95 milliards pour l'Ukraine, Israël et Taïwan
Biden vient peut-être de signer le chèque de sa future victoire

En obtenant l'aval du Congrès pour l'aide à l'Ukraine, Israël et Taïwan, et en signant ce chèque de 95,3 milliards, Joe Biden envoie un message clair à Donald Trump: la Maison-Blanche a un vieux, mais vrai patron.
Publié: 25.04.2024 à 08:00 heures
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Dernière mise à jour: 25.04.2024 à 15:42 heures
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Le président américain a finalement emnporté la partie face à la Chambre des représentants dominée par les Républicains
Photo: DUKAS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Un président qui signe un chèque de 95,3 milliards de dollars destiné à consolider la suprématie américaine dans le monde, et à soutenir les alliés des États-Unis. Un ancien président scotché sur les bancs d’un tribunal de Manhattan, où il répond aux accusations portées par une ancienne actrice de films X. Ces deux Amériques sont celles qui s’offrent aujourd’hui, à tous ceux qui regardent de l’autre côté de l’Atlantique.

Joe Biden a beau multiplier les gaffes, et avoir de plus en plus de mal à contrer les critiques sur ses 81 ans, il reste un chef de l’État capable de tenir ses promesses. Tandis que Donald Trump est loin d’être assuré de sortir blanchi de son procès new-yorkais.


Il faut toujours rappeler une évidence: ce sont les 239 millions d’électeurs américains qui décideront, le 5 novembre 2024, du sort politique de leur pays. Le fait que le gouvernement ukrainien soit enfin soulagé, dans l’attente des armes promises par Washington, ou le fait que le gouvernement israélien soit in fine conforté par la poursuite de l’aide militaire des États-Unis constituent des variables géopolitiques qui n’affecteront les urnes qu’à la marge.

L’on sait, par ailleurs, que Donald Trump redoutait un blocage au Congrès, qui aurait pu se retourner contre lui. L’ex-président serait apparu – si les 95,3 milliards de dollars n’avaient pas été approuvés – comme un «traître» aux fidèles alliés de l’Amérique. Ce que son électorat patriote, même replié sur lui-même et favorable à un désengagement militaire tous azimuts, n’aurait sans doute pas apprécié.

Un président actif

La réalité est toutefois que Joe Biden vient de démontrer ce qui reste sa meilleure arme: à savoir qu’il est un président actif, aux commandes de la première puissance mondiale. Son calme et sa patience, durant ces semaines de suspense au Congrès sur le «paquet législatif» qu’il vient finalement de signer ce mercredi 24 avril, méritent aussi d’être mentionnés.

Vieux routier du parlementarisme, l’ancien sénateur du Delaware, élu pour la première fois en 1972, a misé sur la solidité des institutions, en évitant de les brusquer. La position précaire de Volodymyr Zelensky en Ukraine, les manipulations dangereuses de Benyamin Netanyahu en Israël, et les menaces chinoises en Asie-Pacifique ne l’ont pas fait ciller. Ce «Commander in chief» (commandant en chef) octogénaire a montré qu’il sait garder ses nerfs. Et ce, malgré l’avance persistante de Donald Trump dans les sondages et les insultes en provenance du Républicain.

Cette arme présidentielle ne suffira évidemment pas pour l’emporter le 5 novembre à l’issue d’un scrutin qui, il faut le redire là aussi, se jouera dans quelques États clés, en raison du système électoral américain. Mais à bien y regarder, ce paquet de 95,3 milliards est, outre son montant, un chèque politique pour l’actuel président démocrate.

D’abord parce qu’il montre à Vladimir Poutine, et donc à tous ceux qui le soutiennent (dont la Chine) que les États-Unis ne céderont pas. Ensuite parce qu’il envoie au monde arabe le message d’un soutien à Israël renouvelé, tout en donnant à Washington un levier supplémentaire sur Jérusalem. Enfin, parce qu’il adresse à la Chine, à travers l'aide à Taïwan et la possible interdiction de Tik Tok, un message on ne peut plus clair: l’Amérique utilisera toutes les ressources possibles pour se protéger des ingérences problématiques.

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Biden et les affaires sérieuses

Il faut décoder la phase politique qui vient de s’achever. Joe Biden avait beaucoup à perdre dans une impasse au Congrès, même s’il en aurait profité pour diaboliser Trump. Sa fin de présidence aurait été «gelée». Son autorité se serait retrouvée encore plus contestée. Le chèque de 95,3 milliards, signé à la Maison-Blanche au moment même où Donald Trump fait face à l’ex-actrice porno Stormy Daniel, a l’énorme avantage, pour l’actuel Chef de l’État, de répartir les rôles. A lui la conduite des affaires sérieuses, celles de la préservation de la puissance américaine.
À son adversaire, le doute sur sa personnalité, ses méthodes et son tempérament.

Le vieux président Biden est loin d’avoir battu l’homme qui proclame sans cesse «Make America Great Again». Mais il tient bon et avance. Ce qui, face au public, aux électeurs (et aux électrices), est la meilleure démonstration de ses principaux arguments de campagne, susceptibles de lui permettre de prendre le dessus sur Trump: l’expérience, la crédibilité, et la responsabilité.

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