Chargé comme la bombe d'Hiroshima
Un cargo de Poutine transportant 20'000 tonnes d'engrais explosifs inquiète

Le cargo «Ruby» dérive en mer Baltique avec 20'000 tonnes d'engrais explosifs russes. Le chargement du navire, potentiel membre de la «flotte fantôme» de Poutine, a de quoi inquiéter. Des experts craignent une explosion aussi puissante que la bombe d'Hiroshima.
Publié: 23.09.2024 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 23.09.2024 à 06:30 heures
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La substance, qui sert de base aux engrais, est hautement explosive (photo d'illustration).
Photo: Shutterstock
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Marian Nadler et BliKI
Le «Ruby» est chargé d'énormément de nitrate d'ammonium.
Photo: Maritime Optima

Un cargo transportant 20'000 tonnes de nitrate d'ammonium se dirige vers la Lituanie. En des temps plus calmes, l'errance du «Ruby» n'aurait pas fait grand bruit. Dans le contexte de la guerre hybride que mène la Russie contre l'Occident, le bateau au large des côtes norvégiennes est dans la ligne de mire des experts en sécurité. Pour son chargement explosif, mais pas seulement.

Le nitrate d'ammonium sert de base aux engrais, mais peut également être utilisé comme explosif. La dangerosité de la substance a été démontrée en août 2020 dans le port de Beyrouth, lorsque quelque 2750 tonnes de ce produit chimique ont explosé, faisant plus de 200 morts. Le «Ruby» transporterait près de sept fois plus de nitrate d'ammonium et aurait été endommagé lors d'une tempête.

L'expert en explosifs Roland Alford déclarait le 13 septembre dernier au magazine «Newsweek» que «si ce navire explosait, ce serait de loin le plus grand accident de nitrate d'ammonium de l'histoire». Et d'ajouter: «La puissance explosive de cette quantité de nitrate d'ammonium correspond à peu près à la bombe atomique larguée sur Hiroshima.»

Un membre de la «flotte fantôme» de Poutine ?

La dangereuse cargaison a été accueillie à la mi-août dans le port de Kandalaksha, dans le nord de la Russie, plus grand pays exportateur de nitrate d'ammonium au monde. Malgré le danger potentiel, Peter Hald, expert en explosifs à l'université d'Aarhus au Danemark, estime que le risque immédiat d'accident est faible. «C'est l'avantage du nitrate d'ammonium. Il est en fait assez difficile à enflammer», rassure-t-il samedi à la télévision danoise DR. «Ce n'est pas comme s'il allait exploser dans le cas où le navire se cogne quelque part ou si quelque chose tombe dans la cargaison», continue le spécialiste.

Bien que le «Ruby» navigue sous pavillon maltais, il est exploité par une société libano-syrienne. Et le régime de Bachar al-Assad en Syrie est un proche allié de la Russie. Ces circonstances laissent supposer que le «Ruby» pourrait faire partie de la «flotte fantôme» de la Russie

Afin de contourner les sanctions occidentales et de continuer à exporter des matières premières comme le pétrole, la Russie exploite une flotte de navires officiellement abandonnés. Ceux-ci sillonnent les mers du monde, souvent dans un état inquiétant. Les mesures prises jusqu'à présent par l'Occident contre ces navires de l'ombre ont été largement inefficaces.

Selon le portail de suivi «Marine Traffic», le «Ruby» naviguerait actuellement «sans commandement». Initialement, la destination de ce cargo de 183 mètres de long était l'île de la Grande Canarie en Espagne, mais il se dirige désormais vers le port lituanien de Klaipeda. Comme le rapporte le magazine spécialisé «Maritime Executive», le nitrate d'ammonium pourrait y être déchargé et le navire réparé.

La Norvège et la Lituanie sur le qui-vive

La Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte a toutefois interdit l'entrée du bateau. Le ministre de la Défense Laurynas Kasciunas assure qu'il y a toujours des problèmes dans la région avec des navires rouillés et vieillissants en provenance de Russie.

En Norvège, le «Ruby» n'a pas non plus été autorisé à rester longtemps. Début septembre, le cargo a été pris dans une tempête dans l'Atlantique Nord et a demandé à entrer dans le port de Tromsø pour y effectuer des réparations. Mais il a dû quitter le port dès le lendemain, après que les autorités norvégiennes ont examiné le navire. Et jeter l'ancre plus loin au large des côtes.

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