine.
Photo: AFP
BlickMitarbeiter06.JPG
Chiara Schlenz

«Les pédo-musulmans hors de nos rues»: c'est avec ce genre de slogans islamophobes que des centaines de manifestants d'extrême droite marchent dans les grandes villes de Grande-Bretagne depuis une semaine. Ils ciblent les magasins de personnes présumées étrangères avec des jets de briques, de bouteilles et de feux d'artifice.

Certains émeutiers ont grièvement blessé des policiers. La Grande-Bretagne connaîtrait «le pire épisode de troubles civils depuis plus d'une décennie», selon «The Guardian». Mais que se passe-t-il outre-Manche?

Le tueur est né à Cardiff

L'élément déclencheur de ces heurts, qui s'étendent désormais à tout le pays, est le terrible meurtre de trois jeunes filles (6, 7 et 9 ans) dans la ville côtière de Southport lundi. Un jeune Britannique de 17 ans, Axel Rudakubana, a poignardé les fillettes lors d'un événement sur le thème de Taylor Swift. Il a également blessé huit autres enfants et deux adultes. Des activistes d'extrême droite ont instrumentalisé cette tragédie pour diffuser des messages de haines sur les réseaux sociaux.

Quelques heures seulement après la tuerie, de fausses informations sur l'auteur du crime ont circulé en ligne. Des internautes ont affirmé, à tort, que l'adolescent était un demandeur d'asile rwandais. En réalité, Axel Rudakubana est certes issu d'une famille rwandaise, mais il est né en Grande-Bretagne, à Cardiff.

Nigel Farage souffle sur les braises

Les manifestations se sont répandues comme une traînée de poudre. Des slogans nazis et des propos racistes se sont multipliés un peu partout en Grande-Bretagne. Des vandales ont brisé les fenêtres de certains centres d'asile et ont lancé des feux d'artifice sur des contre-manifestants ainsi que sur les forces de l'ordre. Au racisme et à la violence se sont mêlées des théories du complot selon lesquelles les «élites» dissimuleraient la vérité sur l'attaque au couteau, mais aussi sur l'abus d'enfants britanniques.

Un membre du Parlement, Nigel Farage, souffle sur les braises du chaos. Dans une vidéo diffusée la semaine dernière sur X, le politicien d'extrême droite a mis en doute la transparence de la police au sujet de l'agresseur de Southport.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

De nombreux manifestants ont utilisé les déclarations de Nigel Farage pour légitimer leur violence. La justice britannique s'est même sentie obligée de lever l'ordonnance d'anonymat du tueur, malgré son jeune âge, pour faire taire les fausses rumeurs.

Nouveau Premier ministre sous pression

Ces violents affrontements constituent le premier grand défi auquel fait face le nouveau gouvernement travailliste de Keir Starmer. En fin de semaine dernière, le Premier ministre placé la police en situation d'urgence nationale et a annoncé l'envoi d'unités supplémentaires sur le terrain.

Mais comment en est-on arrivé là? Selon BBC Verify, le service d'investigation de la BBC, les manifestants s'organisent en petits groupes locaux sur Facebook. Il n'existe pas d'organe centralisé ou de leader – ce qui rend très difficile le démantèlement d'un tel réseau. Reste à voir comment le nouveau Premier ministre britannique gérera cette situation.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la