La réforme de l'Etat voulue par le président argentin ultra-libéral Javier Milei a franchi une étape clé mercredi au Sénat. La chambre haute du Parlement a approuvé son projet révisé, après une journée marquée par des émeutes qui ont fait une dizaine de blessés.
«Pour les Argentins qui souffrent, qui attendent, qui ne veulent pas voir leurs enfants quitter le pays (...), mon vote est affirmatif», a déclaré la présidente du Sénat Victoria Villarruel, également vice-présidente du pays, dont le vote a été déterminant.
Le texte, encore en discussion au Sénat, doit être approuvé définitivement jeudi matin par la chambre haute après quelques modifications à la marge. Il retournera ensuite entre les mains de la Chambre des députés qui se prononcera sur son adoption définitive.
Changements majeurs en 238 articles
Les sénateurs débattaient depuis mercredi matin de la nouvelle version de la loi phare du gouvernement Milei dite «omnibus», rejetée dans sa forme originale de 600 articles, et adoptée avec des changements majeurs en 238 articles par la Chambre des députés en avril.
Parmi les concessions d'un exécutif devenu plus pragmatique au fil des mois: le nombre des privatisations, passées d'une quarantaine dans la version initiale à moins de 10 dont celle toujours sur la table de la compagnie aérienne publique Aerolineas Argentinas.
Le projet de flexibilisation du marché du travail a aussi été débattu par les sénateurs. Et une réforme fiscale, initialement partie de la loi omnibus, a été dissociée pour être discutée à part, dans la même session. Le sénateur d'opposition Mariano Recalde a estimé que ce projet de loi, les réformes du travail en particulier, «nous ramènent au siècle dernier lorsque l'employé n'avait aucun droit».
La «thérapie choc» d'austérité promise
La loi est «un accélérateur, un catalyseur du redressement de la situation économique», a pour sa part plaidé le ministre de l'Economie Luis Caputo mercredi, exhortant le Parlement à l'approuver.
Mais, se prémunissant contre un éventuel rejet, il a affirmé que le vote ou non de la loi «ne changera rien au fait que ce pays va se redresser quand même, car ce gouvernement ne changera pas de cap. L'ordre macroéconomique se poursuivra.»
Car au-delà des tribulations législatives, la «thérapie choc» d'austérité promise – le «plus grand ajustement budgétaire de l'histoire de l'humanité» comme Javier Milei aime à le répéter – produit déjà des effets depuis décembre: dévaluation brutale du peso (54%), prix et loyers libérés, fin des subventions aux transports, à l'énergie, gel des chantiers publics, coupes budgétaires tous azimuts, etc.